Maison Faret se (re)met en selle
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Depuis 2018, Malfroid apporte sa contribution au panel des chausseurs pour hommes. Lauréat de la dernière promotion d’Au-Delà du Cuir (ADC), cette reconnaissance le conforte dans ses projets.
Avec de jeunes marques comme Malfroid, la chaussure masculine en cuir a encore de beaux jours devant elle. Pourtant, lorsque Victor Bastié rachète le nom de cet ancien bottier d’équitation en 2018, son intention était d’en faire une marque de sneakers. Fort d’une expérience de trois ans chez Le Coq Sportif, le jeune diplômé en commerce international de l’École Supérieure de Gestion voulait surfer sur la vague des baskets. Mais ce passionné de chaussures et de cuir avait également œuvré pour un chausseur traditionnel parisien durant sept années. Et c’est sur ce créneau qu’il a finalement choisi d’exercer son talent d’entrepreneur. Même si l’évolution des modes de travail depuis l’épidémie de Covid-19, a fait évoluer son offre. « Je ciblais initialement une clientèle citadine habillée en formel avec des chaussures à tige et semelle en cuir, des derbies et des Richelieu essentiellement, déclare Victor Bastié. Mais la pandémie et le télétravail ont quelque peu changé la donne avec une demande pour des chaussures plus confortables et tout terrain. »
A côté des modèles habillés à lacets ou à boucles, simple ou double, des derbies plus sport à semelle gomme, cousus Norvégien, en cuir gras, grainé ou velours se sont ajoutés au catalogue. Tout comme des mocassins, des bottines Chelsea ou à lacets, à plateau ou bout droit et trois modèles de sneakers : tennis, runner et un mix plus urbain. Au total, l’offre comprend une trentaine de références, déclinées dans des variantes de cuirs et de coloris. L’hiver prochain, davantage de modèles outdoor intégreront l’offre et la collection capsule de bottines Chelsea pour femmes, lancée à l’automne dernier, sera reconduite. « Je crée moi-même les modèles en collaboration avec notre fabricant. Je veux proposer des souliers au style intemporel, qu’on garde longtemps, avec de petites particularités dans les détails ou les proportions. Comme pour notre derby à plateau Defender cousu Norvégien, en cuir gras et à semelle crantée Vibram » explique le jeune dirigeant. Un service de réparation est d’ailleurs proposé : quelque 5 000 opérations de cordonnerie ont été réalisées en 2024. Comptez en moyenne 400 euros pour une paire de chaussures Malfroid ; les sneakers sont plus abordables, à partir de 200 euros, et une ligne luxe baptisée Réserve, avec des cuirs et des finitions spéciaux, atteint les 750 euros.
La qualité du cuir est bien sûr essentielle dans l’approche haut de gamme de Malfroid. Tous les cuirs de tige, en veau, proviennent de tanneries européennes, anglaises pour les cuirs gras et italiennes pour les cuirs velours et grainés. Et certaines peaux sont même achetées aux réputées Tanneries du Puy ou Tannerie d’Annonay en France. Les cuirs de semelle, à tannage végétal, proviennent de tanneries françaises ou italiennes, et les cuirs de doublure, de tanneries italiennes. « J’apprécie les cuirs peu couverts, qui ont de la matière et de la profondeur, confie Victor Bastié. Pour les modèles sport, je privilégie les cuirs gras aux cuirs pigmentés. Mais je ne suis pas contre une petite fantaisie occasionnellement, comme le cuir de koudou, une grande antilope africaine, que nous avons proposé pour des bottines. » Depuis les débuts, la fabrication est confiée à un sous-traitant portugais, dont l’atelier bientôt centenaire, possède l’avantage de maîtriser aussi bien les techniques traditionnelles que le cousu Norvégien. « Nous ne souhaitons pas commercialiser des chaussures qui viennent de l’autre bout de la planète », ajoute ce tout juste quadragénaire soucieux aussi du respect de l’environnement.
Au lancement, Malfroid a ouvert une boutique à Paris, rue Villebois-Mareuil dans le XVIIe arrondissement. Puis, ce fut au tour du site internet de diffuser la marque auprès d’une clientèle provinciale et étrangère. Environ 30% du million et demi d’euros de chiffre d’affaires de 2024 proviennent des ventes en ligne. Une deuxième boutique parisienne a été inaugurée en 2020 rue Saint-Honoré, avant de déménager en février dernier rue Paul Louis Courier, à proximité de la rue du Bac (VIIe arrondissement). Entre-temps, l’entreprise a pris la gérance de la cordonnerie du Bon Marché, où elle assure l’entretien et la réparation de chaussures de toutes marques, la vente des produits d’entretien Saphir et également d’une sélection de modèles de Malfroid. « En 2026, notre objectif est d’élargir la distribution au wholesale, avec un réseau de boutiques multimarques françaises haut de gamme, annonce Victor Bastié. À l’étranger, je préférerais ouvrir une boutique en propre, pourquoi pas à New York, mais pas à court terme. » Avec de telles ambitions, le jeune entrepreneur a bien sûr accueilli avec bonheur son intégration au sein de la promotion 2025 d’Au-Delà du Cuir (ADC), l’incubateur des entreprises de la filière cuir. « C’est un soutien global, accompagné par différents spécialistes, sur des sujets allant de problèmes du quotidien au développement international. C’est doublement gratifiant car cela montre que des professionnels croient aussi au potentiel de la marque. »
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Rédaction François Gaillard
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