L’Atelier d’Ariane étend son territoire à la maroquinerie
Le façonnier troyen, dédié au textile, a repris fin 2022 deux ateliers de sa région spécialisés dans la maroquinerie haut de gamme. Grâce à la demande ...
Le nouveau propriétaire de la marque de chaussures de montagne et de ville ultra durables ne manque pas d’idées pour entretenir l’engouement suscité par ses modèles et célébrer le centenaire de son atelier béarnais.
Décidément, Le Soulor 1925 inspire les passions. La marque de chaussures de randonnée et ville haut de gamme a changé de mains en mai dernier. En 2016, le fabricant de chaussures de montagne Paradis-Pommiès, basé dans le Béarn, avait failli disparaître. Toujours dirigé par un membre de la troisième génération, il ne comptait plus qu’un artisan et était déficitaire. C’était sans compter sur l’énergie du duo Philippe Carrouché et Stéphane Bajenoff, qui achètent l’atelier et lui donnent une seconde vie. Dès la reprise, ils créent la marque Le Soulor 1925 et réveillent l’offre pour la ville, avec des Chelsea boots et autres bottines exhumées des archives de l’atelier, s’ajoutant aux modèles pour randonneurs et professionnels. Leurs paires ciblent des amateurs éclairés, hommes ou femmes, ayant les moyens de s’offrir (300 à 400 euros prix public) et la patience d’attendre environ trois mois leur modèle en demi-mesure ou personnalisé dans les cuirs colorés de leurs choix.
Les effectifs passent à 12 personnes, dont la grande majorité à la production, laquelle passe de quelques dizaines à des centaines de paires par an.
En 2020, est labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) l’atelier déménagé à Nay, sur une surface plus grande, au pied du mont… Soulor. Ce travail de fond permet à l’entreprise d’atteindre un équilibre fragile.
Après huit années de travail acharné, le duo ressent le besoin de passer le flambeau. De son côté, Jean-Baptiste O’Neill a été associé pendant 20 ans d’Accenture au Moyen-Orient, spécialisé dans la distribution de mode et luxe. Face à un « monde de plus en plus mondialisé et technologique », il souhaite donner plus de sens à sa carrière. Il rentre s’installer avec sa famille dans le sud de la France et, fin 2023, visite Le Soulor 1925. Coup de foudre. L’affaire est conclue six mois plus tard. « Je cherchais une entreprise qui fabrique en France de beaux produits vertueux. C’est le cas du Soulor 1925, avec un véritable savoir-faire, en particulier le montage à la main et le cousu main, notamment norvégien, assurant robustesse, étanchéité et réparabilité », confiait-il le 11 novembre dernier sur son stand à MIF Expo, le salon grand public dédié au made in France.
Son idée est de perpétuer l’esprit très haut de gamme de la marque en accentuant encore plus le made in France. Il décide ainsi d’arrêter Ayous, le seul modèle de chaussures de randonnée, plus abordable (175 euros), fabriqué dans le Pays basque espagnol, et de stopper les achats de quelques cuirs espagnols pour se recentrer sur des cuirs français, de veau ou vache.
Le Soulor 1925 se concentre désormais sur des chaussures toujours fabriquées à la commande en demi-mesure, dans son atelier, vendues 490 euros, prix boutique conseillé, une paire destinée à la montagne, et 440 euros pour la ville. Le choix de personnalisation (cuirs et emplacements, lacets, semelles…) reste large, avec une quarantaine de cuirs gras, grainés et autres nubuck, et autant de coloris. Pour les impatients, la société a cependant ajouté en 2024 une offre de chaussures “prêt-à-partir” sur stock, qui a fait un tabac à Noël, avec 30% des ventes. Toutes les paires restent entièrement cousues à la main par une dizaine des 15 salariés. Outre Jean Jean-Baptiste O’Neill, deux nouveaux cadres ont complété les effectifs : un responsable des opérations, venu d’une entreprise de distribution de chaussures outdoor, recruté lors de la reprise, et depuis janvier dernier, une responsable marketing digital.
Les peaux, à tannage chrome ou végétal, sont désormais sourcées exclusivement en France, dans des tanneries EPV, Rémy Carriat et Garat & Fils (semelles ou premières de montage) dans le Pays basque, Haas en Alsace et Arnal dans l’Aveyron.
L’été dernier, une ligne de sandales mixtes, montées au pays basque espagnol, a cependant été lancée, avec les chutes de cuir que Jean-Baptiste O’Neill trouvait « dommage de ne pas valoriser », mais aussi des semelles collées et non cousues… Ces dernières seront améliorées, cette année, pour plus de robustesse, de même que « les boucles, pour une meilleure finition ».
Toute l’offre est distribuée dans les deux magasins de la société, à Pau et Paris et la boutique-atelier de Nay, ainsi que sur l’e-shop. Ce dernier, doté d’un système de prises de mesures à distance, a ainsi réalisé 13% du chiffre d’affaires en 2024.
La société travaille aussi avec une douzaine de revendeurs, majoritairement français (À la Ville, à la Montagne et le Vieux Campeur à Paris et Lyon, etc.). À l’export, la marque est diffusée dans les Pyrénées espagnols et à Oslo (Norvège).
L’atelier réalise par ailleurs des séries limitées pour certaines enseignes spécialisées, concept-stores et palaces. Le Soulor 1925 privilégie cependant la distribution directe (95% de son chiffre d’affaires) et le contact avec sa clientèle finale. En 2025, elle exposera dans des salons uniquement B-to-C, comme MIF Expo ou des rendez-vous marche, nature, chasse…
Et sa stratégie lui réussit. Avec 3 100 paires fabriquées en 2024 (après 2 800 en 2023), la société a connu une croissance de 13% de son chiffre d’affaires à un million d’euros, dont 5% à l’export. La société compte donner plus d’ampleur à l’international, mais pas avant 2026, afin d’y aller étape par étape. Rentable, elle est sur « une trajectoire d’amélioration ». Jean-Baptiste O’Neill ne s’en contente pas. Son objectif est de doubler l’activité d’ici trois ans, visant une croissance de 25% dès 2025. Pour structurer l’entreprise (suivi de la fabrication, gestion des stocks, administration des ventes…), un ERP sera déployé ce semestre.
Mais 2025 est d’abord le centenaire de l’atelier. Pour le célébrer, la société lance son année du design. Un relifting de toute la gamme est en cours, avec une double ambition : « améliorer la qualité du chaussant » et « créer une harmonie entre tous les modèles », à partir des codes identitaires recensés sur sa plateforme de marque : coutures, utilisation du rouge, tirettes identiques. « L’idée est de diffuser nos valeurs de robustesse, de force tranquille et durabilité à la montagne comme à la ville », explique Jean-Baptiste O’Neill. Il annonce également une surprise pour l’automne 2025, soit un nouveau modèle, le premier depuis 50 ans pour l’atelier habitué à perpétuer ses modèles intemporels. Le tout rend le dirigeant « très optimiste. Nos produits sont qualittaifs, nos chaussures sont belles, nos clients sont satisfaits et notre marque se développe à vitesse grand V. Nous sommes de grands privilégiés ».
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Rédaction Sophie Bouhier de l’Ecluse
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