Gare au fake cuir !
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Faire un détour par le vestiaire de l’homme LGN Louis Gabriel Nouchi, c’est un peu s’aventurer en terrain vague, c’est explorer une vision du masculin jusque-là en marge dans la mode, comme en retrait… Depuis 2017 et au travers d’une proposition d’un prêt-à-porter qui oscille, saison après saison, entre sensualité feutrée et allure au cordeau, nonchalance lascive ou formel ambigu, Louis-Gabriel Nouchi défriche l’allure des hommes, pose la question des masculinités.
Et quoi de mieux que cette matière, le cuir, avec ce qu’elle charrie de symbolique et de possibilité créatrice pour illustrer les visions multiples et acérées de l’homme LGN Louis Gabriel Nouchi. C’est une matière relativement nouvelle dans les collections du créateur, ce qui n’empêche pas une approche déjà toute singulière alliant expérimentations, innovations, savoir-faire et visions oniriques, chacune de ses collections s’articulant autour de l’interprétation d’un grand texte.
Pour sa collection automne-hiver 2023-2024, c’était l’inquiétant Patrick Bateman, héros du roman « American Psycho » de Brest Easton Ellis qui intéressa le designer. Dans l’une des scènes du roman, adapté au cinéma en 2000, le tueur en série arbore une combinaison en plastique transparente ; c’est de cette pièce dont va s’inspirer le designer. Ainsi, dans ce défilé plusieurs passages, pantalons, vestes, imperméables sont réalisés dans ce matériau novateur, un cuir de vache, transparent, visuellement pas loin du latex, et mis au point par la tannerie néerlandaise ECCO Leather. Commercialisé sous le nom d’« Apparition », objet de développement technique de pointe, il allie aspect parchemin, souplesse et imperméabilité.
Pour le printemps-été 2024, c’est du roman « A single man » de Christopher Isherwood (adapté au cinéma par Tom Ford en 2009), dont s’inspire Louis-Gabriel. Et comme pour mieux restituer, évoquer visuellement le choc, la trace, le souvenir de l’accident de voiture, la carrosserie froissée, objets des tourments de George Falconer, le héros du texte, Louis-Gabriel Nouchi imagine plusieurs des pièces de sa collection dans ce cuir « Crasher », un nappa lisse dont la technique de tannage et la couche de cire permettent au cuir de rester figé dans les mouvements et plis voulus par le créateur. Un développement qui est donc la seconde collaboration de la marque et ECCO Leather.
Le designer nous détaille sa démarche et le rapport tout particulier qu’il entretient avec le cuir.
J’ai toujours adoré travailler le cuir. Mon premier stage en première année à La Cambre était dans une entreprise de cuir et fourrure dans le quartier parisien du Sentier. J’ai gardé un amour de ce savoir-faire et de cet artisanat si particulier. Nous travaillons énormément les développements textiles au sein de LGN afin de pouvoir transmettre les émotions issues du livre de la collection. Le cuir offre énormément de possibilités techniques. C’est donc logique que nous travaillions ce pôle de plus en plus pour la marque.
Le cuir est un matériau qui a énormément de connotation. Il a déjà un énorme pouvoir pratique : c’est un des premiers matériaux utilisés dans l’histoire pour concevoir des vêtements de par sa résistance et sa longévité. En termes de forme, que ce soit dans le vestiaire militaire ou le workwear, son utilisation est très fonctionnelle. Il renvoie à une idée de puissance, de pouvoir et de luxe.
Le cuir, matière naturelle, doit être le prolongement des sensations et des émotions que nous voulons exprimer. C’est une matière sensuelle, vivante, ce qui est un élément clef dans notre étude sur les recherches menées autour de la masculinité au sein de LGN. Grâce au savoir-faire technique incroyable d’ECCO Leather, nous avons les moyens de pouvoir développer de nouveaux procédés sur ce matériau, ce qui est une chance exceptionnelle.
Il s’agit d’une conversation avec les bureaux de développement : l’un ne va pas sans l’autre. Leurs propositions peuvent donner lieu à de nouvelles idées et inversement. C’est justement le cœur de notre métier. L’innovation doit servir le vêtement, elle doit rester fonctionnelle. Sinon cela reste un concept abstrait.
J’aime que cette matière soit extrêmement sensuelle. Son toucher et son odeur sont extrêmement particuliers et importants, comme une madeleine de Proust ! Le cuir se patine, vieillit, vit avec la personne qui possède la pièce. Au final, le vêtement imprime une mémoire de son utilisation. Je pense que le denim est comparable en termes de rapport émotionnel.
Il y a un rapport matière/forme extrêmement intense et intéressant à travailler le cuir ! C’est justement tout l’intérêt en tant que designer que de travailler sur ces nouvelles combinaisons. Que ce soit la couleur, l’aspect, la main, la texture… tout est extrêmement codifié et c’est justement cela qui m’intéresse personnellement.
La qualité, la transparence de la production, la durabilité des approvisionnements sont aussi au cœur des exigences de la marque. Dans un esprit de responsabilité mais aussi avec cette recherche de savoir-faire, des partenariats ont été noués avec des usines européennes, fabricants de tissus, tanneries, pour assurer l’approvisionnement textiles et cuirs de la marque. Cuir qui jouit d’une place toute particulière dans le travail…et le cœur de Louis-Gabriel Nouchi, matière opérant la synthèse entre esthétisme et excellence technique, pour ces pièces qui accompagneront la vie des hommes. Preuve de cet engouement, dernièrement, l’icône-fashion-rappeur Bad Bunny a été aperçu arborant un manteau-peignoir LGN en cuir « Crasher ». Les pièces en cuir de la marque sont visibles dans la boutique parisienne du créateur, rue Oberkampf.
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Rédaction Florent Paudeleux
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