Jeanneret, des chaussures modernes et modernistes

Le modèle unisexe est proposé du 36 au 46.

De l’architecture à la chaussure, il n’y a qu’un pas…que la jeune Elena Sarrazin franchit avec brio. Fondée cet été, sa marque, baptisée Jeanneret en hommage au célèbre architecte, lance son premier modèle en pré-commande. Avis aux amateurs des deux genres.
Une expérience en entreprise peut aussi être le point de départ d’un projet personnel. C’est comme cela que, tout en accomplissant ses missions chez ses employeurs avec application, Elena Sarrazin a nourri l’ambition de « proposer un produit éco-responsable sur toute la chaîne, original et créatif ». Après un Baccalauréat général et une Licence en économie et gestion, cette passionnée de chaussures s’est orientée vers la filière par une formation d’une année en stylisme modélisme chaussures à l’Institut Colbert à Cholet. « À l’issue, j’ai été recrutée par le fabricant JP Chaussurespour développer les collections féminines pour les grands comptes (Galeries Lafayette, Eram, La Redoute ou Monoprix), explique la créatrice. Mais j’ai aussi travaillé sur des capsules éco-responsables. Et j’ai alors constaté que, pour la chaussure de ville, l’offre écoresponsable était limitée et très intemporelle voire morne en termes de style ». Après un passage chez CWF (Chidren Worldwide Fashion) – qui exploite des licences chaussures pour enfants de marques haut de gamme comme Hugo Boss, DKNY, Carrément Beau ou Billieblush – afin de parfaire sa compétence, Elena Sarrazin revient chez JP Chaussures pour reprendre les collections des grands comptes mais aussi développer des marques propres. Un peu plus d’un an plus tard, en mai 2023, elle décide de lancer son projet qui lui tient tant à cœur.

Jeanneret propose un mocassin inspiré des lignes asymétriques et graphiques de l’architecture de Le Corbusier.

Une approche résolument écoresponsable

Pour démarrer cette aventure, elle regagne sa ville de Bordeaux, y suit un Master en entrepreneuriat à l’IAE de l’Université tout en posant les bases de son projet, administratives et financières. Elle effectue aussi ses premières recherches de matières et se rend à une évidence : « j’ai testé beaucoup de nouvelles matières, à base de raisin, de maïs, etc. Mais elles ne passent pas du tout les tests, et offrent une très faible résistance, comparativement au cuir. C’est donc avec cette matière noble que je peux mettre en œuvre mon projet ». Mais cette bientôt trentenaire sensible à l’environnement souhaitait un cuir aussi responsable que possible. Elle se tourne alors vers la société Adapta Paris qui donne une seconde vie aux stocks dormants provenant de marques de luxe. « Je valorise de la matière disponible dont, en plus, je sais qu’elle provient de tanneries certifiées Leather Working Group (LWG) », affirme-t-elle. Avant de poursuivre : « le gaspillage, en raison des marques de vie des peaux, est aussi un vrai défi à la durabilité. Près de 30% de la matière sont perdus. Pour minimiser les « déchets », j’ai voulu utiliser aussi les parties comportant des défauts pour les doublures ».

La pré-commande comme business model

Dans sa logique écoresponsable, Elena Sarrazin – accompagnée par Faire De Lance, le dispositif de mise en relation entre industriels français et porteurs de projets établis en France – collabore avec un fabricant français. « La société Joseph Malinge est une petite structure du Choletais en activité depuis 1889, entre les mains de la quatrième génération et labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) depuis ce printemps », précise la jeune entrepreneuse. Seules la semelle de marche et la première de montage sont achetées hors de France, à Alicante en Espagne. Afin d’optimiser sa production, Elena Sarrazin a opté pour le modèle en pré-commande. Un site internet a été créé et une première campagne de trente jours a débuté fin septembre, proposant un soulier au prix public de 375 euros. Avec des livraisons deux mois plus tard. Mais, par manque de notoriété, l’opération n’a pas rencontré le succès escompté. « Je prépare un événement physique durant un week-end en janvier prochain qui permettra au public de découvrir les produits, les essayer, les comprendre », annonce-t-elle. Ce pop-up store, prochainement annoncé sur les réseaux sociaux, devrait se tenir dans le quartier du Marais à Paris. Dans la foulée, une deuxième campagne de production sera lancée parallèlement à une communication soutenue.

Un modèle pointu

Pour l’instant, l’offre se limite à un seul modèle unisexe, dans des pointures allant du 36 au 46. Inspiré de l’architecture brutaliste d’Europe du Nord et, en particulier, de celle de Le Corbusier – dont la marque tire son nom, « avec des formes graphiques, asymétriques et anguleuses pouvant séduire des amateurs des deux sexes », ce mocassin est entièrement en cuir, avec tige et doublure en veau provenant des tanneries Haas et semelle en vachette de tannage végétale espagnole. Le dessin a été déposé à l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI). Et le confort n’est pas en reste, puisqu’il a été développé avec un formier de CTC. Gageons que cette approche, à la fois écologique, professionnelle et esthétique, saura séduire un public connaisseur et éclairé.

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Rédaction François Gaillard

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