The Footwear Archives, bibliothèque inspirante de la chaussure
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Face aux enjeux environnementaux, l’écoconception s’est imposée comme une réponse clé dans de nombreux secteurs industriels. Elle vise à réduire les impacts environnementaux d’un produit dès sa phase de conception, en tenant compte de l’ensemble de son cycle de vie : choix de matériaux plus vertueux, optimisation des procédés de fabrication, réduction des déchets et amélioration de la recyclabilité. De l’automobile à l’électronique, cette démarche s’est progressivement diffusée, notamment sous l’impulsion des réglementations et des attentes croissantes des consommateurs. Mais dans certaines industries, cette logique de réduction ne suffit plus. C’est le cas de la maroquinerie, où des marques innovantes ont décidé de pousser le curseur environnemental encore plus loin en adoptant une nouvelle approche : le design circulaire. Plus qu’une simple évolution technique, c’est un changement de paradigme qui remet en question la manière même de concevoir, d’utiliser et de faire durer les objets.
-Éliminer les déchets et la pollution dès la
-Faire circuler les produits et matériaux à leur plus haute valeur : réparation, réutilisation, revente, recyclage
-Régénérer les systèmes naturels, en s’inspirant des cycles de la nature
Appliqué à la maroquinerie, cela se traduit par des choix très concrets : privilégier des matériaux durables et traçables (comme le cuir recyclé ou les alternatives végétales au cuir), concevoir des sacs et accessoires réparables, démontables ou modulables, et mettre en place des systèmes de consigne ou de reprise pour prolonger la vie des produits. Dans la galaxie du design circulaire, l’upcycling occupe une place à part. Il consiste à transformer des matériaux ou produits usagés en objets de plus grande valeur, sans passer par une phase de déconstruction ou de recyclage industriel. Contrairement au recyclage, qui peut entraîner une dégradation de la matière, l’upcycling valorise l’existant, le sublime même, pour en faire une ressource à part entière.
Certaines marques se positionnent aujourd’hui comme des pionnières de cette transition : La Vie est Belt fabrique des ceintures à partir de pneus de vélo usagés, réduisant à la fois les déchets et la consommation de matières neuves. Lundi conçoit des sacs en cuir tanné végétal, pensés pour durer, réparables, et parfois reconditionnés pour une seconde vie. Hermès explore des biomatériaux comme le Sylvania, issu d’un mycélium cultivé en laboratoire, biodégradable et cultivé sans impact animal. LVMH a lancé plusieurs initiatives pour réutiliser les chutes de cuir et favoriser une production en circuit plus fermé dans certaines maisons du groupe. Céline Dion x Bugatti Group utilise, pour certaines collections, des cuirs revalorisés de tanneries pour des sacs de luxe.
Si le design circulaire vise à repenser la manière dont on conçoit, utilise et valorise les objets, il ne se limite pas à une posture éthique ou environnementale. Il peut aussi s’appuyer sur les outils du droit, et notamment ceux de la propriété industrielle, pour protéger les innovations qu’il génère. Car réutiliser, réparer ou recycler, oui… mais sans se faire copier !
Le design circulaire génère souvent des produits au design distinctif : sacs démontables, pochettes modulables, systèmes d’attache innovants… Tout cela peut être protégé par un dépôt de dessin ou modèle. Ce droit protège l’apparence d’un produit (formes, lignes, textures…), indépendamment de sa fonction. Il est donc particulièrement pertinent pour sécuriser l’esthétique de produits éco-conçus ou recyclables, tout en valorisant l’image de marque.
Le design circulaire repose aussi sur des solutions techniques innovantes, comme l’utilisation de matériaux biosourcés, des systèmes d’attaches démontables ou des dispositifs de traçabilité intégrés. Ces éléments peuvent faire l’objet de demandes de brevet, à condition qu’ils soient nouveaux, inventifs et applicables industriellement. Un brevet confère un monopole d’exploitation de 20 ans, protégeant l’entreprise contre toute copie de l’innovation technique couverte. Un système permettant de démonter plus facilement un sac en fin de vie pour trier les matériaux et en faciliter le recyclage pourrait par exemple être breveté.
Le design circulaire peut aussi revêtir une dimension créative et artistique forte. Dans ce cas, c’est le droit d’auteur qui entre en jeu. Il protège automatiquement une œuvre dès sa création, sans dépôt, si elle est originale. Cela peut concerner le design global d’un produit, le concept créatif d’une collection durable ou même une interface numérique liée à l’usage circulaire d’un produit (application de réparation, de suivi de vie…). Par exemple, le storytelling visuel ou conceptuel d’une collection basée sur la régénération de matières naturelles, mis en scène dans une vidéo ou une scénographie, pourrait bénéficier d’une protection par le droit d’auteur.
Enfin, la marque joue un rôle central pour valoriser une démarche circulaire auprès du public. Elle permet de déposer un nom, un logo, un slogan ou un label qui incarne les engagements environnementaux d’une entreprise. Ce droit est stratégique : il permet de fidéliser une clientèle sensible à l’éthique et d’asseoir sa notoriété tout en protégeant ses signes distinctifs. On peut ainsi enregistrer une marque dédiée à une gamme de produits circulaires comme « Second Life by … » ou un logo certifiant la réparabilité des sacs.
Dans une maroquinerie en mutation, le design circulaire est aussi une source d’innovation précieuse. Il mérite d’être valorisé et protégé à travers les outils juridiques adaptés. Propriété industrielle et durabilité ne s’opposent pas – elles se renforcent mutuellement – pour permettre aux marques de créer, innover, et durer… dans tous les sens du terme.
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Rédaction Nathalie Wajs, Associée, CPI, Mandataire agréée près l’Office Européen des Brevets et Représentant devant la Juridiction Unifiée du Brevet (JUB) au sein de Plasseraud IP
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