Tanneries Mégisseries du Maghreb, une technologie de pointe

En Tunisie, les Tanneries Mégisseries du Maghreb (TMM) sont l’un des acteurs incontournables de la filière du cuir. Situé à Grombalia dans la région de Nabeul, le site ultra moderne offre un processus de production intégral, de l’approvisionnement en peaux brutes jusqu’au traitement et finissage. Cette tannerie, la plus importante d’Afrique, certifiée ISO 9001 depuis 2001, est aussi l’une des mieux référencées à l’échelle européenne. Visite des installations avec Sofiène Ben Amar, Directeur Général Adjoint de TMM.

Produire en Tunisie, quels avantages ?

« Il est vrai que produire en Tunisie coûte plus cher qu’en Asie mais nous offrons de nombreux atouts », explique de but en blanc Sofiène Ben Amar. « Tout d’abord nous sommes géographiquement proches de l’Europe. Nous disposons de procédures douanières très simplifiées permettant aux fabricants tunisiens, qu’ils soient tanneurs ou fabricants de produits finis en cuir, d’expédier leur marchandise. Le délai de livraison ne prend que 24 heures ou parfois moins suivant le port de destination. »
Par ailleurs, la flexibilité en matière de quantités produites joue un rôle prépondérant pour les entreprises européennes qui, grâce à cette proximité, ne sont pas contraintes de devoir passer des volumes importants. « Ici on peut aussi commander de petites séries, semaine par semaine, même si nous avons un minimum imposé par nos équipements de production. Je suis en relation avec des marques qui vendent leurs produits finis directement en boutiques et qui achètent des blousons ou des sacs à main fabriqués ici, en Tunisie. Ils valident leurs commandes en petites quantités le lundi matin, sur plusieurs modèles et couleurs, le samedi le fabricant leur livre la marchandise, et le lundi suivant ils reçoivent les produits étiquetés en magasin. C’est un avantage concurrentiel. Et tout cela s’articule avec les bureaux de style des marques.  Les labels français ou italiens, par exemple, consultent leur styliste ou modéliste pour produire leur collection en Tunisie. Parfois ils font l’aller-retour dans la journée ! Ce qui est impossible à faire en Asie… » Aussi, la connaissance de la langue française et de la culture européenne est un facteur qui facilite énormément la communication. Enfin, la production se réalise en collaboration triangulaire. « Nous travaillons à la fois avec le fabricant et la marque finale, qui est celle qui conçoit tout dès le départ. Par contre, elle se désengage de l’achat des matières réalisé par le fabricant. »

Aujourd’hui, 50% de la production de TMM est destinée aux sacs à main, 40% aux chaussures et 10% à l’habillement.

Des produits classiques de haute qualité

Les peausseries multicolores, essentiellement ovines et bovines, sont exposées dans un showroom alignant les modèles classiques et les dernières tendances du secteur. Les peaux brutes fraîches sont collectées directement auprès des abattoirs dont 70% sur le marché local. Le reste des peaux, indisponibles sur le territoire, sont importées d’autres pays voisins nord-africains, européens ou sud-américains. Chez TMM, le cœur de collection demeure classique, les bons basiques l’emportent sur les tendances de niches tels les cuirs dorés, gaufrés ou imprimés. « Notre point fort c’est la régularité, la fiabilité, la qualité et la constance. Nous ne sommes pas une tannerie fashion… », ajoute le Directeur Général Adjoint.
Aujourd’hui, 50% de leur production est destinée aux sacs à main, 40% aux chaussures et 10% à l’habillement. Il y a dix ans, les volumes étaient inversés car la demande en accessoires était inférieure à la production de vêtements en cuir. « Maintenant la maroquinerie a davantage de succès, c’est tendance. Toutes les marques qui n’avaient pas de lignes d’accessoires les ont développées. »

Le cuir « metal free », avenir de la tannerie ?

Depuis quelques années, TMM développe avec ses partenaires des cuirs exempts de métaux, ne contenant ni chrome, ni aluminium, ni zinc. « Le metal free a été normalisé par l’Europe. C’est à dire que l’ensemble des métaux contenus dans le cuir ne dépasse pas 1 000 ppm (parties par million). Nous livrons des articles en contact avec la peau qui ne sont pas allergènes et ne portent pas atteinte à l’environnement. »
Actuellement, 10 à 15% de la production de TMM est « metal free ». Ces cuirs sont un peu plus chers car le procédé de traitement est plus compliqué. « Depuis quatre ans nous faisons des essais. Nous avons été choisis comme tannerie pilote pour développer ce type de procédé écologique puisque nous sommes suffisamment en avance sur le secteur. »
D’ici 2024, de nombreuses marques internationales exigeront l’utilisation de cuirs exempts de métaux. Pour répondre à leur demande, TMM prévoit d’investir en équipements, formation et contrôle qualité. « Nous travaillons sur un marché qui exige de la qualité, et nous oblige à gagner en performance, même si cela impacte les volumes de production. »

La Tunisie figure parmi les premiers pays à avoir dès les années 60, promulgué des lois concernant le travail des mineurs, le respect des heures de travail, l’aménagement d’espaces lumineux et ventilés ainsi que des règles d’hygiène et de sécurité.

Un site respectueux de l’environnement

La structure de TMM a installé une station d’épuration qui traite 1200 mètres cubes d’eau par jour in situ. « Nous utilisons à peu près 50% de teinture végétale. Dans les pays africains ou asiatiques, le cliché veut que nous exercions notre activité sans respecter les normes environnementales. Mais ici, en Tunisie, les normes environnementales sont très strictes, pénales même. »
En effet, la norme tunisienne NT 106-002, qui concerne les rejets hydriques, est plus astreignante que les normes européennes. Ces dernières sont sectorielles et régionales, mais en Tunisie, chaque région et chaque typologie d’eau rejetée répond à ses propres normes. En Europe, par exemple, les entreprises pharmaceutiques doivent respecter d’autres normes que celles de la tannerie. Mais dans ce pays du Maghreb, il n’existe qu’une norme globale pour tous les secteurs confondus.
Autant dire que les peaux qui sortent de TMM doivent être impeccables. Une structure performante pour le traitement des eaux comportant l’utilisation de produits chimiques, biologiques ou tertiaires doit être mise en place avec : des machines de prélèvement en amont et en aval, un échantillonneur automatique 24 heures sur 24, et un taux d’exploitation assez contraignant.
La partie sociale n’est pas en reste. La Tunisie figure parmi les premiers pays à avoir dès les années 60, promulgué des lois concernant le travail des mineurs, le respect des heures de travail, l’aménagement d’espaces lumineux et ventilés ainsi que des règles d’hygiène et de sécurité. « Nous informons nos ouvriers de la toxicité des produits et leur imposons de se munir de protections. Pour nous c’est une question d’éthique. Et pour le bien-être du personnel, il y a un restaurant et des aires de repos à disposition. De la peau brute jusqu’au produit fini, il y a environ 45 à 50 étapes. Nos ouvriers doivent être épanouis pour être plus productifs car il s’agit avant tout d’un travail artisanal et du respect de cette matière noble qu’est le cuir. »

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Rédaction Anne-Sophie Castro
Photos © Olivier de Larue Dargere 

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