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Depuis bientôt une année, Pierre-Baptiste L’Hospital fait partie du cercle restreint des bottiers français indépendants. Son atelier de chaussures sur-mesure, Arpent Bespoke, fait déjà le bonheur des connaisseurs et des connaisseuses.
Qu’est-ce qui différencie en premier lieu les sneakers des chaussures traditionnelles sinon le cuir ? Car, bien que de formes très différentes, leurs usages se sont rapprochés, les sneakers devenant toujours plus chic et urbaines et les souliers gagnant sans cesse en confort et souplesse. Et c’est avant tout par leur matière que les secondes se distinguent des premières. Alors lorsque, après des études de droit, cet ex-féru de baskets décide de se réorienter vers la chaussure avec une formation chez les Compagnons du Devoir et qu’il rencontre le cuir lors de son premier apprentissage chez Berluti, la passion de la chaussure en cuir le saisit, qui ne le quittera plus. « Pendant deux ans, j’ai côtoyé l’excellence dans cet atelier de sur-mesure aux Rosiers-sur-Loire. Je n’avais pas besoin de plus pour être convaincu », confie Pierre-Baptiste L’Hospital. La suite ne déméritera pas, avec un stage d’une année chez Massaro, où il se familiarise à la botterie pour femmes, puis huit mois chez le Champion du Monde Patrick Frei en Allemagne, un an et demi chez John Lobb en tant que patronnier prototypiste et un an dans les mêmes fonctions à la Manufacture Bontemps à Nantes. Un beau parcours qui lui permet déjà aujourd’hui de transmettre ses connaissances aux futurs Compagnons et même au sein de la vénérable maison J.M. Weston à Limoges.
Mais il en fallait davantage pour satisfaire ce passionné et le laisser exprimer son talent, même s’il continue de servir ponctuellement les griffes de luxe en sous-traitance, pour du patronage, du prototypage ou du conseil. Alors, en août 2024, il crée son atelier de chaussures sur-mesure, pour hommes et pour femmes, Arpent Bespoke. « Je préparais cette aventure depuis deux ans déjà. J’avais envie d’offrir plus d’agilité que les grands bottiers rachetés par les groupes de luxe, au sein d’une structure indépendante », déclare le jeune artisan. Il s’installe donc à Paris où une clientèle de passionnés de chaussures et de particuliers en quête de chaussures de cérémonie pour des occasions lui permet d’exercer son art. Comme le célèbre violoniste Renaud Capuçon, pour qui il a récemment réalisé une paire de Richelieu de soirée. Ou le journaliste Hugo Jacomet qui l’a fait connaître auprès des dandys parisiens. Sans oublier les femmes, pour qui il engage davantage de créativité. « Les femmes recherchent plus d’originalité, sans omettre le confort ; pour les hommes, le jeu entre le respect et la transgression des codes est plus subtil », explique cet interlocuteur intarissable. Une activité donc diversifiée, autant par ses problématiques techniques que par ses débouchés commerciaux, dont il ne saurait se plaindre. Et pour consolider son installation et sur le conseil de son premier maître chez Berluti, Pierre-Baptiste L’Hospital a rejoint la Chambre Syndicale Nationale des Bottiers (CSNB) en janvier dernier. « On y rencontre d’autres indépendants comme moi et des représentants des grandes maisons. Cela permet de constituer des réseaux pour créer des projets ou d’avoir des échanges avec l’étranger et aussi, bien sûr, de défendre la profession. »
Ce professionnalisme précoce n’altère pas pour autant la modestie de Pierre-Baptiste L’Hospital. Et lorsqu’on lui demande ce qui caractérise son travail, celui-ci rétorque franchement chercher encore sa voie et s’en tenir pour l’instant aux classiques sans effet particulier. « Il faut compter dix ans pour devenir un bottier confirmé ; et j’exerce ce métier depuis sept ans… En France, on est entre l’approche anglaise plus ronde et massive, et le style italien plus fin, raffiné voire chargé. Le bottier français recherche une certaine perfection technique mais sans sacrifier le style ni l’émotion que peut procurer une paire de chaussures », analyse-t-il avec objectivité. D’ailleurs, il pratique des prix sensiblement inférieurs à ceux des grandes marques. Pour 3 000 euros, il peut déjà fabriquer – en une centaine d’heures au minimum – une paire de souliers totalement sur-mesure, d’après une forme en bois également unique.
S’il convient facilement avoir été « loin du cuir à ses débuts », il confesse aujourd’hui une réelle passion pour cette matière qu’il qualifie « d’expressive ». « Le cuir est une matière difficile à apprivoiser ; mais plus on la maîtrise, plus elle est intéressante. Il vaut toujours mieux aller ‘avec’ le cuir que ‘contre’ lui », indique ce professionnel dont la production, de la tige au talon et à la semelle, passe exclusivement par le cuir. « J’aime beaucoup de sortes de cuirs : les cuirs bovins grain naturel, qui révèlent vraiment la peau de l’animal, les nubucks et les velours, les cuirs exotiques, en particulier les crocos pour leur toucher et l’asymétrie qu’ils génèrent forcément entre les deux pieds, chaque peau étant unique. J’utilise aussi du lézard et du galuchat pour des mocassins, avec la perle au centre du plateau. Et, pour les femmes, de l’agneau et de la chèvre. Je ne suis pas un grand adepte des cuirs patinés, qui font très italiens et demandent un savoir-faire particulier. En revanche, je préfère les cuirs peu couverts aux cuirs trop pigmentés que j’emploie peu, à part les vernis pour les chaussures de soirée », poursuit-il. Client des tanneries françaises et anglaises pour les chaussures pour hommes, c’est en Italie qu’il source ses peaux pour les chaussures pour femmes et en Allemagne qu’il se fournit en cuir de semelles. « J’aime le contact avec le cuir, lorsque, avant la coupe, j’observe comment il se comporte, comment il réagit au pli et que je teste son prêtant. Je l’étire, je le masse pour vérifier que des veines ou des frisures n’apparaissent pas », détaille ce passionné qui ne résiste pas à la sensualité du cuir.
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Rédaction François Gaillard
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