La transmission des savoir-faire
Car loin de l’image de l’artisan solitaire qui travaille dans son coin, Philippe Atienza tient au contraire à partager son savoir-faire et son expertise. L’atelier, agréablement situé sous une voûte du Viaduc des Arts, s’y prête particulièrement bien. Le client y entre et y circule aisément, au plus près des artisans avec lesquels il se sent ainsi libre d’échanger. Le lieu a en effet été pensé autour d’une double thématique : la valorisation des outils anciens et la transmission du métier.
µPhilippe Atienza collectionne des machines et des outils anciens depuis des années. C’est avec ces derniers, collectés tout au long de sa carrière professionnelle et auxquels il a parfois redonné vie, qu’il travaille aujourd’hui. Une démarche pour le moins paradoxale quand on sait que Philippe Atienza avait défendu, chez John Lobb, l’utilisation de la conception assistée par ordinateur (CAO) qui permet d’usiner des formes grâce à un logiciel adapté. S’il avoue avoir pris énormément de plaisir à travailler avec cet outil informatique, le thème de son atelier est aujourd’hui résolument tourné vers les machines et les outils pensés pour les artisans du siècle dernier.
L’atelier s’articule également autour d’une notion essentielle : le partage d’expérience. Celui-ci s’effectue à plusieurs niveaux. D’une part, l’atelier accueille des jeunes en apprentissage afin de leur enseigner le métier. D’autre part, Philippe Atienza dispense des formations (payantes) d’initiation et de perfectionnement à la botterie. Enfin, sa passion pour son métier et son souci de la transmission le pousse à collaborer avec diverses écoles de mode, dont il reçoit les élèves pour les conseiller au mieux sur la réalisation de leurs modèles. Le maître bottier apporte ainsi un regard plus technique à ces élèves, dont la formation est davantage axée sur la créativité.
Autant d’occasions de partage et d’échanges pour les artisans-bottiers, toujours soucieux de mêler savoir-faire traditionnels et recherches de matériaux innovants. Ces collaborations donnent lieu à des réalisations étonnantes, à l’instar d’une paire de souliers dame sans talons réalisée avec un socle en liège recouvert de fibre de carbone pour lui apporter de la résistance.
Mais si Philippe Atienza et son équipe ne sont pas hermétiques aux méthodes et aux matériaux actuels, qui font partie de leur savoir-faire, le maître bottier reconnaît toutefois préférer travailler de manière traditionnelle.