LA COMMUNICATION GOUVERNE LE MONDE
Au lendemain du G7 à Biarritz où 32 multinationales engagées, présentaient leur Fashion Pact, un nouveau chapitre s’ouvre pour la filière mode et luxe. Lundi, Agnès Pannier-Runacher, Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Économie et des Finances, soulignait que l’action de son ministère ne peut être décorrélée de celle du ministère de l’Écologie pour relever les défis du climat, de la pollution portant atteinte à la planète, la faune et la flore. Pourquoi importer des marchandises qui polluent davantage ? Porter atteinte à l’écologie ? Tuer nos propres filières de production ?
Si le consommateur peut en une minute décider de consommer autrement, les entreprises sont les mieux placées pour trouver des solutions alors que les pouvoirs publics sont là pour poser les ambitions. Désireux d’améliorer le modèle environnemental et social, de maintenir une concurrence loyale, le gouvernement fait de la surtransposition de la réglementation européenne une priorité politique. Éclairer les industriels sur les normes et ambitions exigées au niveau de l’Europe notamment via la Responsabilité Élargie au Producteur (REP) c’est bien, mais « il faut pouvoir les accompagner, leur donner du temps et un support financier pour effectuer cette transformation. Les entreprises françaises, confrontées à la compétition mondiale, peuvent donc attendre des mesures de simplification au travers de la loi PACTE », soulignait la Secrétaire d’État. Aussi, Cotance, organisation fédératrice de l’industrie de cuir représentant plus de 90% de la production en Europe, s’engage à accompagner ces entreprises sur les 17 objectifs du Fashion Pact. Bientôt le guide sur l’impact environnemental rédigé avec la Commission sera disponible sur le site euleather.com mais comme le rappelle le Secrétaire Général de Cotance, Gustavo Gonzalez Quijano, « la traçabilité est une chose, la transparence en est une autre et il reste encore du chemin à faire pour délivrer les informations aux consommateurs ».
LE GREEN DEAL EUROPÉEN
L’Union Européenne s’est penchée sur le sujet de la RSE dès 2001. Elle définit la Responsabilité Sociétale des Entreprises comme la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu’elles exercent sur la société, l’éthique, le respect des droits de l’homme. Les enjeux de la RSE tels que définis pour les Industries de la Mode, rappelait Anna Athanasopoulou, Directrice du Tourisme et des industries Émergentes et Créatives à la Commission Européenne, s’axent sur la capacité à innover, et prospérer dans la transition durable. Alors comment travailler ensemble pour faire d’un défi en opportunité ? Comment améliorer la compétitivité de l’Europe et engendrer le leadership ?
Depuis 2011, plus de 200 initiatives RSE sont soutenues par l’Europe. Une approche qui se veut non restrictive, et encourage le droit à l’initiative, au cœur de l’ADN des entreprises. Entre mesures volontaires et réglementaires, de nombreuses actions peuvent soutenir cette chaîne de valeur amont-aval des plus complexes, visant à favoriser l’emploi, l’automatisation, les bonnes conditions de travail, la traçabilité (mise en place de bases de données et outils d’approvisionnement durable avec l’OCDE), la transparence et la réduction de pollution de l’eau, de l’air, des produits chimiques… que ce soit au niveau des multinationales comme des PME.
LA RSE MOTEUR DE COMPÉTITIVITÉ
En 2017, le Cabinet Mazars menait une étude sur le luxe éthique, fondement de la filière mode et les nouveaux business models d’entreprises émergeant de la RSE (dont 112 entreprises de tailles et segments de marchés variés : joaillerie, fourrure, cuir…). La RSE est devenue essentielle sous la pression du consommateur qui donne le LA et influence les pratiques en matière de durabilité et d’innocuité, de traçabilité et de transparence, sujets de plus en plus prégnants. La France répond à la réglementation Reach sur les produits chimiques, et les grandes entreprises (+ 5000 salariés en France, 10000 à l’international) à la loi sur le devoir de vigilance. De cette étude, la thématique du développement de l’ancrage territorial ressort fortement. L’artisanat, la pérennité des métiers et le lien au territoire contribuent largement à la valeur ajoutée des articles. Les labels, ou définitions de référentiels collectifs, rassurent le consommateur. Par ailleurs, la réflexion économique autour des nouveaux procédés de transformation prend de l’ampleur : produits chimiques (dont chrome), retraitement des eaux, innocuité pour l’humain et l’environnement. Enfin, à l’aube du projet de loi sur le gaspillage, les attentes ont évolué quant au recyclage. Nous ne pouvons plus détruire les produits sous prétexte de rareté alors les grands groupes de luxe explorent d’autres filières pour donner une seconde vie à leurs produits.
LES COLLABORATEURS : CLÉS DE LA CONDUITE DU CHANGEMENT
C’est la première fois lundi que Christelle Capdupuy, Directrice du Développement Durable de Louis Vuitton s’exprimait publiquement pour témoigner de l’engagement RSE de l’entreprise.
Parmi les chantiers environnementaux prioritaires du géant du luxe en 2019 :
– La biodiversité ou le sourcing de chaque matière première sur une base de certifications précises en collaboration avec le Leather Working Group (LWG).
– Les audits sociaux et environnementaux sur site, une coopération avec les fournisseurs.
– La lutte contre le changement climatique notamment grâce à la constitution d’un fond d’investissement carbone afin de réduire les émissions, un projet de « relamping » ou lampes à faible consommation d’énergie dans tous les points de vente, des défilés éco-conçus, qui grâce au concours des équipes et prestataires, ont permis de revaloriser 99% des matières utilisées…
Non sans rappeler les difficultés de mise en œuvre d’une démarche RSE globale, la maison mise sur ses collaborateurs, structurés autour de feuilles de route, tenant compte des spécificités locales (concrètement le don de temps au sein d’associations par les salariés États-Uniens par exemple).