La botte camarguaise, labellisée après la charentaise
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En 40 ans le gant de ville en peau est passé du statut de produit de nécessité porté tout au long de la journée à celui de produit de luxe. Il se réinvente depuis sous l’influence de maisons de mode et de gantiers d’exception. La créatrice Thomasine Barnekow pousse le raffinement à l’extrême et travaille le gant comme un objet architectural qui donne le ton d’une silhouette forte.
Diplomée en Conceptual Product Design de la Design Academy Eindhoven en 2007, Thomasine Barnekow est passionnée par l’objet. Si elle a choisi le gant, il y a maintenant une dizaine d’années, pour exprimer cette passion, c’est parce qu’il a cette présence qu’elle affectionne, proche de celle des bijoux et parce qu’il reste assez peu exploité par les créateurs, au contraire de la chaussure.
Dès sa première collection, Peau Précieuse, elle reprenait cette idée du gant comme archétype ornemental en créant des pièces qui semblaient dissimuler des bracelets tout en épousant intimement leurs formes. Thomasine Barnekow insiste sur l’importance du geste, sur le mouvement de la main. Le gant vient prolonger ce mouvement.
La conception de ses modèles passe par la réalisation de croquis consignés dans des carnets, aux côtés de ses recherches de matières, mais surtout par la création de petits modèles en volume. Héritage de sa formation de designer sans doute, la créatrice préfère sculpter la matière et visualiser ses objets en 3D. Elle se passionne pour l’architecture et s’est inspirée du travail de l’architecte Oscar Niemeyer pour sa collection Os Moderne qui reprend une structure d’exosquelette très futuriste.
Thomasine Barnekow réalise tous les modèles de sa ligne Haute-Couture elle même, dans son atelier du Marais à Paris. Elle s’est formée de façon empirique, en observant le travail des gantiers et pratiquait depuis longtemps les travaux d’aiguilles, hérités d’une longue tradition familiale. C’est un exercice qui pour elle mélange précision, savoir-faire et créativité et possède des qualités méditatives, tant elle passe de temps seule à créer une pièce. Elle dit aimer donner le temps au produit pour se faire car il doit ensuite traverser le temps pour durer.
Évidemment chaque paire est unique et réalisée avec le plus grand soin, doublée de soie ou de lainage cachemire. Sa matière de prédilection reste l’agneau, pour sa souplesse et sa plasticité, qu’il soit plongé ou velours. Il prendra la forme de longs gants enveloppant tout le bras jusqu’à l’épaule et s’ornant d’oiseaux de cuir, de volutes de soie ou de papillons en tulle.
Ces modèles uniques sont aussi destinés à son travail pour des maisons de couture, le spectacle vivant ou bien le cinéma. On a pu admirer ses pièces sur la scène de l’Opéra de Paris dans Rigoletto ou Tosca et dans le dernier film de Luc Besson, Valérian. Elle collabore aussi depuis de nombreuses années aux défilés du créateur belge Walter Van Beirendonck pour lequel elle crée de fantastiques gants ornés de patchworks surréalistes. Elle a récemment collaboré avec la jeune marque française Gauchère, créant pour l’automne 2017 des gants longs, mélanges de peau d’agneau et de peau lainée, pour un effet de manchons très graphique.
La marque se développe aussi sur une gamme de gants en prêt-à-porter, plus accessible, mais tout aussi créative, destinée aux femmes comme aux hommes. Cette dernière est produite avec le même soin en petites séries par un atelier hongrois.
Elle y alterne le travail sur des peaux très souples avec des matières plus rigides ou des finitions qui structurent ses modèles. L’agneau ou le chevreau sont gansés, passepoilés ou ornés de manchettes en tulle ou encore lestés d’une chaîne en plexiglas. Elle mixe les pliages et origamis, tresse de larges bandes d’agneau plongé. Ses mitaines New-York s’articulent autour d’une bande de peau s’enroulant sur elle-même à l’infini comme un ruban de Möbius. Elles épousent les formes avec leurs découpes hautes sur la paume de la main et leurs petits boutons pression de fermeture.
Thomasine Barnekow aimerait pouvoir travailler sur ses collections avec un atelier français, mais ses quantités restent modestes. Elle a été remarquée et soutenue depuis le début par Alric et Bodin-Joyeux, qui lui fournissent des matières d’exception et pour lesquels elle a réalisé des pièces ornementales inspirées des végétaux sur le salon Première Vision Leather.
Le rêve de la créatrice est de faire porter des gants à ceux qui n’en portent jamais. Ses expérimentations avec des pièces comme les Coquillages de Main, qui tiennent plus de la pièce de joaillerie en agneau, veau, galuchat ou peaux exotiques, tendent définitivement dans ce sens.
Rédaction Hélène Borderie
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