La liberté et la passion, l’alchimie du Festival de Hyères selon Jean-Pierre Blanc
Lorsqu’il initie en 1985 la première édition d’un festival de mode dans sa ville, Jean-Pierre Blanc fait un pari un peu fou, celui de promouvoir des ...
Designer auréolé de plusieurs Grands Prix dont celui de la Création de la Ville de Paris en 2005 et de la Design Parade à la Villa Noailles en 2017, Sébastien Cordoléani a collaboré avec de nombreux éditeurs. Depuis 2016, il conçoit sous la marque Archipel des sacs aux lignes pures et réalisés sans coutures dans des cuirs à tannage végétal. Ses créations sont le fruit d’une réflexion menée sur les matériaux nobles associée à un savoir-faire dans la réalisation d’ouvrages manufacturés à la main.
Je me suis formé au métier de Designer Industriel à l’ENSCI, Ateliers Saint-Sabin à Paris. J’ai travaillé avec l’industrie mais majoritairement avec des ateliers spécialisés dans les matériaux naturels tels que le bois ou le cuir. Lorsqu’on me demande aujourd’hui de définir ce que je fais, en général, je réponds que je fais des sacs, je ne réponds pas « Designer » ou « Maroquinier ». L’influence de mon métier de designer se ressent bien entendu dans le dessin de mes sacs, qui est assez radical et très minimaliste. Le fait qu’il n’y ait pas de coutures et qu’ils soient façonnés dans une seule pièce de cuir, par pliages, signe aussi mon approche personnelle du sac, liée à mon parcours.
L’idée des sacs Archipel est née alors que j’avais été invité en résidence sur l’Isola Comacina, au bord du lac de Côme. J’expérimentais alors la création d’objets avec du synderme, très épais, issu de cuir recyclé. Je cherchais en vain depuis longtemps un sac de voyage simple et épuré, j’ai saisi cette occasion pour en imaginer un. Le synderme est en général utilisé pour réaliser des triplures dans des sacs ou des chaussures. De par sa rigidité, il se prêtait totalement à une réalisation par pliages. J’ai essayé dans un premier temps de créer des angles aigus en les marquant, mais cela était assez laborieux. L’idée de garder ce volume façonné à la main, qu’il serait d’ailleurs très difficile à modéliser en 3D, et de tenir le tout grâce à l’anse qui traverse le fond du sac, s’est vite imposée à moi. C’est trois ans plus tard, en 2016 que la marque est vraiment née. En 2017, j’ai été sélectionné pour faire partie du programme Au-Delà du Cuir, qui m’a aidé à la développer.
L’absence de coutures, alliée à la technique de pliage fait partie intégrante de l’ADN d’Archipel, de même que l’utilisation de cuirs épais en tannage végétal, qui m’offrent la plasticité et la main dont j’ai besoin. Par ailleurs le choix du mot « Archipel » a une résonance importante pour définir ma marque. Tout d’abord, le projet est né sur une île et le sac évoquait évidemment le voyage. Par ailleurs, j’y entendais un jeu de mots qui faisait sens autour de la peau et de l’architecture, de la structure. Enfin, depuis la création de la marque, j’ai une idée vraiment centrale qui est de développer des îlots de typologies d’objets, dont le sac n’est qu’une partie. Une île dans un archipel. Je souhaite développer à terme d’autres projets, qui en réalité sont déjà dessinés et même prototypés pour certains, autour d’objets usuels, mais j’attends que ma marque ait acquis plus de maturité. La mention de « Paris », accolée au nom de ma marque, est très importante pour moi. Ce n’est pas une posture, je voulais que mes sacs soient non seulement imaginés, mais aussi réalisés à Paris. Tous les artisans et fournisseurs avec lesquels je travaille sont situés autour de la place de la République, grand quartier historique du cuir à Paris, qui comptait beaucoup d’ateliers de chaussures et de maroquinerie. Si mes sacs sont désormais découpés par un atelier situé dans l’Indre, grâce aux emporte-pièces fabriqués à Paris par Emporte Pièce du Marais Nouveau, je les assemble et les mets toujours en forme dans mon atelier parisien.
J’utilise un cuir tanné végétal provenant de Toscane, issu de peaux de bovins français, que j’achète chez Chadefaux. Il est épais, présente un caractère unique et se patine lentement au contact de la peau de son propriétaire. Je continue aussi en parallèle à travailler le cuir recyclé sur certains modèles tels que le cabas et le petit sac N°1.
J’admire l’œuvre de Jean Prouvé ainsi que son parcours. En créant ma marque j’ai gardé à l’esprit cette idée du designer dirigeant ses propres ateliers. C’est une démarche qui me parle et vers laquelle je tends avec Archipel, en intégrant l’atelier de conception à celui de production. Les typologies d’usage d’un objet m’offrent des pistes de réflexion importantes. Quand j’ai conçu la fermeture par rabat de mon sac, je me suis inspiré d’un bouton simple à vis monocylindrique que j’avais trouvé chez Poursin, un très ancien fabricant de bouclerie et d’articles métalliques destinés à la maroquinerie et la sellerie. Pour mon sac je cherchais un bouton de fermeture qui ne ressemblait pas à un bouton de col, cette bille sur un cylindre, souvent utilisée en petite maroquinerie. Je ne voulais pas non plus de fermeture magnétique ou par pression. Je cherchais quelque chose de beaucoup plus simple et qui en même temps ait un impact visuel plus fort. Ce choix a été vraiment fondateur dans le développement de ma marque, il a conditionné le geste de fermeture du sac et le dessin de la languette. Je ne voulais pas la perforer, j’ai décidé que les deux boutons la retiendraient de chaque coté et qu’il faudrait légèrement la plier pour l’ouvrir et la fermer. J’ai créé par là un nouveau geste, car les clients sont assez peu habitués à manipuler ainsi leurs sacs, à toucher autant le cuir.
« J’aime tester et faire tester mes nouvelles idées avant de les proposer aux clients. Je viens de sortir une ligne de petite maroquinerie que j’utilise moi même depuis un certain temps. J’ai aussi développé une gamme dédiée au voyage, nommée « Escape », composée de sacs photos et de sacs de voyage : un « weekender » et un sac à porter en travers du corps.
Je propose désormais mes sacs dans une nouvelle matière, un peu en contrepied au cuir à tannage végétal, pour les clients qui souhaitent un rendu plus lisse et stable dans le temps. C’est un cuir à fleur corrigée qui est déperlant et a un effet verni. Il est aussi un peu moins cher, ce qui me permet de proposer une gamme plus accessible. Mon installation dans mon nouvel atelier du Xème arrondissement, à La Villa du Lavoir, me permet aussi de proposer un service de personnalisation. Les clients peuvent choisir la pièce de cuir, opter pour une lanière contrastée, je peux réaliser des marquages à leurs initiales. Enfin je souhaite pouvoir lancer dans un futur proche un premier projet issu de cet archipel d’objets, le fauteuil Strates que j’ai développé il y a plusieurs années. Il est en cuir cousu directement sur du chêne et j’aimerais le retravailler sans coutures, en élaborant des raccords mécaniques. »
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Rédaction Hélène Borderie
Photos © Julie Berranger
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