La féminisation est en marche chez les bottiers français

Avec pour leitmotiv la mise en lumière d’un acteur emblématique de la Filière Française du Cuir, les Rencontres du Cuir, organisées par le Conseil National du Cuir (CNC), se sont déroulées en immersion au sein de l’atelier parisien du maître bottier et Meilleur Ouvrier de France Philippe Atienza. Ce rendez-vous a été l’occasion d’un focus sur les formations et la féminisation de la profession, reconnue Métier d’Art. « Depuis 1879, la Chambre Syndicale Nationale des Bottiers (CSNB) oeuvre pour préserver les savoir-faire de la corporation bottière en France et fédérer les maisons », rappelle Philippe Atienza, son Président.

Rencontres du cuir Philippe Atienza bottier atelier
Organisées par le Conseil National du Cuir dans le but de mettre en lumière les métiers de la filière, les Rencontres du Cuir se sont déroulées en immersion au sein de l’atelier parisien du maître bottier et Meilleur Ouvrier de France Philippe Atienza.

Les femmes de plus en plus nombreuses et à tous les postes

Métier de tradition qui va désormais de pair avec l’innovation, la botterie ne cesse d’évoluer … et de se féminiser. Si l’essentiel de la formation réside dans le compagnonnage, les Compagnons du Devoir n’ont ouvert leur apprentissage aux femmes … qu’en 2004. Depuis la gent féminine montre une véritable appétence pour ces métiers de l’intelligence de la main et représente un tiers des candidats en formation initiale. « L’évolution des modes de vie, de la société et la quête de sens dans son activité expliquent la féminisation croissante des métiers de l’artisanat. De plus en plus de Français(e)s aspirent à s’épanouir dans leur travail », souligne Frank Boehly, Président du Conseil National du Cuir.

Elles ont changé de vie 

À l’image de Laura Puntillo, associée de Philippe Atienza depuis 2016. Anthropologue et designeur de formation, elle découvre la richesse de cet artisanat noble à l’occasion d’une exposition consacrée à Maurice Arnoult. Fascinée par la conception du soulier féminin, la jeune femme se forme au métier de bottier au sein de l’association où elle est aujourd’hui formatrice. « Même s’il est difficile et nécessite patience et humilité, ce métier fait appel à la notion de plaisir : le plaisir de faire et le plaisir de faire plaisir en créant des modèles uniques et durables ! » Forte de son expérience, elle se lance dans « un projet ambitieux » avec l’ouverture de son propre atelier de botterie pour femmes à Paris en 2022. Audrey Benguerine présente un profil différent mais tout aussi atypique. Ancienne cheffe de projet en systèmes d’information, elle a changé de vie suite à une rencontre avec une élève de l’association Maurice Arnoult. Après avoir suivi pendant trois années les cours du soir assurés par Laura Puntillo au sein de la structure, elle a passé son CAP Bottier en candidat libre. Elle a depuis intégré la Maison Corthay en tant que piqueuse.

Vers des formations mieux valorisées ?

L’artisanat occupe une place prépondérante au sein de la Filière Française du Cuir qui compte près de 13 000 entreprises, majoritairement des TPE/PME, et 133 000 salariés pour un chiffre d’affaires annuel de 25 milliards d’euros. Si les métiers de l’artisanat connaissent un réel engouement ces dernières années, portés notamment par les maisons de luxe et le rayonnement du savoir-faire français, ils doivent composer avec des profils variés et de tous les âges : élèves post classe de troisième, tout juste diplômés du Baccalauréat, adultes en reconversion, en situation de handicap… Les Compagnons du Devoir, organisme référent, forment 80% des étudiants au CAP Bottier mais d’autres cursus existent : en centres de formation, par l’AFPA, Pôle Emploi, au Centre Technique du Cuir ou encore à l’Atelier Maurice Arnoult, du nom du mythique bottier de Belleville. « Ce métier requiert passion, dextérité et persévérance. La transmission de savoir-faire ancestraux complexes et des gestes métiers est assurée par des maîtres de génération en génération. La Chambre Syndicale Nationale des Bottiers souhaiterait conserver une formation initiale d’apprentissage d’une durée minimum de deux ans et disposer d’un diplôme à la hauteur de la valeur de notre métier », interpelle Anthony Delos, Artisan Bottier chez Berluti et responsable de la formation au sein de la CSNB (lui-même issu des Compagnons du Devoir).

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Rédaction Laëtitia Blin
Photos © CNC – Martin Lagardère

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