La réparation au cœur de l’actualité
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Valérie Paquet a trois passions : le parfum, le cuir, l’art floral. En 2021, elle crée une marque originale, destinée aux particuliers et aux professionnels. Son approche singulière remet en lumière la tradition des « peaux de senteurs » et des gants parfumés à Grasse, au tournant du XVIIe et XVIIIe siècles. Rencontre avec la fondatrice de Nez dans les Fleurs qui confie ses secrets de parfumeur.
J’ai toujours été sensible aux odeurs et je n’avais qu’un objectif : devenir parfumeur ! C’était une évidence pour moi d’intégrer l’ISIPCA de Versailles (Institut Supérieur International des Parfums, de la Cosmétique et des Arômes alimentaires), reconnu mondialement dans le domaine des parfums. Une fois diplômée, j’ai travaillé en tant que parfumeur pendant une vingtaine d’années au sein de maisons de compositions à Grasse. J’ai aussi été parfumeur « maison » pour une marque monégasque, où j’ai appris l’excellence et le goût du détail dans la création d’un parfum en tant que produit fini.
Je suis artisane dans l’âme, j’ai toujours aimé créer de mes mains. Comme j’aime les fleurs, je me suis formée pour apprendre les différentes techniques de réalisation des montages et des bouquets classiques. En 2018, pour mon mariage, j’ai pensé à une alternative aux fleurs fraîches car je voulais créer mon propre bouquet ainsi que le décor floral. J’ai donc réalisé des fleurs en papier et en tissu, selon la technique japonaise du Somebana, où l’on teint et met en forme la soie pour donner l’illusion de vraies fleurs. Mais imaginez la frustration d’une créatrice de parfums, dont le bouquet de mariée ne sent rien ! C’est ainsi qu’a germé l’idée de trouver un support susceptible d’être parfumé et de diffuser sa senteur durant de longs mois. Nez dans les Fleurs est né en 2021 après de longs mois de recherches et d’essais. Les fleurs de cuir parfumé s’adressent aux particuliers comme aux professionnels. La réponse, finalement, était juste sous mon nez ! Car Grasse, reconnue mondialement pour ses fragrances et ses plantes à parfum, l’était également pour ses cuirs et ses gants parfumés.
Auprès de maroquiniers expérimentés, notamment avec Maryline Lecourtier à Nans-les-Pins, qui m’a enseigné les bases de la maroquinerie et le repoussage du cuir. Je me suis formée ensuite en autodidacte et perfectionnée, plus de vingt mois, afin de maîtriser la fabrication et le parfumage de la fleur de cuir.
Toutes les fleurs, les éventails, les accessoires, les boucles d’oreilles « Teacup Roses » sont créés en cuir à tannage végétal, sourcé auprès d’un tanneur mégissier du Tarn car mon souhait initial est de valoriser au maximum le savoir-faire français. Le cuir tanné végétal permet une vraie mise en forme ainsi que le repoussage qui n’est pas réalisable avec du cuir au tannage minéral. Il faut rappeler que le cuir utilisé à Grasse à l’époque des gants parfumés était obtenu par tannage avec des végétaux tels que le myrte, le lentisque…
J’ai souhaité réinventer le patrimoine ancestral de Grasse en fusionnant tradition et innovation pour mes cuirs parfumés. Selon des archives retrouvées à la bibliothèque patrimoniale de Grasse, les gantiers trempaient les cuirs tannés avec des végétaux dans des eaux de fleur d’oranger, de rose… Ils les imprégnaient ensuite d’huiles et d’essences parfumées. L’enfleurage consistait à les plonger dans des caisses de fleurs fraîches quotidiennement renouvelées. La finition était réalisée avec de la poudre d’iris à l’intérieur des gants, destinée à faciliter l’enfilage et à faire disparaître les dernières traces d’odeurs nauséabondes. La technique que j’utilise reprend bien évidemment diverses étapes traditionnelles. Cependant, le process d’origine était long à mettre en œuvre. Aujourd’hui, l’étape de mise en fleurs n’est plus possible car les fleurs fraîches sont réservées à d’autres marchés dans la région. La puissance et la rémanence du parfum pour des produits d’ambiance constituent aussi une contrainte à laquelle j’ai dû m’adapter.
Il faut savoir qu’il existe sept familles olfactives en parfumerie (hespéridé, florale, boisée, fougère ambrée-orientale, chypre, cuir). La famille des hespéridés n’offre pas la rémanence espérée avec ses notes fraîches et pétillantes, bien trop volatiles pour une tenue dans le temps si l’on souhaite parfumer une ambiance. Les notes de fougère, courantes dans l’after-shave masculin par exemple, sont trop segmentantes, viriles et donc inadaptées pour Nez dans les Fleurs. La famille des cuirs, elle, est directement représentée par la simple présence de la matière comme support. Les fragrances que j’ai mises au point sont au nombre de trois. Elles illustrent les fleurs et les plantes à parfum du bassin grassois. Violette Gourmande reprend les codes de la famille ambrée et ses facettes vanillées. Rose Orientale représente la famille boisée et orientale. Nectar de Roses conjugue des notes de roses fraîchement coupées et des facettes miellées. C’est la plus plébiscitée !
La création sur-mesure, tant au niveau de la fragrance que de la fleur en cuir, est primordiale pour développer une identité de marque. Nez dans les Fleurs propose une approche originale, olfactive et visuelle, à travers une expérience immersive sensorielle unique. Nous accompagnons nos clients en France, à l’international, quel que soit leur secteur d’activité (boutiques, hôtellerie, yachting, showroom, casino, automobile…) à travers leur décoration, leurs produits dérivés, leurs événements, leurs cadeaux VIP… Nous nous adaptons toujours, bien entendu, à la surface à parfumer et aux contraintes du lieu dans un environnement spécifique (décoration florale aimantée dans les yachts, tableaux muraux dans des couloirs d’hôtels, montages floraux pour les showrooms de robes de mariée…).
À l’heure actuelle, les produits Nez dans les Fleurs sont essentiellement vendus sur notre e-shop et via les réseaux sociaux. Certains sont également disponibles dans des boutiques à Grasse, Megève… Le but est de développer des points de vente complémentaires en France, en Belgique, au Luxembourg… Nous aimerions également être présents à l’international, notamment au Moyen-Orient, et plus largement développer des partenariats de confiance avec des professionnels.
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Rédaction Nadine Guérin
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