Foulons et Palissons fait revivre la tannerie
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Tour d’horizon et parti-pris des tendances du printemps-été 2025 repérées sur le salon Première Vision Leather.
Le cuir, la matière, comme une prolongation de nos corps, extensions palpables de nos envies sans concession de cette saison à venir. Un été qui sublime l’artificialité autant qu’il revendique le naturel et l’essentialité. Une saison à la créativité renouvelée mais qui n’en oublie pas pour autant la question d’une consommation plus raisonnée et transparente.
Comme une évidence, les grands classiques, les immuables rassurent ; finissages et tannages subliment l’esthétique sobre et les propriétés naturelles des peaux avec des mains généreuses, souples, un toucher gras finition aniline pour les veaux (Tannerie Arnal), des touchers veloutés, peau de pêche (TMM, Marmara) réveillent une sensualité créative qui ne s’était finalement jamais vraiment endormie. On redécouvre le cuir d’autruche et ce grain immédiatement identifiable, travaillé laqué, ou même en feuille de parchemin (Maison Soler). Une palette de couleurs discrètes infusent l’esprit de la saison, autour des nudes, des roses chair, des crèmes, des blancs albinos (Lajara, La Veneta, Simaca, Tanneries Lauret)… Les irrégularités, les rides, les tâches, les aspérités des peaux sont sublimées, revendiquées comme synonyme de luxe et d’authentique.
Peut-être inattendu sur cette saison d’été, mais finalement plus que divertissant, ces propositions de cuirs aux aspects échevelés, poilus, du plus rassurant au plus excentrique, une tendance transversale que l’on retrouve tant dans les propositions cuirs que dans les collections des tisseurs. Des aspects pelucheux, en double tons sur des croûtes (Maison Fichet, Quadrifoglio), des bouclettes pour les peaux lainées ou textiles façons peaux lainées (Emelda Tannery, Inducol,Spiber), esprit fourrures d’été avec des poils indomptés dans des coloramas qui vont du plus naturel jusqu’aux associations de couleurs les plus délirantes (Malhia Kent, BZ Jacquard, Ecopel, EPS Trading) …
Énergique, tonique, design, faussement classique, le rouge, ou plutôt les rouges, se font incontournables, comme la force vitale de cet été 2025 à venir ; rouge « globule » et embossé (Dias Ruivo), rouge à la brillance maîtrisée (Maison Fichet), veau rouge velours (La Veneta), veau bordeaux (Tannerie Arnal), rouge mystérieux, mouton grain « bubble » rouge violacé (Olivier Raynaud), veau ultra souple bordeaux (Tanneries Roux), rouge orangé, rouge laque, aspects lipstick et glissant (Yadel, Poletto) rouge qui se crispe, rouge brûlé, rouge écaillé et articulé (Dias Ruivo, Maison Fichet)…
Une évidente envie de légèreté, de souplesse, de fluidité, avec ces aspects coulants : là encore une envie estivale que l’on constate transversale aux métiers du cuir et du textile, avec des agneaux ultra souples (Tannerie Lauret, Egedamla), des enductions comme du métal liquide (Yadel) et, côté textile, tout une proposition de soieries aux touchers insaisissables (Mario Cucchetti Tessuti).
Chirurgie, manipulation, bizarreries, transformation, mutations, c’était d’ailleurs le mot d’ordre de la dernière édition du salon. « C’est une saison de forte polarisation, ou dans un même temps vont se côtoyer deux axes a priori opposés : d’un côté la naturalité, l’authentique et de l’autre l’expérimental, l’exagéré », explique Carine Montarras, Chef Produit Mode Cuir Première Vision. Ainsi au côté des classiques immuables, des propositions à la créativité exacerbée sont dévoilées, inventées par les tanneurs : des géométries étranges embossées sur agneau (Tannerie Lauret), des reptiles ou des chèvres travaillés avec des irisations, des opalisations étranges, des reflets changeants, saupoudrages de cuivre ou de doré et qui répondent aux reflets et brillances des soieries et fils de lurex des collections des tisseurs (Zuma Pelli Pregiate, Rufo Coli Tessuti, Relma Guyard & Chesneau). Un esprit « créatures » avec des embossés, des tressages cuirs et reliefs qui inventent comme de nouvelles chimères (Dias Ruivo, David Leather Expressions), et aussi des découpes laser façon sirène (Eustaquio Canto Canto). Étrangeté encore, avec des irrégularités façon « proliférations bactériologiques » sur les peaux, comme des manipulations génétiques pour des effets d’érosions soft, de pollinisation de la matière (Olivier Raynaud, Quadrifoglio). Le travail de la perforation sur cuir qui se renouvelle aussi et gagne en précision et finesse, avec la collaboration suscitée et mise en avant par Première Vision cette saison, de Delta Neo et du studio de design textile En petit Comité.
Une saison de créativité certes, mais aussi de responsabilité, face à un consommateur de plus en plus informé. Le secteur Leather du salon s’est, cette saison, réinventé pour répondre à ces nouvelles attentes. Ainsi « sur ce nouveau Hub Leather se côtoie espace de tendances avec une approche et des focus pensés par métiers et usages, mais aussi un espace présentant un ensemble de solutions pour aller vers toujours plus de transparence et de responsabilité », poursuit Carine Montarras. Côté cuirs, mise en exergue de plusieurs des solutions qui optimisent les productions : l’enjeu de la réduction de l’impact chimique des opérations de tannage avec la mise en avant du tannage végétal ou du tannage au chrome recyclé (Sciarada) et l’importance des enjeux de traçabilité de la matière cuir. La mise en valeur de nouvelles filières de production, approches d’approvisionnement et de transformation écoresponsables (Ictyos) jusqu’à des propositions de cuirs recyclés (Gruppo Mastrotto) ou d’inclusion de fils de cuir recyclé dans des tissages techniques… Autant de perspectives créatives et techniques pour prendre à bras-le-corps le printemps-été 2025 !
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Rédaction Florent Paudeleux
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