Foulons et Palissons fait revivre la tannerie
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Après plusieurs saisons sous influence sportive et urbaine, la garde-robe masculine revient, pour l’automne-hiver 19-20, à plus de classicisme. Rien d’étonnant alors à voir le cuir – matière des plus traditionnelles – retrouver une place de choix dans le vocabulaire matériel des créateurs.
Le cuir coche donc toutes les cases du vestiaire formel. À commencer par le blazer, qu’on trouve croisé chez Celine et droit chez Dunhill, Berluti et Marni, poils et taches apparentes Le pantalon classique – ni trop large ni trop serré, à pinces ou bassin plat- se décline aussi en cuir, comme chez Hermès et Dior Men. On trouve plusieurs déclinaisons du pardessus en cuir, à boutonnage droit chez Dunhill, Hermès, Berluti et Dior Men ou à boutonnage croisé chez Berluti également mais en veau à poils. Le trench n’est pas en reste avec plusieurs déclinaisons en peau, sans surprise chez Louis Vuitton et Celine, de façon plus inattendue chez Neil Barrett et Marni. Même la chemise n’échappe pas à ce passage en revue, toutefois portée bien sûr sur le pantalon, chez Dunhill et Neil Barrett. Les classiques décontractés, pour lesquels le cuir a toujours été une matière de référence, ne manquent pas de le mettre à l’honneur. Le blouson zippé en cuir est de beaucoup de collections, d’Hermès à Ami, en passant par Officine Générale, Dolce & Gabbana, Berluti – en cuir patiné, Dior Men – en cuir vieilli – et Fendi – bicolore. Le bombardier est également présent chez Berluti, avec un finissage patiné coté chair et chez JW Anderson. Le trois quarts, en cuir chez Ann Demeulemeester, et en peau lainée chez Celine, garde toute son authenticité, quitte à paraître un peu banal. Même le caban – Hermès, Dolce & Gabbana, Marni -, pourtant moins en vogue ces dernières saisons, la canadienne – Hermès -, carrément absente des collections depuis plusieurs années, et la saharienne – Prada -, font leur réapparition pour et par le cuir.
Conformiste, la saison ne l’est pas que dans le registre classique. Si elle repose les bases du classicisme, elle n’en rappelle pas moins également les codes du style rock, jusqu’à verser parfois dans les clichés. Ainsi, le perfecto en cuir, voire en peau retournée, est de la partie chez Celine, bien sûr, qui, comme on pouvait s’y attendre avec son nouveau directeur artistique Hedi Slimane, se métamorphose en ce sens, chez Neil Barrett et chez Balmain, dans un genre plus pop. Le pantalon moulant en cuir, autre attribut du parfait rocker, est aussi des collections de Celine, Paul Smith – avec zips incrustés, Givenchy, Ann Demeulemeester et même Berluti, où Kris van Assche, dont c’est aussi ici la première collection, l’agrémente d’une fermeture à glissière en bas laissant parfaitement voir…la chaussure ! Dans une veine plus gothique, le long manteau en cuir de Raf Simons ravira les fans de Marylin Manson, sans doute à contresens de l’intention initiale du créateur d’ailleurs. Enfin, le tacheté fauve, lui aussi très prisé des rock stars, s’invite également dans plusieurs collections : chez Celine évidemment, chez Dior Men, où il revêt les rayures du tigre pour diverses pièces, chez Marni, avec des taches léopard, chez Versace, avec des motifs panthère et chez Neil Barrett, où l’évocation animalière est plus fantaisiste.
Dans l’un comme dans l’autre des deux styles, plusieurs créateurs n’hésitent pas à présenter des silhouettes tout cuir. C’est le cas de Kris van Assche chez Berluti, avec un costume bleu nuit et un sweatshirt à capuche assorti, de Kim Jones pour Dior Men, avec un blouson et un pantalon de motard bon chic bon genre, d’Hedi Slimane pour Celine, avec un même ensemble aux airs nettement plus rock, de Lucie et Luke Meier chez Jil Sander, avec un duo chemise oversize et pantalon sur lequel le cuir fait merveille, d’Olivier Rousteing chez Balmain et de Silvia Fendi chez Fendi, avec un long manteau et un pantalon étroit.
Si la saison met ostensiblement le cuir à l’honneur tout en s’en servant pour retrouver ses fondamentaux, elle n’en varie pas pour autant beaucoup les sortes. L’agneau et le veau restent encore cette saison les deux espèces dominantes dans l’habillement. Tout juste peut-on noter quelques effets de finitions : métallisés chez Paul Smith, marbrés chez Fendi, vieillis chez Dior Men, crispés chez Neil Barrett et patinés chez Berluti. Hiver oblige, les poils sont très fréquents pour les pièces de dessus – blouson, manteau, caban – courts, raides et lisses pour le veau chez Berluti ou volontiers frisés, longs et quelque peu hirsutes pour l’agneau chez Dolce & Gabbana, Rick Owens, OAMC, Ann Demeulemeester, Hermès, Emporio Armani. On les retrouve aussi teintés, parfois dans des couleurs surprenantes comme l’orange chez Acne et le rose chez Berluti, ou sculptés au rasoir ou au laser pour dessiner un relief de damiers ou de logos chez Fendi et Louis Vuitton. Les plus créatifs, comme Fendi, Louis Vuitton ou Hermès, composent de véritables tableaux en juxtaposant cuir, poils lisses, poils frisés et poils rasés. Les plus hardis, comme D Squared, Fendi encore et Louis Vuitton, les associent à des motifs, imprimés sur le côté chair ou sur les poils mêmes. Enfin, à part le python, dont le motif, véritable ou imité, évoque l’univers du rock chez Marni, Paul Smith et Celine, les cuirs exotiques se font plutôt discrets pour le prochain millésime hivernal. Tout juste note-t-on un blouson à capuche en croco brillant chez Berluti et un trench en croco sablé chez Louis Vuitton. Une rareté finalement peu étonnante pour une saison de retour à l’essentiel.
Rédaction François Gaillard
Photos © Alain Gil-Gonzalez
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