La Californie suspend provisoirement l’interdiction de vendre les peaux exotiques

Le 13 octobre dernier, le juge fédéral de Californie aux États-Unis a annulé temporairement l’interdiction de vendre les peaux de crocodile du Nil, Porosus et d’alligator mississippiensis - Photo © Corinne Jamet.

Le juge fédéral de Californie a tranché le 13 octobre dernier. En procès depuis près d’un an, onze acteurs de la filière cuir exotique ont remporté une première bataille juridique. L’État de Californie (États-Unis) a annulé temporairement l’interdiction de vendre les peaux de crocodile et d’alligator. Fières représentantes de leur secteur lors de l’audience, Christy Plott, dirigeante de la tannerie American Tanning & Leather, et Béatrice Amblard, créatrice de la marque April in Paris et professeure de maroquinerie, mènent l’offensive.

Un combat juridique de longue haleine

En décembre 2019, le code pénal californien impose l’interdiction totale de vendre des peaux de crocodiles du Nil, Porosus et d’alligator mississippiensis. L’État stipule qu’à partir du 1er janvier 2020, il sera illégal d’importer toute partie du corps d’un de ces animaux à des fins commerciales et que les préjudices s’élèveront entre 1 000 et 5 000 dollars d’amende et/ou six mois d’emprisonnement. À l’annonce de ces nouvelles restrictions, Christy Plott et Béatrice Amblard, soutenues par deux avocats, décident de faire entendre leurs voix pour préserver la production de ces cuirs exotiques et poursuivent en justice l’État de Californie. Le procès s’intitule April in Paris, à l’image de la marque de Béatrice Amblard, et révèle les conséquences économiques dévastatrices et irréversibles d’une telle décision. Après un long débat, le juge fédéral de Californie a finalement décidé de reporter le verdict à l’année prochaine, laissant un certain répit aux acteurs de la filière cuir exotique.

Si l’interdiction était décrétée, la revente de peaux de crocodiles et d’alligators serait illégale. Or, « celle-ci représente 30% du marché américain », nous rappelle Béatrice Amblard – Photo © AMTAN.

Une décision lourde de conséquences économiques

Si l’interdiction était décrétée, la revente de peaux de crocodiles et d’alligators serait illégale. Or, « celle-ci représente 30% du marché américain », nous rappelle Béatrice Amblard. « La Californie, tout comme la Louisiane et la Floride, sont des états majeurs dans le commerce de cuirs de crocodiles et d’alligators. Pour exemple, celui-ci constitue à lui seul 30 à 40% des recettes de ma marque April in Paris. » Artisan depuis toujours (NDLR – elle a été formée à la sellerie-maroquinerie et a œuvré pendant 14 ans chez Hermès), Béatrice Amblard a fait des peaux exotiques sa spécialité et source notamment ses matières chez American Tanning & Leather. Elle se sent donc plus que jamais concernée lorsqu’il s’agit de défendre sa filière. « Nous sommes heureux d’avoir gagné ce temps de répit car bloquer la commercialisation du crocodile et de l’alligator serait catastrophique d’un point de vue économique. L’intégralité des maillons de la chaîne, qu’il s’agisse du fermier, du fabricant ou du revendeur, se retrouverait sans emploi. »

C’est l’organisme fédéral Fish & Wildlife, qui milite pour la gestion et la préservation de la faune, qui veille au bon respect de ces pratiques. Chaque peau doit notamment être identifiée par un numéro de série unique pour être tracée, et respecter les règles de l’État dans lequel elle est commercialisée – Photo © AMTAN.

Un commerce déjà sous contrôle

Le procès April in Paris ne concerne que les cuirs de crocodiles du Nil, le Porosus et l’alligator mississippiensis. Bien que ces trois espèces ne soient pas menacées d’extinction, leur commerce est techniquement prohibé depuis les années 1970. Dès lors, l’industrie des peaux exotiques s’est battue pour ne pas faire entrer en vigueur l’interdiction ; c’est pourquoi la commercialisation est régulée par la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et flore sauvages menacées d’extinction) pour qu’il n’y ait pas une utilisation des peaux de crocodile et d’alligator incompatible avec leur survie. En ce sens, les échanges interétatiques de cuirs sont autorisés sans permis, à condition que le vendeur se conforme aux restrictions de la CITES. C’est l’organisme fédéral Fish & Wildlife, qui milite pour la gestion et la préservation de la faune, qui veille au bon respect de ces pratiques. Chaque peau doit notamment être identifiée par un numéro de série unique pour être tracée, et respecter les règles de l’État dans lequel elle est commercialisée. La Californie est l’un des États les plus stricts concernant la législation sur la revente des peaux. Affaire à suivre…

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Rédaction Emma Roesslinger

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