Leather Icons #1

Lampe Bell, Louis Vuitton.

Objets d’exceptions, démonstration de créativité, témoins de leur temps, entre la matière cuir et le design, c’est un dialogue constant et fertile que les créatifs nourrissent. La preuve avec la grande – et la petite – histoire de ces quelques créations d’hier et d’aujourd’hui signées des plus grands noms du design ou des arts plastiques. Pour cette nouvelle série, commençons « petit », avec de petits objets, de petits formats, des lignes simples et évidentes que dissimulent pourtant perfection du geste et artisanat : l’ensemble de bureau Isle de Noé Duchaufour-Lawrance et la lampe Bell créée pour Louis Vuitton.

Courbes Sensuelles : Isle Desk Collection, Noé Duchaufour Lawrance, NDL Éditions, 2020

C’est beau comme une dune, doux comme la plage, insaisissable comme le sable, beau comme les courbes d’un corps nu, beau comme un paysage vallonné… Des lignes impeccables, sans accident, éloge du lisse et du fluide pour un ensemble d’objets de bureau, aussi propice à la contemplation qu’à la concentration. Une série d’objets de travail, synonyme de simplicité, d’épure, mais qui sont aussi une démonstration de sophistication, de technicité et de savoir-faire des artisans français, finitions invisibles, coutures cachées et d’une tradition devenue soudain des plus contemporaine. C’est en 2020 que le designer et architecte français Noé Duchaufour-Lawrance imagine cet ensemble d’objets de bureaux gainés de cuir Rémy Carriat : boîte à trombones, boîte à post-it, sous-main et porte stylo. Dans la droite ligne esthétique de son travail, le cuir se fait ici chaud et sensuel, invite au toucher et à la caresse. Objets précieux, ils sont produits sur demande, et peuvent même être réalisés sur commande spéciale, dans des peausseries sur-mesure. Un ensemble commercialisé par le designer et sa division NDL Éditions. Des objets du quotidien qui, soudain, acquiert, par la main de l’artisan et l’esprit du designer, ce statut d’objets de luxe, mais dans l’expression d’une préciosité sobre, presque intime. C’est une constante dans le travail de Noé Duchaufour-Lawrance que cette sublimation de la matière cuir, cet alliage de prouesse technologique et d’expression sensuelle de la matière. Une démarche et approche de l’objet sans doute influencées par son passage par la sculpture. Ainsi, dans les créations et le mobilier du designer souvent se confondent la courbe et la ligne, se rencontrent les matières contraires, comme le bois et le métal, la pierre et le cuir, souvent s’entremêlent aussi le chaud et le froid, comme le sofa Sahara, imaginé pour La Manufacture, la chaise et le fauteuil Calla et Derby tout en courbes dessinés, eux, pour le fabricant italien Zanotta. Avec de faux airs seventies, citons aussi le fauteuil Perros, réalisé là encore avec les peausseries de la tannerie Rémy Carriat ou bien cette réinterprétation en mode design du fameux piqué sellier Hermès pour un sofa modulable pensé pour la ligne de mobilier ultra premium de la maison du 24 Faubourg. