Un chausseur sachant chausser

La boutique Rieker à Lille est l’un des huit magasins dirigés par Anne-Claire et Romain Flandrin.

Dans un contexte économique délicat, Chauss-Tex tire son épingle du jeu. Avec pour fer de lance le confort, argumenté par une compétence convaincante, le chausseur nordiste perpétue une histoire cinquantenaire.

Affaire de famille

Aujourd’hui mise à mal par une concurrence tous azimuts et un bouleversement des modes de consommation, la survie des détaillants indépendants dépend plus que jamais de leur réputation reposant elle-même sur un historique rassurant et une solide compétence. Deux atouts que l’entreprise nordiste Chauss-Tex possède assurément. Fondée dans les années 1970 et spécialisée dans la fabrication de chaussures, elle s’est convertie à la distribution dans les années 1990 d’abord en gros puis, rapidement, au détail au début des années 2000. Reprise en 2019 par l’arrière-petite-fille du fondateur Anne-Claire Flandrin et son mari Romain, elle compte aujourd’hui huit magasins dans le Pas-de-Calais, un sous le nom de Chauss-Tex à Lillers, cinq sous l’enseigne Arbell à Aire-sur-la-Lys, Béthune, Hesdin, Noeux-les-Mines et Saint Pol-sur-Ternoise, un autre baptisé Empreinte à Hazebrouck et une boutique affiliée Rieker à Lille depuis mars dernier. Des localisations « particulièrement étudiées », explique Romain Flandrin, Responsable de la Gestion et du Marketing de l’entreprise tandis que son épouse se concentre sur l’offre. Six points de vente sont situés en centre-ville et deux en centres commerciaux. « Dans les années 2010, mon beau-père est monté en gamme et s’est orienté vers une offre bien-être pour laquelle nous sommes encore reconnus aujourd’hui, déclare le dirigeant. Notre clientèle recherche une écoute, un conseil et nos vendeurs sont formés pour l’accompagner lors de l’achat. »

Magasin Chauss-Tex à Lillers.

Le créneau du confort

Une quarantaine de marques chaussent hommes, femmes et enfants, exceptées dans les boutiques de Béthune, Hazebrouck et Lille qui se consacrent aux deux derniers rayons. Avec un tropisme pour les marques allemandes. Un socle de dix à quinze marques est commun aux différentes boutiques parmi lesquelles Mephisto, Rieker, Dorking, Laura Vita, Geo Reino, Ara, Caprice, Kickers, Arima, Tamaris, Fluchos ou Pikolinos. Positionnées moyen de gamme, les sélections varient selon la localisation et la zone de chalandise. « Nous avons perdu le sport il y a plusieurs années et l’entrée de gamme est tenue par les grandes chaînes, explique le gérant passé par le secteur bancaire pendant une dizaine d’années. Le confort est l’univers qui s’en sort le mieux chez les détaillants indépendants. » Le chiffre d’affaires annuel, dont 60% proviennent du rayon féminin, 20% du masculin et 20% des enfants, varie entre 2 millions et 2,5 millions d’euros. « Nous sommes revenus au niveau d’avant Covid. Le rayon enfant est compliqué car les prix sont relativement élevés et les enfants sont surtout intéressés par les baskets », précise notre interlocuteur.

Intérieur de la boutique Arbell à Aire-sur-la-Lys.

Le cuir comme allié

« Le cuir est central dans notre offre. Dans l’esprit de nos clients, il est associé à la qualité et souvent synonyme de fabrication européenne à laquelle ceux-ci sont très attachés. Et nos conseillers de vente sont formés pour le mettre en valeur, expliquer sa durabilité, sa souplesse, sa respirabilité, son chaussant, son entretien, indique le trentenaire. Nous proposons aussi des modèles en synthétique, pour des raisons de prix ou d’idéologie. » Afin d’assurer à son personnel la connaissance du cuir, Chauss-Tex peut compter sur la Fédération des Détaillants en Chaussures de France (FDCF)dont elle est adhérente depuis plus de trente ans. « Les formations de la fédération sont idéales pour initier ou parfaire ses connaissances sur le cuir, affirme Romain Flandrin. Je suis membre de la Commission Sociale et de la Commission Fédérale depuis deux ans. Cela me permet de suivre les actions sur le marché national, de défendre la profession auprès des politiques et également d’apporter des idées nouvelles sur le commerce. »

Boosteur de confiance

« Depuis 2019, nous communiquons beaucoup plus, sur les réseaux sociaux et dans les médias locaux ou auprès des influenceurs. Mais nous nous employons aussi à fidéliser la clientèle avec un chèque de fidélité tous les six mois pour la faire revenir en boutique lors de la réception de la nouvelle collection », souligne le professionnel. Le site web de l’entreprise ne représente que 2% de l’activité et a surtout pour mission de lui donner de la visibilité sur la toile. « Depuis la fin de l’année dernière, nous ressentons une crainte chez les consommateurs, un manque de foi en l’avenir et moins d’envie de se faire plaisir », confie-t-il. Charge au détaillant de lui redonner confiance. C’est aussi pour cela que les consommateurs se déplacent en boutique et recherchent le contact humain.

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Rédaction François Gaillard

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