Un autre projet, le panneau sculpté par Guillaume Mouche, met en évidence les propriétés phoniques du cuir. De quoi s’agit-il ?
Les biomatériaux restent encore trop peu utilisés dans les champs du design et de l’architecture intérieure. Pour hors-studio, il est primordial de prouver que ces matériaux, pouvant paraître expérimentaux, ont toute leur place dans une industrie encore beaucoup trop polluante. Dès que nous développons une nouvelle formulation, nous nous attachons à dégager ses propriétés intrinsèques pour en définir un usage. Avec le sculpteur ornemaniste Guillaume Mouche, nous avons souhaité mettre en avant les qualités phoniques et également esthétiques. L’apport de son savoir-faire nous a permis d’aller encore plus loin sur ses finitions, en appliquant au Leatherstone les techniques de sculpture traditionnelle du bois et de la pierre, nous rapprochant presque d’un marbre poli. Le diffuseur acoustique sculpté est un prototype. Nous avons pour objectif de le développer et nous travaillons en étroite collaboration avec des acousticiens.
La série Tuf vous a permis d’introduire le Leatherstone dans le mobilier. Pouvez-vous préciser ?
Nous avons commencé en effet par maroufler le Leatherstone sur du petit mobilier récupéré en recycleries. Le nom de la série Tuf fait référence à la pierre des carrières de tuffeau de notre région natale, le Val de Loire. C’est une collection de pièces uniques sculpturales, qui imitent la pierre, avec des finitions brutes et polies à la cire naturelle.
Quelle est la prochaine actualité de hors-studio ?
Le projet sur lequel nous travaillons s’appuie sur les qualités thermiques du Leatherstone. Cette fois en collaboration avec la céramiste Camille Chaleil dans le cadre de notre bourse de recherche Agora du Design. Cette recherche spécifique mêle design, low-tech et artisanat d’art. Elle sera présentée à l’exposition de la restitution de la bourse au printemps 2024. Nous venons aussi d’ouvrir notre manufacture de biomatériaux à Neuvy-le-Roi. Nous y proposons des pièces standard en Leatherstone, terrazzo de déchets et en biomatériaux de coquilles, à destination du retail, du merchandising, de l’aménagement intérieur. La manufacture va nous permettre de développer le sur-mesure, les projets spécifiques, la conception de nouvelles matières.
Plus globalement, pourquoi le Leatherstone est-il un biomatériau aussi porteur ?
Le Leatherstone et les autres matières que nous développons apportent au marché du design des solutions responsables et certifiées sans pétrochimie. Notre démarche est radicale, loin du greenwashing des matériaux, soit-disant écologiques, mis sur le marché. Nous offrons des solutions désirables au secteur du design et de l’architecture, en transformant les ressources du XXIème siècle : les déchets. En pensant à la fin de vie des objets dès la conception de la matière, nos matériaux répondent aux attentes du marché et des consommateurs. C’est le secteur dans son ensemble qui doit maintenant faire un effort et faire bouger les lignes, pour que ces matériaux entrent dans une nouvelle classification. Les certifications imposées sont devenues obsolètes à l’heure de la crise écologique. Elles ne doivent plus être un obstacle pour que les architectes et les prescripteurs utilisent ces nouvelles matières vertueuses.
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