T’Rhéa : le développement durable, la qualité et la préservation des territoires, jusqu’au cinquième quartier

Pour T’Rhéa, s’inscrire dans une démarche RSE engagée semble découler du bon sens que l’on attribue proverbialement au monde paysan. Le groupe, fondé dans les années 90 par René Imbert et réuni depuis 2020 sous la bannière de cette nouvelle holding, s’est spécialisé dans la production et la distribution de viandes françaises de qualité, proposant à un large public des produits de terroir, dans une démarche vertueuse et novatrice.
En intégrant verticalement ses activités en amont, T’Rhéa garantit l’origine de ses produits, s’investissant dans l’élevage local tout en développant ses pôles historiques d’abattage, de conditionnement et de distribution de viande française. Cette maîtrise et cette traçabilité constituent des atouts majeurs également en aval, lors du traitement du cinquième quartier, l’entreprise ayant investi considérablement dans le traitement et la vente de peaux salées, répondant aux demandes des clients les plus exigeants.
Marie Gabriel, Responsable Cuirs et Peaux Bruts, et Lucas Hurstel, Responsable RSE de T’Rhéa, ont bien voulu partager avec nous les axes de leur stratégie RSE en la matière.

Vaches Limousines TRhéa
T’Rhéa s’est spécialisé dans la production et la distribution de viandes françaises de qualité, proposant à un large public des produits de terroir, dans une démarche vertueuse et novatrice.

Un approvisionnement responsable local

C’est dans le bassin allaitant français que T’Rhéa place le cœur de son activité, s’ancrant en Bresse, en Corrèze et dans le Périgord, terroirs riches de races bovines et ovines labellisées. Privilégiant un travail de proximité et faisant le pari d’un approvisionnement responsable dans les 200 kilomètres autour de ses installations, le groupe soutient la production locale française extensive en prairie et écoresponsable.
Dans cette perspective, T’Rhéa opère un maillage du territoire en lien étroit avec éleveurs, coopératives et négociants, allant jusqu’à intégrer la production pour pouvoir garantir la durabilité et la pérennité d’un approvisionnement essentiel. Marie Gabriel nous explique comment l’entreprise a réalisé des investissements importants dans ces régions porteuses de races recherchées autant pour la viande que pour leurs cuirs, rencontrant une forte demande aussi bien en France qu’en Europe.
Un exemple concret de cette approche est la ferme Terres de Crecoli, créée en 2015 sur le plateau de Millevaches où des bovins de race Limousine sont élevés dans des conditions optimales. Cette initiative renforce la stratégie de maîtrise de la valeur de l’entreprise en évitant les intermédiaires tout en contribuant à la préservation de la souveraineté alimentaire en évitant le transport des animaux à l’étranger. La proximité des sites réduit également le stress des animaux et facilite la traçabilité de leur origine. Lucas Hurstel renchérit : « Pouvoir dire quel éleveur a produit telle viande est pour nous une grande fierté ». Une traçabilité optimale qui s’étend aux peaux préparées par l’entreprise.

Vaches Montbéliardes TRhéa
T’Rhéa opère un maillage du territoire en lien étroit avec éleveurs, coopératives et négociants, allant jusqu’à intégrer la production pour pouvoir garantir la durabilité et la pérennité d’un approvisionnement essentiel.

La traçabilité au service de la qualité

T’Rhéa s’est doté d’un système mécanique de marquage des peaux par QR code, permettant un suivi individuel pouvant servir de base pour le marquage laser développé par CTC. Un engagement prisé par les partenaires tanneurs et mégissiers, mais aussi un outil d’amélioration qualitative permettant des retours précis sur l’état de la fleur à l’arrivée dans les entrepôts. Le groupe se distingue par son engagement à couvrir l’amont de la filière en travaillant en collaboration avec les acteurs de chaque maillon de la chaîne et en s’impliquant dans l’amélioration des pratiques, notamment en ce qui concerne la bientraitance animale et le soin apporté au vivant.
Marie Gabriel s’investit sur le terrain auprès des éleveurs dans un échange autour des conditions d’élevage. « La matière cuir, c’est un éleveur qui la produit et on doit considérer que, depuis la viande jusqu’au cinquième quartier, on doit s’entendre sur tout. » Une proximité qui paraît évidente dans une entreprise où les « commerciaux viande » ont pris l’habitude de nouer des liens solides avec les éleveurs, mais qui reste rare dans le secteur des peaux. La Responsable Cuirs et Peaux Bruts souligne que, dans un contexte de marché plus contracté, l’exigence de qualité des tanneurs a augmenté. « S’assurer de la qualité des peaux que nous recevons, c’est s’assurer de la possibilité de les vendre dans leur intégralité. » Un enjeu essentiel pour l’entreprise qui opère avec la plupart des tanneries françaises ainsi qu’avec des partenaires européens, en direct ou via des négociants. D’ici fin 2023, le site unique de Thiviers regroupera toutes celles collectées à destination des tanneurs et permettra une gestion de masse et une rationalisation des flux en les catégorisant en fonction de leurs différents attributs (sexe de l’animal, race, poids de la peau…) et de leur qualité.

