Cradle to Cradle Products Innovation Institute, organisme de certification de produits responsables

Christina Raab, Présidente et Directrice Générale du Cradle to Cradle Products Innovation Institute.

Cradle to Cradle Products Innovation Institute oeuvre à promouvoir une économie circulaire en accompagnant les entreprises dans leur démarche éco-responsable, reconnue par une certification internationale. Rencontre avec Christina Raab, sa Présidente et directrice générale.

Quelles sont les valeurs de l’institut ?

La manière dont les entreprises conçoivent et fabriquent les produits aujourd’hui a un impact direct sur le monde de demain. Fondé en 2010, l’institut Cradle to Cradle (C2C) a établi un programme de certification donnant lieu à l’une des normes internationales les plus complètes, Cradle to Cradle Certified®. Elle permet de définir et reconnaître concrètement l’engagement d’une entreprise en matière d’économie circulaire. Ce standard scientifique, solution globale, évalue les performances d’un produit et vise à répondre aux objectifs de durabilité. C’est une démarche d’amélioration positive qui guide les industriels dans leur transition. Le but : créer un cercle vertueux à l’impact positif en transformant progressivement les modèles économiques et leurs process afin d’optimiser la chaîne de valeur. C2C permet le passage d’une économie linéaire (produire, consommer, jeter) à une économie circulaire (produire mieux, réutiliser, réduire la quantité de déchets) pour, in fine, préserver la planète et ses habitants. L’obtention du standard récompense les efforts des entreprises et apporte la preuve de leurs affirmations. Cet engagement est au cœur du Pacte vert pour l’Europe qui vise à rendre le continent climatiquement neutre d’ici à 2050.

Comment est décernée la certification ?

Contrairement à d’autres normes ou standards plus sectoriels, la démarche C2C se veut holistique. Elle porte sur la composition du produit, la traçabilité, le recyclage, la biodégradabilité, l’aspect social… Le standard repose sur l’analyse des produits selon des critères de performance essentiels à la santé de l’homme et de l’environnement dans cinq domaines : santé des matériaux, circularité des produits, pureté de l’air et protection du climat (énergies renouvelables, réduction des émissions nocives…), gestion de l’eau et des sols et équité sociale (respect des droits humains, du travail, diversité, inclusion…). Chaque critère se voit attribuer un niveau de certification – Bronze, Argent, Or et Platine -, par des organismes accrédités. Ces experts spécialisés réalisent les travaux d’évaluation et de vérification auprès des entreprises dans un but d’amélioration de leurs process. La procédure dure entre six mois et un an. Il est important que l’entreprise qui nous sollicite ait conscience que cette démarche aura des répercussions sur son organisation, sa supply chain… Nous la guidons dans le choix des produits et/ou fournisseurs à auditer. Une fois la certification actée, nous l’accompagnons dans sa communication.

Quels types d’entreprises vous sollicitent ?

Depuis plus de dix ans, plus de 600 sociétés sont engagées dans une démarche de certification. L’institut a délivré plus 1 000 certificats correspondant à près de 25 000 produits dans différents secteurs : mode, cosmétique, bâtiment, automobile, électronique grand public, ameublement, packaging… En France, l’intérêt pour la norme n’en est qu’à ses débuts, contrairement à l’Allemagne, aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni en Europe ou encore aux États-Unis. Aujourd’hui bon nombre de sociétés souhaitent s’appuyer sur ce standard pour aller plus loin dans leur politique d’innovation ; d’autres l’utilisent comme une base de départ pour s’engager dans une démarche durable. Pour mener à bien ce cheminement responsable, il est essentiel de s’interroger en amont de la conception du produit. Les services RSE nous missionnent même si dorénavant les demandes proviennent aussi des départements Design ou Achats/Approvisionnement.

Quels sont les secteurs les plus en pointe ? 

Le bâtiment et l’ameublement sont particulièrement engagés et représentent plus de la moitié des demandes. L’activité des cosmétiques est, elle aussi, mobilisée, suivie par le monde de la mode. L’industrie du packaging nous sollicite également de plus en plus. Parmi les entreprises et marques qui ont fait certifier certains de leurs produits figurent L’Oréal, YSL Beauté, Coty, Saint-Gobain, Schneider Electric, Bang & Olufsen, Napapijri, G-Star Raw, Ralph Lauren, C&A, Calvin Klein… De nouveaux marchés montrent leur intérêt pour la démarche : c’est le cas de l’automobile, de l’aménagement intérieur et des produits électroniques, répondant ainsi à la recherche de transparence des consommateurs de mieux en mieux informés et attentifs à la véracité des informations.

L'agent tannant wet-green® OBE, concentré végétal issu d'un extrait aqueux de feuilles d'oliviers, est certifié Or - Photo © Cradle to Cradle Products Innovation Institute.

Dans la mode et le cuir, quels produits arborent la certification C2C ?

Seule une marque de chaussures est à ce jour certifiée, niveau Bronze : il s’agit de la griffe danoise Roccamore dont certains modèles femmes de la collection Rainforest sont fabriqués en Toscane à partir de cuir à tannage végétal biodégradable à 80% en six mois, et à 99% en un an. Tous les matériaux sont traçables, son process s’attache à fortement réduire les émissions de CO2 et à utiliser le plus possible d’énergies renouvelables. La filière cuir ne représente encore qu’une faible part des demandes de certification même si les requêtes de tanneries se multiplient. La certification porte uniquement sur les peaux provenant d’animaux élevés pour leur viande. Les peausseries exotiques n’entrent pas dans la procédure. Smit & Zoon, fournisseur de produits chimiques pour l’industrie du cuir, commercialise, via sa marque Nera, un agent de tannage alternatif, sans chrome, métaux ni aldéhyde, Zeology, qui est certifié Platine. L’agent tannant wet-green® OBE, concentré végétal issu d’un extrait aqueux de feuilles d’oliviers, est, lui, accrédité Or. Les matériaux émergents sont également concernés. Ainsi Bananatex®, une matière textile composée à 100% de fibres d’abaca, un bananier cultivé aux Philippines dans une foresterie durable, a mis au point des colorants certifiés Or.

Comment le programme est-il financé ?

Les entreprises qui font appel à notre institut s’acquittent de droits de licence, telle une redevance, de frais de démarche d’évaluation et d’une cotisation annuelle (proportionnelle à leur chiffre d’affaires). Par ailleurs il dispose d’une académie en ligne qui organise des formations. Organisation à but non lucratif, Cradle to Cradle Products Innovation Institute est également soutenu par différentes fondations et organismes publics. Les niveaux de certification doivent être renouvelés tous les deux ans, ce qui incite les entreprises à s’impliquer dans leurs démarches d’amélioration continue afin d’accéder au palier supérieur. D’ailleurs le premier niveau n’est acquis que pour quatre ans maximum, l’objectif étant bien évidemment que les structures fassent évoluer leurs procédures.

En juillet 2021, la quatrième version du standard a été lancée. Quelles ont été les principales évolutions ?

La gestion des sols a fait son apparition dans cette dernière mouture.  Notre norme scientifique s’appuie sur les derniers travaux et développements dans le domaine de la recherche et de l’innovation. Elle nécessite d’être régulièrement actualisée en fonction de l’évolution des règlementations notamment ou encore lors de l’apparition de nouvelles substances.

Inscrivez-vous à la Newsleather pour recevoir nos articles à votre rythme et selon vos préférences de thématiques.

Rédaction Laëtitia Blin

j'AIME
TWEETER
PIN IT
LINKEDIN

Consultez
les derniers articles
de la rubrique

Quitter la version mobile
Fermer