La botte camarguaise, labellisée après la charentaise
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La mode est responsable de 8 à 10% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde ;
1/5 de la pollution des eaux est de source industrielle ;
35% des micro plastiques rejetés dans les océans le sont après lavage de nos textiles ;
65% des tissus se composent de fibres synthétiques non renouvelables et non biodégradables.
La mode responsable, on en rêve tous.
Et de toutes les matières c’est la plus responsable qu’ELLE préfère !
ELLE s’appelle Caroline Lejamble.
Depuis 2 ans, cette ancienne acheteuse textile s’emploie à tisser les liens entre les fournisseurs d’un nouveau genre et leurs potentiels clients. Au travers de sa plateforme Greeny Bird Dress, elle lève le voile sur les matières encore méconnues nées du réveil écologique. À l’occasion de la Green Fashion Week dans la métropole lilloise, Caroline nous a ouvert son répertoire le temps d’un atelier dédié, au sein de la boutique de mode éthique Coco Friendly.
Sauriez-vous dire d’une matière si elle est plus responsable qu’une autre ? Identifier un cuir de ce qui ne l’est pas ? Soupçonner la présence de fruits ou de feuilles dans la composition de votre prochaine paire de sneakers ? Sur le marché florissant des matières alternatives aux traditionnels cuirs et textiles, Caroline Lejamble en connaît un rayon. Diplômée en Management et Innovation de la Mode, la jeune femme entame sa carrière dans des centrales d’achats des Hauts de France (NDLR – Caroline est lilloise). Puis c’est le déclic.
« Je me suis intéressée de près aux matières et, au cours de ma veille, j’ai découvert une kyrielle de fabricants conjuguant savoir-faire et traçabilité, notamment dans les pays du Nord, en Allemagne et en Italie. Néanmoins, je me suis rendu compte qu’on ne les connaissait pas forcément et c’est ainsi que j’ai lancé mon activité de conseil. J’interviens aussi bien auprès des enseignes de la région comme Okaïdi, Auchan, Rouge-Gorge, Kiabi que de marques indépendantes ou de grandes maisons de luxe, qui souhaiteraient intégrer les matériaux du futur. J’organise par ailleurs des workshops en développement matières ou textiles, sur une thématique caractéristique comme le biodégradable par exemple. Et j’écris beaucoup d’articles sur ma plateforme Internet en vue de pousser leur démocratisation. »
Parmi les innovations présentées, Caroline avoue son faible pour les matériaux recyclés, on parlera plutôt de « matières régénérées », appellation plus séduisante aux yeux du consommateur, recommande-t-elle. À l’opposé d’une vision dogmatique de la mode responsable, elle concède volontiers que les référentiels du durable sont loin d’être une science exacte. « Cela me semble difficile aujourd’hui de pourvoir conserver 5 ou 10 ans un manteau qui répondrait à un cahier des charges bio, sans apprêt ni aucune chimie. » Aussi, les marques se renseignent mais passent difficilement à l’acte constate-t-elle. De nouvelles matières peuvent se révéler encore trop onéreuses, d’autres sont encore au stade de Recherche & Développement. Mais les initiatives sont bien là, et il ne se passe pas une journée sans qu’elle ne découvre une nouveauté ! Petit tour d’horizon des avancées en matière de circularité.
Lauréates du Global Change Award remis par la fondation H&M en 2016, les fondatrices d’Orange Fiber valorisent les écorces et sous-produits de la production de jus d’agrumes, largement répandue en méditerranée. Le résultat ? Un fil que l’on peut dérouler à souhait ! Exclusivement composé de déchets ou mixé avec un autre composant, il se marie à merveille à la soie ou au satin en chaîne et trame.
La société sicilienne n’a pas seulement retenu l’attention du géant suédois mais aussi de son compatriote Salvatore Ferragamo qui fut le tout premier à développer une collection de pièces imprimées en édition limitée, à base d’agrumes.
Fruit d’une collaboration tripartite entre la marque suisse de sacs Qwstion, un filateur et un tisserand taïwanais, Bananatex® est un textile à base d’Abacà. Contrairement à ce que pourrait laisser entendre l’appellation de la matière, elle est bien issue d’une variété de bananier mais cultivé pour sa fibre ou chanvre de Manille. Il y a dix ans, le trio a relevé le défi d’exploiter d’autres ficelles de cette fibre réputée pour sa résistance. Transformée en papier (usage courant), elle se métamorphose en fil à tisser pour devenir in fine un tissu à la fois souple et solide. Blanc à l’état naturel, il peut être teinté et protégé d’un traitement hydrofuge en surface ainsi que d’une cire naturelle au dos. La marque helvétique commercialise des sacs et pochettes au style épuré dans ce type de finitions et fournit de nombreuses marques, notamment du segment street ou sportswear (surf, skate).
Camper, Hugo Boss, Taikka, Puma… l’ont déjà adopté. Vous l’aurez reconnu, il s’agit du Piňatex®. Comme Qwstion et Orange Fiber, Ananas Anam à l’origine de ce matériau aux accents exotiques, voulait donner une seconde vie aux déchets, en l’occurrence les feuilles d’ananas, également issus de plants philippins. Passée la récolte, 480 feuilles de 16 plants doivent être collectés pour extraire la fibre nécessaire à la réalisation d’un mètre carré de ce non tissé. Léger (400gr/m²), flexible, accessible (23 euros/m linéaire en moyenne), solide (NDLR – Karine Parra, la créatrice de Massalia nous l’a confirmé), déperlant, relativement durable (entre 3 et 5 ans dans des conditions d’usage normales), séduisant (large palettes de coloris), il a tout pour plaire. Seule ombre au tableau, il se compose de 80% de fibres de feuilles d’ananas et 20% de polymère biodégradables mais la couche de protection en résine (base pétrole) ne l’est pas, du moins pas encore puisque l’entreprise y travaille.
Prenez des fruits, mixez-les, étalez-les en fine couche sur une feuille de papier cuisson, séchez-les au four…Sur la toile, les vidéos recettes DIY de « fruit leather », sortes de roll-up ne manquent pas ! C’est peut-être ce qu’avait concocté la start-up néerlandaise Fruit Leather avant de récolter les restes de fruits sur les marchés pour les transformer en une matière s’approchant du cuir. Pour l’instant, les tests se sont révélés plus concluants avec les mangues. En tout état de cause, l’aspect des nappes couvertes de résine, s’apparente plus à un cuir artificiel et une légère odeur mérite d’être neutralisée. La capacité de production de Fruit Leather n’excède pas 70 m² par mois, mais les deux jeunes entrepreneurs derrière ce projet ont de quoi faire puisque 45% des fruits produits pour la consommation sont gaspillés.
Si 1 % seulement des matériaux qui servent à fabriquer nos vêtements sont recyclés pour en faire de nouveaux, d’autres pistes novatrices sont explorées. Textiles bio inspirés ou luminescents, matières à base de bactéries, levures, thés et bières fermentées ou même de cheveux coupés, tissus hydro-lipophobes ou extensibles, colorants bio, polymères à base d’algues…tout y passe ! Alors si vous pensez intégrer l’une de ses solutions dans vos collections, ou vous projeter dans la garde-robe du futur, nul doute que Caroline Lejamble saura vous aiguiller.
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Rédaction Juliette Sebille
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