Les parures sculpturales de Jean-François Pereña font corps avec la matière

JF PERENA portrait
Depuis plus de 30 ans Jean-François Pereña sublime le cuir à travers des parures uniques et sculpturales - Photo © Grilhe.

Jean-François Pereña sublime le cuir à travers des parures uniques. Depuis plus de 30 ans, cet artiste atypique ne cesse d’explorer cette matière qui le fascine et lui permet d’entretenir un rapport intime, voire sensuel, avec le corps féminin. Le « bijou sculptural » comme il le définit, pétri de technicité, est sa signature.

Quel cheminement vous a conduit à la création de joyaux en cuir aux proportions imposantes ?

Formé à l’École des Beaux-Arts de Genève, je me prédestinais à la peinture. Lors d’une visite au marché aux puces de la ville, j’ai été subjugué par un lot de chaussures en cuir ayant appartenu à la femme du roi Farouk d’Égypte. Cette matière m’a littéralement happé par ses multiples apparences et déclinaisons. À la fois souple et résistant, le cuir retranscrit une certaine puissance et ouvre le champ des possibles par sa rugosité qui accroche la lumière, l’effet poli qui incite à la caresse, ses reflets … C’est devenu ma matière de prédilection à laquelle j’associe toute une palette d’autres matériaux, tel un peintre avec ses couleurs, pour mieux en révéler les différentes textures et expressions.

Votre approche des matières va bien au-delà d’une conception artisanale. Comment abordez-vous le travail du cuir ?

Les colliers représentent la majeure partie de mes créations même si je réalise également des bagues, bracelets, ceintures, broches, uniquement des pièces uniques. Dans mon atelier de Rochebaudin dans la Drôme provençale, je travaille sur mannequin couture à partir d’un patron en papier carton sur lequel j’appose un croupon. Le collier doit épouser le corps et se faire oublier par un juste équilibre entre des formes géométriques volumineuses et les exigences ergonomiques. Cette recherche architecturale engendre de fait un rapport particulier au corps et aux émotions suscitées. Matière noble, le cuir permet cet effet seconde peau et amène à explorer cette relation intime au corps féminin et à la sensualité qui s’en dégagera une fois la pièce autour du cou. J’utilise des cuirs de vache à tannage végétal sourcés en Italie, des croupons épais – jusqu’à 7mm d’épaisseur -, un juste compromis entre souplesse et rigidité. J’agrémente ensuite la parure de peausseries de galuchat, carpe, raie, requin patte d’autruche, roussette … selon mon dessein, enrichie de minéral (pierres précieuses …), métal, végétal (bois précieux, peaux de fruits, …), d’élément animal (corne, nacre …) ou encore de composite (céramique, verre, plexiglas …). Le temps ne vient pas limiter ma création, c’est mon luxe.

En quoi ce lien entre physique et spirituel guide votre œuvre ?

Pourquoi est-on ému par tel objet ? Quelle valeur, quelle émotion véhicule-t-il ? Les aspects esthétique, technique et émotionnel ont autant d’importance dans mon processus de création. Le dessin est l’âme du modèle mais quelle densité donner ensuite à l’ouvrage imaginé ? Chaque parure – le collier seul et pas spécialement un ensemble de bijoux assortis – est conçue pour être portée. La cliente ne doit pas hésiter à l’essayer, à passer outre son volume qui paraît imposant. Cela amène à lâcher prise et se laisser porter par ce « bijou matière » et les émotions qu’il suscite. Tant qu’un bijou n’est pas porté, il ne vit pas.

*Labellisées Ateliers d’Art de France, les créations de Jean-François Pereña sont présentées en galeries, lors d’expositions et ponctuellement dans des concept-stores tels Empreintes à Paris.

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Rédaction Laëtitia Blin

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