L/Uniform a dix ans

Les sacs d’usage et de métiers inspirent Jeanne Signoles, fondatrice de L/Uniform il y a dix ans.

La maison de maroquinerie, née à Carcassonne, se distingue par sa discrétion même et la sobriété de ses sacs, tous fonctionnels et personnalisables. Une recette gagnante pour L/Uniform, qui fête sa première décennie en 2025. À Paris, elle a marqué l’événement en dévoilant six collaborations originales ainsi qu’une exposition rétrospective. Elle invite aussi l’école Penninghen à scénographier à la rentrée ses magasins de Paris et de Tokyo.

Pratique au quotidien, la ceinture de Travail N°25 est en toile solide et cuir pleine fleur. Elle se personnalise et se porte de quatre manières différentes. 595€ prix boutique conseillé.

Autour de l’usage quotidien d’un sac

Jeanne Signoles, à l’origine de L/Uniform, est bordelaise et diplômée en économétrie. Les mathématiques la passionnent et orientent son début de carrière dans l’aéronautique puis les finances. La rencontre avec son mari lui fait découvrir un tout autre univers : celui du cuir, du savoir-faire maroquinier, du luxe discret. Alexandre Signoles travaille en effet chez Goyard, le plus ancien malletier parisien né en 1792 et racheté par son père en 1998. Jeanne Signoles change de cap, se forme à l’Institut Français de la Mode (IFM) et, en duo avec son mari, lance L/Uniform. D’abord en ligne, pour « limiter les prix et exprimer l’univers de la marque ». Le choix du nom n’est pas dû au hasard. « J’aime l’uniforme, précise Jeanne Signoles, qui a appris la rigueur dans son milieu scientifique d’origine. Sa coupe précise, la qualité des matières lui donnent une élégance atemporelle. Un uniforme qui vieillit reste beau. De la même manière, je veux que mes sacs gardent leur charme en se patinant au fil du temps. » L/Uniform voit le jour avec deux propositions, pratiques et élégantes à la fois, un chariot de courses et un cartable. Les modèles plaisent. La collection, peu à peu, se construit. Lentement mais sûrement, L/Uniform prend son envol.

La matière au premier plan

« Simple et beau, solide et utile. » Le credo de L/Uniform se révèle porteur. Jeanne Signoles a une vision claire, efficace, de la maroquinerie. La belle facture et le haut de gamme structurent sa démarche. L’atelier de production à Porto emploie aujourd’hui une trentaine de personnes. Pas de sigle ni d’élément décoratif distinctif… L/Uniform préfère donner le premier rôle à la matière. « Dès l’origine, il n’était pas question de faire de L/Uniform une marque de luxe, explique la créatrice. La toile était le seul moyen pour fabriquer des produits abordables par des artisans en Europe. C’est elle qu’on utilise dans les vêtements de travail qui nous inspirent. La toile est solide, légère, lavable. Elle s’assouplit au fil du temps. Elle est tissée, teinte, enduite en France et en Italie. » La marque propose deux versions : naturelle en coton/lin et colorée en 100% coton. Jeanne Signoles aime la couleur, elle ne s’en cache pas. À la tête de sa marque, elle en a fait un véritable outil de personnalisation, invitant le consommateur à décliner toile tissée, ganse, sangles, initiales dans la couleur de son choix. Le cuir est l’autre matière naturelle caractéristique de L/Uniform. Le cuir de veau borde les sacs, façonne aussi les poignées et la petite maroquinerie. Quant aux intérieurs des accessoires – petite maroquinerie et écrin à bijoux -, ils sont en cuir d’agneau ou de chèvre. « Le cuir apporte un supplément de solidité, un toucher confortable, un côté chic », souligne Jeanne Signoles.

Scandi zen : le studio d’architecture Halleroed a aménagé le vaisseau amiral de L/Uniform à Paris et le magasin de Aoyama à Tokyo - Photo © Ludovic Balay.

Mixte et intergénérationnel

Le design d’usage fait pleinement partie de l’ADN de la marque. L/Uniform a imposé son style en réinterprétant de manière très soignée une typologie de produits basiques qui ont fait leurs preuves : cartable, sac à dos, de sport ou de voyage, étui à lunettes, trousse de toilette… L’usage définit la forme, tandis qu’un numéro authentifie chaque modèle. Dans ce répertoire de l’utilitaire, chacun peut détourner à sa guise le volume hérité d’un cabas à commissions, d’une trousse à outils ou encore d’un vanity case. L’esthétique épurée et fonctionnelle a tout de suite séduit le consommateur japonais, sensible aussi au fait main, défendu par la maison. La première boutique japonaise a ouvert à Tokyo en 2019. Depuis, les corners se sont diversifiés dans la capitale nippone, à Kyoto, Osaka ainsi qu’à Hong Kong et Taipei. Dans la ville Lumière, L/Uniform est doublement présent, au Bon Marché et dans son flagship, ouvert quai Voltaire en 2023. Jeanne Signoles, avec le studio d’architecture suédois Halleroed, en ont fait « un lieu de découvertes », un écrin minimal et monochrome. Le bois, la pierre ou encore l’osier mettent en valeur les collections en toile et cuir. Des sacs et bagages, bien sûr, mais aussi des pièces lifestyle éclectiques, tels un porte gourde isotherme, un étui de guitare, un backgammon de voyage, des accessoires pour animaux domestiques…

Le sens de la collaboration

En dix ans, la marque a su nouer des liens créatifs avec des maisons – variées mais soigneusement choisies – partageant des valeurs communes. Le musicien et fondateur de la marque Fragment, Hiroshi Fujiwara, a ouvert la voie. L/Uniform a tour à tour conçu une valise cabine pour Bonpoint, une enveloppe à pain détournable en pochette avec le boulanger parisien Poilâne ou encore un sac à goûter dans le vert tendre de Ladurée. La collaboration avec l’Hôtel Costes a débuté en 2018. Elle se poursuit à l’occasion du dixième anniversaire de L/Uniform qui propose une série limitée, baptisée La Toile Blanche. Ce partenariat n’est pas le seul, bien au contraire. C’est précisément sous le signe des « projets collaboratifs à plusieurs mains, dans un esprit de dialogue et de transmission », que Jeanne Signoles a imaginé le festival L/Uniform dans sa vitrine rive gauche. Des rencontres, sont nés des produits atypiques : un porte yoyo avec le champion du monde de yoyo Hiroyuki Suzuki, un étui à cigarette pensé pour la seule cigarette de la journée en collaboration avec le photographe Philip Andelman, un kit dédié au thé matcha (Matchacologist), aussi un « « chausson de courtoisie » fabriqué par la marque Andante à Kyoto… Autant d’occasions pour L/Uniform d’exprimer autrement son savoir-faire artisanal. Le second semestre est tout aussi prometteur. La marque s’apprête à accueillir l’artiste coréen Kwangho Lee et l’école d’arts appliqués parisienne Penninghen. Du 20 août au 24 septembre, des étudiants de deuxième et troisième année en Architecture Intérieure, Communication, et Direction Artistique interprèteront, dans « un esprit ludique et moderniste », l’esthétique fonctionnelle de L/Uniform.

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Rédaction Nadine Guérin

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