Un prix et de belles perspectives pour Larfeuille

La boutique-atelier de Larfeuille à Paris permet aux clients de voir de leurs propres yeux la fabrication - Photo © Larfeuille.

À l’orée de ses cinq ans d’existence, la marque de maroquinerie parisienne reçoit les honneurs d’Au-Delà du Cuir. Un sérieux coup de pouce pour une entreprise déjà en bonne voie.

Un modèle qui fait ses preuves

Depuis notre dernier article en février 2022 dans une présentation groupée de jeunes labels unisexes, Larfeuille a bien grandi. En 2024, la marque a réalisé près de 2 000 pièces pour un chiffre d’affaires d’environ 250 000 euros et a clôturé l’année à l’équilibre. Elle emploie maintenant deux artisans à plein temps et un à mi-temps, un salarié en charge des réseaux sociaux et six personnes travaillant à leur domicile selon les techniques propres à la jeune maison. « En plus de la solidité qu’elle induit et la réparabilité qu’elle permet, la fabrication 100% manuelle, avec des montages en lignes droites au point de sellier, facilite la formation même de novices en recherche d’activité à domicile pour compléter leurs revenus », explique le fondateur Jérôme Auriac.

Une offre mixte en croissance

L’offre, tout en restant indifféremment adressée aux femmes et aux hommes, s’est, elle aussi, considérablement développée avec au total près d’une quarantaine de références. 90% de la production est aujourd’hui consacrée aux sacs, dont une douzaine de modèles est proposée dans divers formats et couleurs. « Sans vraiment de best-seller » précise Jérôme Auriac, avant toutefois d’ajouter que « la ligne Leather Kraft (lancée lors de notre premier article il y a trois ans, dans l’idée d’imiter les sacs de courses en papier avec un cuir froissé – NDLR) a été notre premier gros succès commercial et nous l’avons étendue avec des déclinaisons en petits formats et en bananes ». La collaboration en octobre 2024 avec la célèbre marque de prêt-à-porter féminin Sézane, reprenant deux sacs de cette ligne avec, à l’intérieur, une pochette fabriquée à partir de chutes de cuirs ou de tissus Sézane, a d’ailleurs été une réussite aussi réjouissante que fulgurante. Dernier entrant dans l’offre de Larfeuille, le modèle So revisite la forme seau selon les usages d’aujourd’hui. Même si elle ne représente plus que 10% des ventes, la petite maroquinerie n’est cependant pas en reste. À côté des traditionnels porte-cartes, portefeuilles et autres étuis à écouteurs ou à lunettes, une gamme pour le bureau élargit le choix avec des produits comme des sous-mains, des tapis de souris, des dessous de choppes ou des porte-documents. Dans cette veine, une collaboration a d’ailleurs vu le jour en février 2024 avec la marque de papeterie Papier Tigre sous la forme d’un protège-carnet.

100% cuir tannage végétal

L’approche matière de Larfeuille n’a pas changé et reste fidèle au cuir de tannage végétal tanné en Toscane à partir de peaux de bovins élevés en Bretagne et en Normandie. « J’aimerais, un jour, pouvoir proposer des produits 100% français, fabriqués avec du cuir tanné en France, confie le jeune dirigeant. Mais pour l’instant, avec une consommation de 700 à 800 m² de cuirs par an, nous restons en exclusivité avec notre fournisseur italien qui nous fabrique douze coloris. La conception de nos objets se fait toujours dans l’objectif d’optimiser l’utilisation de la matière. » Rappelons qu’avec son modèle de boutique-atelier, tous les produits sont fabriqués à la demande et livrables sous une quinzaine de jours. Ce qui présente l’avantage de ne pas générer de stock, de s’adapter au plus près à la demande du client, en lui laissant le choix du cuir, de la couleur, du fil de couture et la possibilité de graver ses initiales sur son article et de pratiquer des prix très raisonnables, entre 100 et 550 euros pour les sacs par exemple.

Le court et moyen terme sous de bons auspices

Pour l’instant limitée à l’adresse parisienne et à une douzaine de détaillants revendeurs en Allemagne, Belgique, Italie, États Unis et Japon, la distribution est appelée à progresser. « Nos produits plaisent beaucoup aux étrangers qui constituent actuellement la moitié de notre clientèle. D’ici trois ans, nous aimerions avoir une cinquantaine de points de vente hors de France et même dupliquer notre modèle de boutique-atelier au Japon, où les savoir-faire et les types de cuirs se rapprochent de ce que nous avons en France. D’ailleurs, nous serons présents à l’exposition Art de Vivre à la française à Tokyo en juin prochain », déclare Jérôme Auriac. En pleine levée de fonds pour développer son activité, à l’export et aussi en digital, pour les cinq prochaines années, Larfeuille fait par ailleurs partie de la promotion 2025 d’Au-Delà du Cuir (ADC), l’incubateur de la filière cuir. Inutile de préciser que la récompense arrive à point nommé pour la jeune griffe. Accompagnée pendant trois ans, avec l’expertise de professionnels chevronnés dans tous les domaines et des rendez-vous de suivi tous les trois mois, l’entreprise ajoute ainsi une sacrée corde à son arc. « Je bénéficiais déjà de l’aide de mes actionnaires, passés tous par des grandes maisons. Mais la structure d’Au-Delà du Cuir m’apporte un conseil complémentaire à 360° encore plus pointu dans des domaines comme le digital, un accès à une masse d’informations et pourquoi pas une évolution de nos techniques de production, se réjouit notre interlocuteur. Cela nous sort aussi de l’isolement et nous procure des contacts et des échanges avec d’autres marques dans des situations similaires à la nôtre. » C’est donc sereinement que Larfeuille pourra fêter ses cinq ans en juin, en même temps que le bouclage de sa levée de fonds et viser sérieusement « les 3 000 pièces fabriquées en 2025 et les 5 000 pièces à l’horizon 2028 ». Surtout que d’autres collaborations, encore confidentielles, sont prévues prochainement.

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Rédaction François Gaillard

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