Jeanneret, des chaussures modernes et modernistes
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Loin des cothurnes aux semelles de bois dont elles tirent leur nom, les chaussures pensées par Camille Cour et Laure Chareton pour leur marque Socque sont un concentré élégant à l’esprit rock vintage et aux finitions soignées haut de gamme, le tout dans un positionnement d’entrée de luxe. Une démarche dans laquelle artisanat, prix maitrisés et développement durable marchent main dans la main.
C’est pendant la période de la première pandémie que Laure Chareton et Camille Cour ont mûri leur projet. Laure, alors spécialiste du marketing digital pour de grands groupes et Camille experte en stratégie de distribution, souhaitaient entreprendre dans un domaine créatif tout en créant du sens. Le soulier représente pour elles une pièce maîtresse du vestiaire féminin, proche du design, capable de véritablement transformer une tenue. Un bel objet fabriqué avec soin qu’elles ont eu envie de rendre plus accessible. Elles identifient le marché de la chaussure féminine comme encore très polarisé et entendent proposer des modèles faits main dans la tradition de l’artisanat bottier, en respectant des objectifs de durabilité et en maintenant une équation de prix la plus juste.
Pour atteindre leurs objectifs elles s’attèlent à ancrer la marque dans une esthétique intemporelle, permettant la construction d’un vestiaire cohérent, dépassant les effets de mode et resserrant la gamme proposée autour d’un modèle phare de bottine. Un choix qui permet aussi d’opter pour une production raisonnée aux stocks réduits.
Elles déclinent un vestiaire au style rock épuré et au souffle androgyne, s’inspirant initialement des mocassins penny loafers populaires dans les années 60, mais aussi des Beatle Boots, bottines ajustées sur la cheville à la forme mi-ronde, mi-carrée, portées par le groupe, ainsi que par Françoise Hardy tout au long des années 60 et 70.
Le vintage tient une place importante dans le stylisme de la marque et les deux créatrices s’inspirent aussi de belles pièces chinées. Elles ont intégré cet aspect de la seconde main qu’elles affectionnent tout particulièrement en travaillant sur une forme un peu « joufflue » et légèrement avachie, ainsi que sur des cuirs à la main souple. Une mise au point des modèles très précise et complexe qui nécessite l’expertise d’une spécialiste du modélisme, qui les accompagne dans leur aventure.
La mise au point de chaque modèle demande une année de travail. C’est le temps nécessaire à l’équipe pour s’assurer qu’ils répondent à toutes les exigences. Une styliste chaussure ayant travaillé pour Isabel Marant et Pierre Hardy les accompagne dans leur démarche, apportant le savoir-faire indispensable à la transposition de leurs recherches stylistiques et à la conception d’un chaussant équilibré. Chaque finition est pensée dans les moindres détails exprimant l’ADN de la marque et établissant une cohérence entre tous les modèles.
La collection s’est, en effet, étoffée et comporte désormais, outre la bottine Brighton sortie au lancement en février 2022, le mocassin Jasper, la mule plate Lucca et la botte haute Dakota. Pour l’hiver, un modèle inspiré des santiags va voir le jour, suivi d’escarpins à brides et enfin d’un modèle de sandales au printemps prochain.
La mise au point très précise et les exigences qualitatives des créatrices nécessitaient le choix d’un fabricant aux savoir-faire artisanaux rigoureux. Une recherche ardue pour une jeune marque qui souhaite se lancer avec de petites quantités tout en maîtrisant ses coûts de production. Une usine familiale portugaise, reprise récemment par la fille du fondateur, qui s’est reconnue à la fois dans le style et les engagements durables de la marque, a cru au projet. L’atelier a accepté de travailler sur de petites séries et des capsules, donnant naissance à une collaboration fructueuse. L’approche du travail moderne et la qualité des savoir-faire des artisans ont permis la réalisation des finitions luxueuses attendues, tout en maîtrisant les coûts de fabrication. Pour la production de l’escarpin qui sortira cet hiver, Socque s’est tournée vers un partenaire italien spécialisé.
Camille Cour et Laure Chareton sourcent elles-mêmes leurs matières et ont développé un catalogue de choix en France et en Italie. Elles privilégient l’utilisation de stocks dormants de grandes maisons, des cuirs bovins lisses issus des Tanneries du Puy ou Haas, de l’agneau et aussi de la chèvre trouvés grâce à Adapta Paris. En Italie, elles ont sélectionné les cuirs tannés sans chrome ni métaux lourds de chez Onda Verde. Les semelles et talons en fibre de bois et résine ainsi que les accessoires métalliques en laiton sont issus du recyclage et achetés localement. L’atelier pose aussi des patins en caoutchouc sur toutes les semelles. Un geste préventif augmentant la durée de vie des chaussures qui a son importance pour une clientèle amatrice de beaux souliers prête à débourser entre 230 et 430 euros pour acquérir une paire de la marque.
Si Socque a lancé son premier modèle grâce à un financement participatif et que les collections sont pour l’instant distribuées en direct sur le site de la marque, les deux entrepreneuses ont depuis le début élaboré une stratégie omnicanale plus traditionnelle. Elles ont perçu le risque pour un nouvel acteur placé sur le secteur du haut de gamme à se lancer à l’assaut du réseau multimarques sans l’appui d’un budget marketing conséquent. Elles voulaient pouvoir installer leur histoire, maîtriser la communication mais aussi se donner les moyens d’une croissance organique mesurée et d’une maîtrise de leurs prix. Toutefois, elles ont anticipé les limites de ce système de vente en direct via internet et notamment le manque de contact avec une clientèle dont les retours sont essentiels. Elles ont ainsi ouvert une boutique éphémère à Paris lors des fêtes de fin d’année en collaboration avec une marque de prêt-à-porter et une autre de bijoux. Les prémices d’une présence physique appelée à se développer. Lauréate 2023 d’ADC (Au-Delà du Cuir), l’incubateur des entreprises de la filière cuir, la jeune marque va bénéficier ces trois prochaines années d’un accompagnement personnalisé qui viendra conforter son développement.
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Rédaction Hélène Borderie
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