Peaux salées TRhéa
La traçabilité optimale s’étend aux peaux préparées par l’entreprise.

Les ressources humaines au cœur de la transition

Une qualité fruit d’un travail collectif. L’entreprise s’implique aussi bien dans le développement des compétences que pour le bien-être au travail, dans un secteur où celui-ci peut s’avérer difficile. La mécanisation de certains travaux pénibles, tels que le salage et le dessalage des peaux, améliore le confort des opérateurs. Des recherches autour d’exosquelettes sont par ailleurs menées et T’Rhéa a beaucoup investi pour apporter des solutions concrètes afin de continuer à attirer une main-d’œuvre qualifiée. Des qualifications qui passent aussi par la formation et le développement d’une véritable « culture cuir », qui prolonge celle de la viande, déjà bien ancrée dans l’entreprise. Marie Gabriel sollicite pour cela régulièrement le CTC à Lyon. Les moniteurs de la Fédération Française des Cuirs et Peaux font des interventions pluriannuelles, permettant de donner du sens aux pratiques en acquérant une meilleure compréhension du cycle de vie des peaux grâce, par exemple, à des visites de tanneries. Cette mise en perspective et cette ouverture s’intègrent parfaitement dans le vaste projet de transition de T’Rhéa, matérialisé par son engagement au sein de la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC). Lucas Hurstel, conjointement à l’un des directeurs du site des Ateliers situé à Saint-Martin-de-Crau, prend part à des sessions de formation/action, pilotées par des experts. Un parcours riche permettant d’aborder concrètement les étapes d’une transformation ambitieuse vers plus de durabilité, et de développer une feuille de route détaillant les engagements et actions à mener sur le long terme.

Veaux charolais TRhéa
T’Rhéa place le cœur de son activité dans le bassin allaitant français, en Bresse, en Corrèze et dans le Périgord, terroirs riches de races bovines et ovines labellisées.

Élaborer un plan d’action climat

La gestion des ressources est un enjeu majeur de cette transition. Les sites d’exploitation de T’Rhea sont classés ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement), ce qui impose le respect d’un grand nombre de normes environnementales. L’utilisation de l’eau est extrêmement contrôlée et les sites concernés sont, par exemple, équipés de stations de prétraitement réglementaires.
L’entreprise a commencé à suivre et piloter l’ensemble de ses ressources en centralisant les remontées d’informations. Une première étape avant l’objectif futur d’analyse du bilan carbone de chaque filière. Des tests prometteurs ont été effectués sur le site de Bourg-en-Bresse, Viandes de Bresse, mais il convient de prendre le temps avant de déployer une méthodologie qui pourrait s’avérer contre-productive sur les autres sites. Un travail mené conjointement avec l’ADEME (Agence de la transition écologique) dans le cadre du programme ACT (Assessing Low-Carbon Transition) créé par l’agence, et qui doit permettre l’élaboration d’un plan climat plus cohérent aux côtés d’autres entreprises du secteur de l’agroalimentaire français.
Pour les deux spécialistes, l’important reste de pouvoir progressivement intégrer ces questions auprès des partenaires commerciaux, dans un esprit de dialogue et d’accompagnement, y compris en s’appuyant sur la force des différentes fédérations. L’accent doit être mis sur le caractère proactif et vertueux d’une filière parfois attaquée qui, outre rôle majeur dans la défense de la souveraineté alimentaire, représente un atout essentiel pour le maintien de la biodiversité et d’une économie rurale menacée.
Une filière consciente qu’il y a un véritable enjeu à mettre en lumière son rôle primordial dans les débats autour de la sobriété en démontrant la valeur sociale et environnementale des peaux qu’elle met sur le marché.

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Rédaction Hélène Borderie
Photos © T’Rhéa

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