La botte camarguaise, labellisée après la charentaise
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Transmission de nos savoir-faire, préservation de notre patrimoine immatériel, pérennité des entreprises ancrées sur notre territoire s’inscrivent pleinement dans la quête de valeurs et de sens portée par les consommateurs actuels. Écrin méconnu renfermant les secrets de fabrication de malles depuis la première moitié du XIXe siècle, La Malle Bernard a trouvé repreneur en 2020. Outre la fabrication de produits de luxe sur-mesure, de nouveaux projets novateurs et écoresponsables vont prochainement sortir des tiroirs.
Louis Vuitton (1848), Moynat (1849), Goyard (1937), trois noms qui font la pluie et le beau temps dans le secteur de la malleterie, qui n’en demeure pas moins une portion infime du prolifique marché de la maroquinerie française. Confidentielle, pour ne pas dire inconnue du grand public, La Malle Bernard a vu se succéder quatre générations aux rênes de l’entreprise créée en 1846. Dépositaire d’un précieux héritage, Rémy Bernard, 74 ans, vient de céder l’affaire familiale, et un parc équipé de 900m² d’une valeur patrimoniale inestimable (NDLR – il demeure dans l’entreprise le temps de la passation). « Les machines ont beau être anciennes, elles remplissent toujours leurs fonctions » s’amusait-il lors de notre visite dans l’atelier qui fut le sien, à mi-chemin entre Dreux et Évreux. Un tour du propriétaire chargé d’émotion et de nostalgie, entre riveteuses, plieuses, refouleuses, presses et machines à coudre… que le malletier a côtoyées toute sa carrière durant. Rares sont les artisans qui cumulent les compétences plurielles du fûtier (fabrication des fûts de maroquinerie), ferreur (pose d’articles métalliques) et gainier (habillage cuir). Et les ateliers qui témoignent d’un historique aussi riche que La Malle Bernard…
À contre-courant des malletiers de sa génération, qui ont su se forger une renommée planétaire grâce à l’avènement du transport ferroviaire, automobile et transatlantique, La Malle Bernard a dès ses origines pris un virage « plus commercial ». Des marmottes de VRP aux coffrets d’instruments de musique en fibre agglomérée (ou Celloderme), l’entreprise pourvoyait aux besoins de grands fabricants – Georges Leblanc et Selmer – comme de chanteurs de variété (Demis Roussos, Claude François et Johnny Hallyday entre autres) ! Impactée par la fermeture de l’usine Leblanc de la Couture-Boussey en 2012, les délocalisations au bénéfice de la Chine et l’apparition du numérique (NDLR – La Malle Bernard fabriquait les contenants de bobines de films), la manufacture s’est recentrée sur le sur-mesure, à l’instar de l’agencement de la boutique du parfumeur Memo rue Cambon à Paris ou de malles pour le cognac Louis XIII de Rémy Martin, must des palaces ! C’était sans compter sur le rachat de la marque en juillet dernier par Daniel Bizet. Après une longue carrière dans le développement commercial, ce gestionnaire dans l’âme caressait l’idée de reprendre une entreprise et s’est donné pour nouveau défi de réveiller la belle endormie.
Avec un atelier en Normandie, une boutique showroom dans les beaux quartiers de Paris (rue de l’Exposition) et une histoire qui témoigne des modes et de l’évolution de notre société, La Malle Bernard possède plus d’une corde à son arc. Un potentiel que son repreneur souhaite valoriser auprès d’une frange de la clientèle jusqu’ici inexplorée, grâce à la vente en direct. En résulte une première ébauche de ligne grand public composée de petits produits malletiers et de coffrets traditionnels (à montres, bijoux, chaussures…) habillés de cuir ou de résine époxy. Déjà M. Bizet songe à introduire de nouvelles formes, plus arrondies peut-être, et à faire appel à un vivier d’artistes, graffeurs ou sérigraphes pour personnaliser des objets hauts en couleur. Sans oublier le cœur de métier de malletier, afin de satisfaire les commandes spéciales, développées en CAO (malles jockey, valises Morgan au design aérodynamique qui voyagent sur le toit des voitures de collection…).
Naturellement, la réflexion sur les efforts à faire en matière d’écoresponsabilité représente un formidable levier de croissance industrielle pour l’entreprise. La valise en Celloderme (carton à la fois très résistant et thermoformable) commercialisée dans les années 50 revient au goût du jour (Streamline, Globe-Trotter, Gucci, Berluti…) et M. Bizet compte troquer le polymère (fibres cellulosiques de récupération) pour une alternative encore plus écologique. Pour ce faire, il a instauré le dialogue avec des acteurs en harmonie avec la philosophie de La Malle Bernard. Les premiers tests réalisés en collaboration avec la coopérative NatUp qui, dans le cadre d’un projet soutenu par la région appelle à la création d’une filature de lin, sont probants. Les premières plaques de lin répondent aux fondamentaux de solidité et légèreté, et portent la promesse de valises relativement accessibles (en-dessous de 500 euros), quasi 100% biodégradables (hormis l’accastillage), participant à la relocalisation de l’intégralité des maillons de la filière lin locale. À suivre.
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Rédaction Juliette Sebille
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