Tendances cuir homme prêt-à-porter printemps-été 2026
Compagnon de l’intime, le cuir comme une carapace, ou comme le révélateur de la personnalité. Simple atour d’un moment de mode éphémère ou engouement ...
Dans le cadre de sa tournée européenne de présentation de sa prochaine édition, le salon Lineapelle a présenté, à Paris, les tendances cuir pour la saison automne-hiver 2026-27, à découvrir du 23 au 25 septembre à Fiera Milano Rho. Compte-rendu.
Le vintage n’en finit pas d’inspirer la génération Z. À l’écoute de cette génération, grande consommatrice de luxe, les entreprises du cuir s’emparent de cette tendance qui valorise les vertus du temps et du rapport durable au produit. Leur approche ? Conjuguer ce goût du vintage avec leur savoir-faire d’exception pour sublimer la précieuse matière avec élégance, raffinement et durabilité. « Cette approche constitue le « MVP » (produit minimum viable) sur lequel baser les prochains développements cuir, préconise d’emblée Orietta Pelizzari, Consultante mode internationale, chargée de décrypter les tendances, sous la houlette de Fulvia Bacchi, CEO de Lineapelle et General Manager de l’UNIC (Unione Nazionale Industria Conciaria – l’association des industries du cuir transalpine, organisatrice de Lineapelle – NDLR).
L’innovation réside donc dans cette capacité à reformuler une vision intemporelle du cuir à l’allure vintage. L’emblématique blouson en cuir l’illustre parfaitement : intemporel, il traverse les époques sans jamais se démoder. Dans un autre registre, le motif coquillage choisi pour l’affiche de la prochaine édition : sa stylisation graphique évoque ce que découvriront les visiteurs, soit des couleurs et effets intemporels pour un rendu résolument moderne. Un cuir ancré dans la soutenabilité du vivant.
Matière vivante par excellence, le cuir possède des atouts naturels pour exprimer cette beauté du vécu tant recherchée : texture grainée, ridules authentiques, patine naturelle… Les artisans maîtrisent des techniques raffinées pour révéler ces singularités : veines sublimées par des délavages subtils, textures veloutées par le nubuck, effets fumés qui habillent d’élégance l’aspect vieilli, effets craquelés, gaufrés ou pliés qui magnifient le vécu de la matière.
L’uniformité traditionnelle de la peau d’agneau se trouve délibérément rompue. Ses surfaces sont brisées par de petites rides et légers plis créés par des lavages et procédés comme le broyage à sec. Pour Orietta Pelizzari, une peau emblématique de cette tendance s’incarne parfaitement dans les cuirs vernis : habituellement associés au vintage avec leur texture grasse destinée à un usage casual, ils se métamorphosent désormais en un rendu élégant et classique grâce aux finitions soyeuses.
L’émotion du cuir vieilli évoque celle d’un bois au toucher naturel. Cette beauté de la matière qui traverse le temps invite avant tout à l’expérience sensorielle. Le toucher prime toujours pour apprécier la qualité d’un cuir mais, cette saison plus encore, qu’il s’agisse de motifs en relief ou de volumes amples, parfois volontairement gonflés.
Le rendu de ce vintage moderne se révèle éclectique et contrasté : cuirs sophistiqués rehaussés d’effets dentelle contemporains, entrelacements subtils, encollages techniques, découpes géométriques modernes… Une palette créative qui oscille entre douces décorations et épurement radical.
« La couleur constitue l’élément le plus important à expérimenter cette saison », selon Orietta Pelizzari. À double titre : elle détermine d’abord la qualité d’un cuir responsable. Les entreprises privilégient désormais les pigments certifiés. Ensuite, les technologies modernes des tanneries ouvrent un champ créatif quasi infini en matière de tonalités. La tendance privilégie une gamme chromatique contrastée, reflet de l’éclectisme des marchés et des goûts contemporains. « Le mot clé, c’est la dissonance », souligne l’experte. L’insertion de couleurs fortes et dissonantes vient dynamiser des looks délavés à l’allure délicatement rétro-futuriste.
Cette stratégie chromatique joue sur plusieurs registres : les tonalités délavées et vieillies prisant les neutres, contrastent avec des couleurs puissantes comme le violet rétro-futuriste, complétées par des teintes intermédiaires – roses poudrés – et des couleurs urbaines dans les gris. L’inspiration seventies revisite ces gris urbains, tandis qu’émerge une palette « rétro-intellectuelle » d’inspiration musicale (années 70-90) qui célèbre le vif : bleus violets, bleus froids, bordeaux profonds, rouges flamboyants, sans oublier un vert inattendu – brillant, acide, éclatant.
Techniquement, les procédés de passing et semi-passing permettent l’absorption optimale de la couleur par la peau, sur une ou deux surfaces, tout en garantissant la tenue dans le temps. Chaque entreprise peut ainsi explorer la couleur quel que soit son marché. Cette approche de la couleur comme levier d’innovation – et non simple tendance – est particulièrement saluée par Olivier Guillemin, présent à la conférence. Fort de son expérience en tant que Président du Comité de la Couleur et Directeur des Tendances et de la Création du salon APLF, à Hong Kong, il observe notamment : « Le travail de la couleur a toujours su propulser les entreprises du cuir. Avec cette matière, l’approche sensorielle de la couleur possède une force d’attraction unique, bien supérieure à celle de la plupart des tissus. »
À l’occasion de Lineapelle, c’est toute la ville qui se mobilisera autour du salon et du cuir, « un concept très milanais », souligne Luigi Ferrelli, Directeur du bureau parisien de l’ITA (Italian Trade Agency). La matière millénaire sera célébrée à travers ses nombreuses applications, bien au-delà de la mode : l’ameublement, l’automobile. Cette année marque une première : le défilé de créateurs qui utilisent le cuir dans leurs collections, avec le soutien de Lineapelle, se tiendra dans le centre historique de Milan. Une dimension symbolique forte qui visibilisera davantage la matière millénaire. Le directeur rappelle également « la place importante du cuir dans les relations franco-italiennes », chiffres à l’appui : « la France occupe aujourd’hui le quatrième rang mondial des exportateurs et le troisième rang des importateurs de la filière cuir. Les exportations de matières premières (cuirs bruts et finis) ont dépassé les 400 millions d’euros en 2024. L’Italie constitue la principale destination de ces exportations françaises. En parallèle, les importations françaises de matières premières ont atteint plus de 600 millions d’euros, l’Italie représentant le principal pays fournisseur avec 38% de parts de marché. »
Entre tradition et disruption, le cuir prouve sa capacité à se réinventer à l’aune d’une filière d’excellence.
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Rédaction Stéphanie Bui
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