Digitalisation
« En 2017, une PME française sur deux considérait encore que le digital était un phénomène de mode et refusait d’y investir », rappelle Philippe Mutricy. Ce temps est bel et bien révolu. Si l’économie a survécu pendant la pandémie, c’est grâce au digital. Celui-ci a connu une énorme accélération pendant cette période, et aujourd’hui, toutes les entreprises sont devenues digitales. Mais leur digitalisation n’est pas encore aboutie. « Pour l’instant, on a encore trop tendance à réduire celle-ci au premier stade, c’est-à-dire à l’utilisation d’outils comme un site internet, des visioconférences. Le stade ultime, celui d’une digitalisation totale de sa chaîne de production industrielle (via un ERP par exemple), ne pourra pas forcément s’appliquer à un artisan du cuir. En revanche, il s’agit maintenant de dépasser le premier stade pour s’attaquer à une véritable transformation digitale en profondeur de toutes les entreprises. » À cette fin, l’expert recommande de se situer dans une matrice comprenant quatre axes : le client final, l’organisation, l’écosystème et l’offre. Pour réaliser une digitalisation optimum, il s’agit, par exemple, de quitter un modèle où l’on s’adresse à un client passif pour en adopter un nouveau où il est consulté sur les innovations, les campagnes de communication… « Chaque client est un créateur en puissance, qui a envie d’imaginer un produit personnalisé. Il faut le faire entrer dans une communauté de clients privilégiés, via un réseau social comme Instagram, pour lui permettre de participer aux grandes orientations des produits. »
Respect du climat et de l’environnement
Déjà en 2018, rappelle Philippe Mutricy, 80% des chefs d’entreprises estimaient que le changement climatique appelait une réaction d’urgence. Mais à l’époque, seulement 51% intégraient l’enjeu climatique dans la stratégie de leur entreprise et 32% suivaient les sujets climatiques en interne. « Tout le monde était plutôt attentiste et se demandait qui allait se lancer le premier : l’État, son client, son fournisseur ? Depuis, on a assisté à une accélération très forte de ces enjeux. La guerre en Ukraine a aussi considérablement dopé les énergies vertes », observe l’expert. « Pour aller encore plus loin, les entreprises ne doivent pas hésiter à se faire aider par des structures comme Bpifrance, l’ADEME ou des consultants », estime Philippe Mutricy qui recommande le dispositif du Diag Eco-Flux. Proposé de concert par Bpifrance et l’ADEME, il permet d’analyser ses flux entrants (eau, énergie) et sortants (déchets). « Alors qu’il ne coûte, en une seule fois, que 5 000 euros, il permet d’économiser chaque année, et de façon récurrente, 50 000 euros en moyenne ! »
Bien sûr, l’assimilation des 8 Megatrends dégagées par Bpifance Le Lab n’est pas une assurance tous risques. « Si elles permettent de se projeter, il ne faut pas totalement exclure l’irruption d’un nouveau cygne noir, soit un évènement imprévisible comme l’a été la pandémie, reconnaît Philippe Mutricy. Une telle éventualité incite donc à intégrer tout particulièrement la quatrième Megatrend, la dimension de flexibilité et résilience, qui permettrait de mieux faire face si un cygne noir montre à nouveau le bout de son bec.
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