Camille Fournet investit dans un nouvel atelier de sous-traitance en Picardie

L’expertise de Camille Fournet en matière de petite et grande maroquinerie, sa maîtrise des cuirs nobles et son alliance entre artisanat et industrie séduisent les donneurs d’ordre - Photo © Kinuko Asano.

Le spécialiste des bracelets de montres et sacs en cuir investit dans l’extension de sa manufacture historique, basée en Picardie. Il pourra ainsi à la fois répondre aux commandes en hausse de ses donneurs d’ordre du luxe pour la maroquinerie et élargir la diffusion de sa marque propre à l’export.

Camille Fournet compte recruter 150 salariés supplémentaires d’ici deux ans au sein de son site historique de production de Tergnier, près de Saint-Quentin (Aisne).

Sous-traitance

Depuis sa fondation en 1945, puis son rachat en 1994 par son actuel dirigeant, Jean-Luc Déchery, Camille Fournet a réussi à faire rayonner en France, mais aussi à l’international, sa propre marque de bracelets de montres, maroquinerie et accessoires en cuir haut de gamme. Mais si son nom est connu des amateurs de beaux produits en cuir, Camille Fournet sait aussi se montrer plus discret à propos de sa deuxième activité, amorcée fin 2021 (après le démarrage, historique, dans les bracelets de montre pour l’horlogerie suisse) : la façon en maroquinerie pour de grandes maisons de luxe françaises. Et dont elle tait jalousement les noms, tenue par des accords de confidentialité.
Une porte-parole de la maison révèle cependant que c’est parce qu’elle a besoin « de plus d’espace pour répondre aux demandes de la sous-traitance de maroquinerie de luxe et continuer de développer la croissance de la marque Camille Fournet » qu’elle vient d’investir 7 millions d’euros dans un nouvel atelier sur son site de production historique à Tergnier, près de Saint-Quentin (Aisne). Les travaux réalisés feront ainsi passer la surface de l’usine picarde de 7 000 m2 à près de 10 000 m2, avec une extension mise en service à partir de décembre 2024. Alors que l’entreprise fabrique aujourd’hui 450 000 bracelets et 50 000 sacs par an, son objectif est « de doubler la production de sacs dans les cinq prochaines années », dévoile Jean-Luc Déchery. Avec, à la clef, une croissance du chiffre d’affaires de la sous-traitance maroquinerie. Cela demande bien sûr aussi de nouveaux moyens humains. Alors qu’elle emploie 325 personnes sur son site de production et dans ses six filiales commerciales en Suisse (La Chaux-de-fonds), aux États-Unis (New York), en Chine (Pékin et Shanghai) et au Japon (Tokyo), Camille Fournet compte ainsi embaucher 150 salariés supplémentaires en production d’ici deux ans. Une quarantaine de recrutements a d’ores et déjà été réalisée. « Nous recrutons localement autour de Tergnier, une ville de 15 000 habitants située dans une région où le taux de chômage est élevé. Nous formons en interne le personnel au métier de maroquinier pour répondre aux exigences élevées de notre clientèle », explique Jean-Luc Déchery sur les pages d’actualité du site internet du Crédit Mutuel Equity. Aux côtés de Turenne Capital Groupe, ce fonds vient en effet d’entrer début 2024 au capital de la société, remplaçant un précédent pool d’actionnaires minoritaires « afin d’accompagner sa stratégie de diversification et son implantation sur de nouveaux marchés à l’international ».

Camille Fournet, qui fabrique 50 000 sacs par an, entend doubler cette production dans les cinq prochaines années - Photo © Kinuko Asano.

Artisans et formation interne

Pour faciliter la bonne adéquation entre le profil de ses nouveaux salariés et la culture de la maison, Camille Fournet cherche avant tout à « séduire des artisans attirés par le produit, la matière, l’exigence des articles d’exception… », explique la porte-parole. Pour y parvenir, l’entreprise fait appel à « France Travail et aux différents réseaux d’emploi, aux forums… ». Conscient, malgré tout, de la difficulté de l’exercice, Camille Fournet indique mettre en place « des atouts et moyens » pour attirer de nouveaux salariés et ensuite les fidéliser. La formation, en interne, dure « de 3 à 18 mois selon les métiers ». Elle est assurée dans la manufacture par « les salariés présents dans la maison depuis très longtemps ».
De façon générale, c’est l’expertise de Camille Fournet en matière de petite et grande maroquinerie, sa maîtrise des cuirs nobles, bovins ou exotiques, son alliance entre artisanat et industrie (la maison privilégiant la couture main et la coupe manuelle, même si elle recourt aussi à des machines pour certains produits) qui intéressent les donneurs d’ordre. Ceux-ci apprécient aussi son contrôle abouti de la chaîne d’approvisionnement et de la traçabilité, en particulier pour les cuirs exotiques sourcés dans des fermes de Louisiane, dans le respect de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) de Washington. Un sujet de plus en plus sensible, surtout auprès des jeunes générations.
Son nouvel atelier permettra également à Camille Fournet d’accroître la fabrication de produits sous sa marque, destinés à l’export. La maison compte ainsi attaquer le marché américain, où elle n’est pas encore distribuée, avec l’inauguration d’un premier point de vente dans un department store à New York en 2025.

Empreinte accrue à l’export

La maison française souhaite par ailleurs appuyer son empreinte au Japon, où elle est particulièrement prisée pour son savoir-faire artisanal et sa French touch. Dans l’archipel nippon, où elle a ouvert son premier magasin en 2016 à Tokyo, puis un deuxième à Osaka, Camille Fournet est déjà diffusée dans cinq corners de grands magasins (notamment chez Isetan, à Tokyo, Osaka et Kyoto). Alors qu’elle vient de racheter sa filiale fin 2023, l’entreprise envisage d’y ouvrir de nouveaux points de vente en 2025. En Asie, Camille Fournet possède aussi deux magasins en Chine, à Pékin et Chengdu. Et à plus ou moins longue échéance, elle vise d’autres marchés comme la Corée du Sud ou Dubaï.
De quoi encore alimenter sa croissance, déjà soutenue depuis 2018, avec un rythme annuel de 6 à 10%. En 2023, la maison a ainsi réalisé un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros, dont 80% à l’export.

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Rédaction Sophie Bouhier de l’Ecluse

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