Renouard, une histoire de familles

Renouard propose en permanence ses intemporels, comme le modèle Ker Balmoral.

Au fil des générations, la maroquinerie Renouard a lentement et sûrement construit une marque sans jamais renier ses origines. Intemporelle et toujours pertinente, elle continue de faire ses preuves aujourd’hui. Portrait d’une maison aussi fiable qu’attachante.

Du harnais au sac à main

Le cuir est souvent une affaire de famille. Et l’histoire de la maroquinerie Renouard le prouve encore. Tout débute en 1891 à Plancoët, petite commune des Côtes-d’Armor, où l’aïeul Joseph Renouard fabrique des harnais et des sangles en cuir pour tirer les charrues. Mais quelques années plus tard, à la Belle Époque, le bourrelier sabotier saisit la manne touristique naissante dans la région et se reconvertit en réparateur de malles de voyage pour satisfaire les riches estivants venus prendre l’air marin dans les stations balnéaires voisines de Dinard et Saint-Malo. Une fois passé les affres des deux guerres, les successeurs se spécialisent dans les valises et sacs de voyage en cuir. « Et les sacs sont devenus de plus en plus petits, jusqu’à être de vrais sacs à main dans les années 1960 », raconte Régis Renouard, cinquième génération et actuel directeur de la création de la marque. L’entreprise recrute alors des représentants pour démarcher les nombreuses échoppes de maroquinerie présentes partout dans l’Hexagone. Mais, après un intermède durant les années 1980 pendant lequel elle se mue en sous-traitant pour les griffes de luxe, l’affaire familiale lance sa marque éponyme et ouvre, dans la foulée, ses deux premières boutiques à Dinard et La Baule. Pour soutenir son développement, dans les années 2000, la société cherche un investisseur. Elle ne perd toutefois pas pour autant son sens de la famille puisque c’est une autre lignée – originaire de Corse, celle-ci, séduite par l’esprit de tradition et le sens de la qualité de l’entreprise, qu’elle choisit pour entrer au capital. Aujourd’hui, les deux familles se partagent les responsabilités : majoritaire, Henri Giovanonni, entouré de son fils et de sa belle-fille, gèrent les finances quand Regis Renouard et son épouse – bientôt rejoints par leur fils actuellement compagnon en formation – s’occupent de la création.

Fief breton

Toujours basée dans le petit bourg breton, Renouard emploie aujourd’hui une soixantaine de salariés, dont une trentaine d’artisans à l’atelier. « Nous assurons nous-mêmes la formation des nouvelles recrues, souvent autodidactes, mais toujours motivées par la qualité et le travail bien fait. La fabrication de chaussures est un métier particulier, requérant d’autres savoir-faire que la maroquinerie. Nous la sous-traitons chez des façonniers italiens et espagnols » précise Régis Renouard. Tout comme les foulards et châles – en mélange cachemire et soie ou pure soie – également au catalogue de la marque et sous-traités. Le reste de l’offre – sacs à main, petite maroquinerie, ceintures et bijoux – est intégralement fabriqué sur place, ce qui a valu à Renouard l’attribution du label EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant) en 2019. Un service de réparation est également présent dans l’usine. « Nous proposons aussi à notre clientèle, souvent fidèle de génération en génération, de venir visiter notre manufacture où elle peut également acheter les produits ou profiter des remises à l’outlet », indique le responsable.

Une offre juste

À côté des classiques reconduits chaque saison, des nouveautés viennent enrichir l’offre deux fois par an. Les collections de chaussures – pour femmes uniquement – comprennent une trentaine de modèles ; celles de sacs à main, une quarantaine (dont environ dix nouveautés saisonnières et quelques articles pour hommes) ; la petite maroquinerie et les ceintures – mixtes toutes les deux – une trentaine ; et les bijoux, une vingtaine. Les soieries à motifs, créées à Plancoët, génèrent 5 à 10% des 5 millions de chiffre d’affaires que Renouard réalise annuellement. Les chaussures représentent à peu près 40% de l’activité et le reste provient de la maroquinerie. Privilégiant le rapport qualité-prix avec « un style plutôt élégant et intemporel », la marque pratique des prix accessibles, allant de 120 à 700 euros pour les chaussures et bottes, de 100 à 1 200 euros pour les sacs et de 30 à 150 euros pour la petite maroquinerie. « Les sacs de la gamme Prestige, plus luxueux, avec une doublure en cuir au lieu de l’alcantara habituel, des finitions manuelles, une garniture intérieure plus fournie ou fabriqués dans des peausseries plus nobles sont un peu plus chers », ajoute le directeur créatif. Pour satisfaire ses clientes, Renouard sait aussi faire preuve de souplesse, en proposant – au même prix qu’un sac de série et dans un délai de cinq semaines – une personnalisation des produits par le type de cuir, la couleur, le fil de surpiqûre, la métallerie dorée ou nickelée et le marquage des initiales.

Des cuirs adéquats

Pour ses quelque 4 à 5 000 mètres de cuir consommés annuellement, Renouard privilégie aussi la qualité avec de la vachette pleine fleur, à finissage pigmenté « pour plus de résistance à l’usage », embossée d’un grain mécanique ou lisse et foulonnée, ou poncée façon nubuck, et toujours teintée à cœur pour un rendu plus intense et une meilleure tenue de la couleur. « Nos clientes achètent souvent plusieurs pièces assorties ; il est donc important d’avoir une bonne homogénéité de la couleur sur toutes les gammes », argumente Régis Renouard. Les fournisseurs sont essentiellement italiens « pour des raisons de prix mais aussi de disponibilité des hauts grades de qualité, souvent accaparés par les griffes des grands groupes auxquels de plus en plus de tanneries françaises appartiennent », déplore notre interlocuteur. Mais la provenance des peaux est garantie européenne et la certification LWG (Leather Working Group) de rigueur.
Avec ses 14 boutiques aux « quatre coins » de l’Hexagone, Renouard couvre plutôt bien le marché français. « Nous réalisons régulièrement des opérations en boutiques pour fidéliser notre clientèle », ajoute Régis Renouard. Dernièrement, la marque a modernisé son site internet pour développer ses ventes en ligne qui représentent aujourd’hui environ 4% du chiffre d’affaires. C’est donc sur l’export que la marque veut à présent porter ses efforts, avec des points de vente, en propre ou en partenariat, jusqu’en Asie et aux États Unis. Un beau challenge pour une marque qui ne manque ni de modestie ni d’ambition.

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Rédaction François Gaillard

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