La ganterie millavoise en bonne voie pour le Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO
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Plein de fougue mais la tête sur les épaules, Pierre Cavalier a repris la manufacture limousine fin 2022. À côté de la ceinture, toujours produit phare, et de la sous-traitance, encore activité majoritaire, le nouveau dirigeant nourrit de belles ambitions pour la maroquinerie et la marque propre.
Fin 2019, nous avions laissé l’entreprise Daguet entre les mains de Thibault Favre d’Echallens, lui-même repreneur de cette petite structure en 2009 (cf. notre article de décembre 2019). Cinq ans plus tard, celle-ci a changé de propriétaire, mais pas de famille puisque Pierre Cavalier, le nouveau dirigeant, n’est autre que le beau-frère de Thibault Favre d’Echallens. « Les difficultés ont commencé avec le mouvement des gilets jaunes, pendant lequel la fréquentation chez les artisans bottiers – dont Thibault Favre d’Echallens avait fait le premier canal de distribution de la marque – a sensiblement chuté », explique le diplômé de Sciences Po Lille et de l’EM Lyon, rompu à la gestion d’entreprise après des années d’expérience dans un fonds d’investissement. « Le Covid a encore aggravé les choses, bien que les affaires aient repris après l’épisode pandémique. » Mais le compagnon maroquinier, même s’il n’a pas démérité aux commandes de l’entreprise, voulait revenir à une activité plus artisanale. Et son beau-frère aspirait à « plus de sens » dans son occupation professionnelle. En novembre 2022, ce dernier reprend donc les rênes de l’entreprise, accompagné pendant près d’un an et demi par Thibault Favre d’Echallens, parti depuis vers d’autres horizons. Aujourd’hui seul à la tête de la société, il n’en est pas moins épaulé au quotidien par les quinze salariés qui l’entourent, et par son directeur technique Sylvain Cochet – technicien chevronné passé par les grandes maisons – en particulier.
« Je veux stabiliser l’entreprise et lui donner du souffle en modernisant tant ses méthodes que ses collections, déclare le bientôt quadragénaire. Nous avons entamé un important programme de rénovation de l’atelier pour améliorer les conditions de travail et augmenter la productivité. Et j’ai recruté une prototypiste il y a six mois, Compagnon du Devoir elle aussi. Aujourd’hui, notre capacité de production est accrue de 50%. Je veux aussi hausser notre technicité pour mieux répondre aux attentes de nos clients donneurs d’ordre et pouvoir facturer de la valeur ajoutée. » La sous-traitance représente en effet encore 75% de l’activité de l’entreprise, rebaptisée Atelier de Maroquinerie du Limousin (AML). Mais l’activité en vente directe, sous le nom inchangé de Daguet, est appelée à se développer. Et si la ceinture représente encore la moitié de la production, la maroquinerie, les bracelets de montre et les cadeaux d’entreprise divers prendront une place croissante dans la production.
Vendue au magasin d’usine et sur un site internet opérationnel début janvier 2025, avec une nouvelle identité (logo et positionnement) volontairement intemporelle, l’offre en propre se compose de trois ceintures pour hommes et cinq pour femmes – déclinées chacune dans six matières différentes -, quatre modèles de sacs à main et une gamme de petite maroquinerie. Les cuirs de vachette grainés, lisses, velours ou nubucks proviennent de tanneries italiennes certifiées Leather Working Group (LWG) tandis que le cuir à tannage végétal, utilisé pour les doublures des articles de petite maroquinerie ou les garnitures de sacs, est sourcé en Belgique. « Nous souhaitons proposer des sacs sobres, pratiques, légers, robustes à prix accessibles, indique le manager, au retour du dernier salon MIF Expo, dédié au made in France. J’ai constaté beaucoup d’attente des consommateurs, mais aussi une grande méconnaissance des cuirs. Ils sont demandeurs, mais exigeants et ne veulent pas payer trop cher. » Ainsi, les sacs à main sont vendus entre 250 et 320 euros prix consommateurs, les ceintures autour de 100 euros et la petite maroquinerie entre 30 et 120 euros pour les portefeuilles, plus compliqués à fabriquer. Une campagne de communication « tout en transparence » est prévue à l’ouverture du site, avec réactivation des comptes, posts sur les réseaux sociaux mais aussi collaborations avec les médias locaux (salons et journaux). « Nous avons besoin d’éduquer le public pour qu’il accepte de payer plus cher le made in France. Nous devons souligner le savoir-faire que ce-dernier requiert, la durabilité de ses produits et aussi son aspect plus responsable avec moins de transport, par exemple », affirme Pierre Cavalier. Le made in France, ce sont également des emplois, ce qu’a bien compris la commune de Saint-Junien, qui ne rechigne pas à « aider ». Un bon point pour pérenniser une histoire plus que cinquantenaire.
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Rédaction François Gaillard
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