La botte camarguaise, labellisée après la charentaise
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Alors qu’elle réalise désormais 90% de son activité en co-traitance, la maison de maroquinerie, presque centenaire, veut relancer sa marque éponyme, Philippe Serres. Une dynamique insufflée par la cinquième génération impliquée dans l’entreprise familiale, les frères Thomas et Pierre Serres, aux côtés de leur père.
Fondée en 1927, dans le Tarn, près de Toulouse par Adeline Maraval, la Maroquinerie Philippe Serres se développe depuis quelques années avec succès sous la houlette de l’arrière petit-fils de la fondatrice. Celui-ci a aussi donné son nom à la marque maison. À son acmé dans les années 2000, Philippe Serres était diffusée dans 400 points de vente en France. Mais la concurrence asiatique l’a heurtée de plein fouet. La société s’est alors concentrée sur la co-traitance, qui pèse désormais 90% de son chiffre d’affaires. Petite ou grande maroquinerie, son champ des possibles est large, avec des modèles plutôt classiques, du portefeuille au sac de voyage en passant par le sac, la pochette ou la sacoche. Des propositions nourries par le don d’observation, l’expérience et la maîtrise de l’équipe avec de nouvelles références injectées chaque année.
Au salon Who’s Next début septembre, où la société faisait son come-back après quinze années d’absence, c’est aussi la palette audacieuse de ses couleurs qui interpellait le visiteur. Jaune citron, vert pomme, rouge flamboyant, bleu roi, ces teintes vives, permises par le tannage au chrome, côtoyaient des nuances plus naturelles (marron, châtaigne…) obtenues via le tannage végétal.
La société peut ainsi répondre à « différents niveaux de gamme selon le cahier des charges de son client ». Avec à chaque fois une prestation artisanale sur mesure, parfaitement maîtrisée par sa quinzaine de salariés : de l’étude de croquis (remis par le donneur d’ordre ou personnalisé par ce dernier à partir des dessins internes de la maison) à la mise en production, en passant par le choix des matières, le montage et le contrôle qualité. La haute qualité de fabrication artisanale de son atelier, sans mécanisation, a séduit les grandes maisons parisiennes du luxe. Sa labellisation Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) n’est pas non plus pour déplaire à des donneurs d’ordre haut de gamme, au Japon et aux États-Unis. Car son parti-pris résolument français fait partie de son ADN. « Nous privilégions le circuit court », explique Thomas Serres, le fils de Philippe, en poste au commercial depuis plus de deux ans, après un séjour en Australie, son diplôme d’école de commerce en poche. « Nous nous fournissons principalement en France : nos cuirs de taurillon, vachette, veau et chèvre proviennent de la tannerie basque Rémy Carriat et de la mégisserie tarnaise Lieutard à Graulhet. » Parmi les spécialités plus rares, la maison a exhumé récemment des stocks dormants de cuir de… cerf pour les proposer en upcycling. Ils ont été utilisés, avec d’autres matières récupérées (comme des cuirs grainés de taurillon alliés à du PVC), pour la collection “New Design”, proposée à l’été 2021 sur la plateforme KissKissBankBank. Ces quatre modèles de sacs aux lignes épurées, déclinés en plusieurs coloris mais en séries très limitées, avaient été pensés pour coller à l’air du temps. Si la campagne de crowdfunding n’a finalement pas pu aboutir, les efforts fournis ont permis à la maison d’entamer une réflexion bénéfique pour rajeunir ses propositions.
Sa force est aussi d’avoir su perpétuer son savoir-faire. « Nous avons complètement inversé notre pyramide des âges. La moyenne d’âge à la production est désormais de 26 ans, poursuit Thomas. Il y a en effet près de chez nous une formation (CAP ou BAC Pro en maroquinerie) au lycée Riess de Mazamet, ce qui nous a permis d’accueillir des jeunes en alternance. Mais nous avons aussi recruté des personnes n’ayant pas de formation en maroquinerie mais douées de dextérité. »
De son côté, la marque Philippe Serres n’est désormais plus vendue que de façon confidentielle, sur le site internet et dans le show-room-boutique de l’entreprise, à son siège tarnais. Mais Thomas et son frère Pierre, qui effectue son alternance d’école de commerce dans l’entreprise familiale, comptent bien faire de nouveau rayonner la marque en France et à l’international. Le retour au Who’s Next, fréquenté par les multimarques du monde entier, entre dans cette stratégie. À l’export, le marché japonais, où la société est déjà présente via la co-traitance, est le premier en ligne de mire. « Nous nous intéresserons ensuite aux Émirats arabes unis puis aux États-Unis », annonce Thomas.
De quoi faire gonfler le chiffre d’affaires de la vénérable maison, après des années Covid de vaches plus maigres. Celui-ci oscillait, ces derniers temps, entre 600 000 et 800 000 euros. La période particulière que nous traversons a aussi permis à Philippe Serres de phosphorer en dehors de ses sentiers battus. L’an dernier, elle a ainsi fait aboutir un projet amorcé en 2017 : soit la mise au point, moyennant plusieurs heures de recherche et développement, d’une mallette pour les médecins et sage-femmes composée d’un cuir antibactérien et de rangements fonctionnels facilement nettoyables… Un produit certes moins glamour mais beau et utile et dans l’air du temps, lui aussi.
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Rédaction Sophie Bouhier de l’Ecluse
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