Rose Saneuil repousse les limites de la marqueterie
Les Talents du Luxe et de la Création 2024 l’ont non seulement nominée pour son innovation mais aussi primée dans la catégorie Métiers d’Art. Rose ...
Depuis trois ans la créatrice Maria Lye élabore des collections d’accessoires en peau lainée colorée, pop et modernes pour adultes et enfants. Partie du constat que les chutes de ces magnifiques peaux étaient peu utilisées, elle décide de les valoriser en créant des produits simples et fonctionnels mais visuellement forts. Depuis la semelle, produit phare à l’origine de la marque, elle a fait évoluer sa vision, propose désormais des collections d’accessoires complètes et fourmille de nouveaux projets. Rencontre avec la créatrice dans son atelier parisien.
Auréolée du premier prix du concours de fin d’année de son école en Fashion Design and Technology, la créatrice australienne Maria Lye est arrivée dans les années 2010 à Paris. Après une troisième année d’études à Mod’Art International, elle travaille en tant que styliste pour plusieurs marques, dont Majestic Filatures. Puis en 2015, alors qu’elle est Assistante Designer en charge de la production chez Inès & Maréchal, elle découvre la matière pour laquelle elle va se passionner : la peau lainée Mérinos.
Elle réalise que les chutes de peaux sont largement inexploitées et commence à expérimenter et à créer des modèles avec les restes qu’elle récupère dans les ateliers. Le froid mordant des hivers parisiens l’inspire et c’est un produit fonctionnel, la semelle en peau de mouton, qui va lancer en 2016 l’aventure Toasties.
Attirée par l’épure des formes et convaincue qu’un design simple appliqué à un produit utile est la meilleure recette pour commencer son approche créative, elle creuse ce sillon et décide de valoriser le matériau qu’elle trouve dans les chutes des plus grandes maisons de mode. Les rebuts multicolores sont soigneusement triés pour insuffler une palette pop chatoyante et la laine Mérinos est contrecollée sur du liège naturel afin de proposer un produit en taille unique, à charge pour le client de suivre les pointillés pour le découper à sa pointure exacte.
Le succès est rapide et dès Noël 2017 Toasties se voit proposer un stand au Bon Marché. Forte de ce démarrage en trombe la créatrice souhaite rapidement s’attaquer à d’autres objets du quotidien qu’elle veut réinterpréter en peau de mouton colorée. La marque restera mono matière, mais se doit d’être multi-produits. Pour se développer, Maria Lye va s’appuyer sur les meilleurs fournisseurs et façonniers.
La jeune entrepreneuse est passionnée par le travail de mégisserie et continue à travailler avec les chutes mais aussi avec des peaux qu’elle trouve désormais chez Rial.
La mégisserie tarnaise la suit depuis le début avec de petites commandes et est devenue son partenaire, la fournissant en peaux Mérinos australiennes ou espagnoles. Elle développe sa marque en bénéficiant des conseils précieux de ce grand spécialiste français de la peau lainée et des savoir-faire uniques du technicien teinturier qui développe désormais pour elle des couleurs sur-mesure, dont elle apprécie les nuances très saturées qui gardent leur luminosité.
Pour s’assurer que les déchets sont limités au maximum, le placement des patronages, le sens du poil et la découpe des peaux à l’emporte pièce restent une phase très surveillée du processus de fabrication et ce, même lorsque l’atelier doit faire réaliser cette étape par son partenaire portugais. De même, toutes les chutes sont triées et stockées en vue d’être réutilisées pour la production. Le cœur des peaux est utilisé pour la réalisation de petits articles, comme les porte-monnaie. Ce qui ne peut être réutilisé est envoyé à La Ressourcerie où les chutes feront le bonheur d’autres créateurs.
Les produits sont élaborés artisanalement entre l’atelier parisien, celui situé en banlieue parisienne et le Portugal. Une attention particulière est portée aux finitions et au contrôle qualité, réalisés à Paris. Chaque peau est utilisée spécifiquement en fonction de ses particularités, l’uniformité de la couleur, les ondulations plus ou moins régulières… La matière est travaillée, notamment en la peignant, afin d’obtenir le rendu désiré. Une somme de savoir-faire importante pour la créatrice, qui souhaite élaborer des produits faits pour durer, réalisés par des artisans chevronnés, dans les règles de l’art.
La collection s’est étendue à une gamme complète d’accessoires, allant du col Claudine aux moufles, en passant par la selle de vélo, la cagoule ou le sac banane. Une panoplie complète d’objets utiles, simples, pour tous les âges, tous les genres, revisités dans une matière moelleuse et chaude et dans une gamme de coloris naturels ou saturés allant du beige au rose sorbet en passant par le vert émeraude.
Maria nous confie que si la création est son domaine réservé, elle ne s’est pas toujours senti l’âme d’une entrepreneuse. Il lui a fallu patiemment forger son expérience avant de maîtriser les arcanes de la gestion, de la communication et du marketing, qui plus est dans un pays et une langue qui lui étaient étrangères.
Dans cette démarche elle a été accompagnée par le dispositif d’aide au développement d’entreprises de la filière cuir, Au-Delà du Cuir (ADC). Un soutien matériel très utile pour pouvoir participer à des salons et développer des outils de communication, mais aussi un apport en conseils et du networking avec les autres marques incubées.
Toasties possède désormais une centaine de distributeurs triés sur le volet dans le monde entier. À Paris, Merci et le Bon Marché commercialisent les collections, mais aussi Baycrew’s au Japon ou Beymen en Turquie. Toasties est présente sur de nombreux salons professionnels et souhaite se développer plus dans le nord de l’Europe et aux États-Unis. Le produit séduit évidemment en priorité les pays aux hivers rigoureux et Maria Lye recherche des agents qui pourraient l’aider à y développer son réseau.
Elle souhaite aussi pouvoir annualiser ses ventes et a développé une collection lifestyle qui pourra fonctionner toute l’année. Une gamme de plaids et de coussins, travaillés en patchworks de couleur verra bientôt le jour. Une jolie façon aussi de valoriser les plus petites pièces à recycler dans la production.
La créatrice souhaiterait revenir au vêtement dans un futur proche et pense déjà à créer de bons basiques mono-taille et unisexes, pouvant être portés par toutes les morphologies.
Internet et le site marchand sont aussi un bon moteur de croissance pour la jeune marque. Maria Lye maîtrise parfaitement les codes de communication des réseaux sociaux et gère elle-même le compte Instagram de Toasties. Un contenu qu’elle veut inspirant, poétique et drôle mais aussi didactique. Elle mettra en ligne prochainement un documentaire réalisé sur le tri des peaux afin d’informer toujours plus les consommateurs sur les process de fabrication. Une démarche en parfaite cohérence avec les valeurs de la marque.
Inscrivez-vous à la Newsleather pour recevoir nos articles à votre rythme et selon vos préférences de thématiques.
Rédaction Hélène Borderie
Photos © Julie Berranger
Les Talents du Luxe et de la Création 2024 l’ont non seulement nominée pour son innovation mais aussi primée dans la catégorie Métiers d’Art. Rose ...
Lancée dans la capitale en 2023, Léclisse fait partie des marques françaises prometteuses. Ses sacs d’apparence minimaliste résultent d’un savoir-faire ...
L’actualité récente de deux jeunes marques françaises proposant des baskets en cuir montre que ce créneau hybride entre formel et décontracté est dans ...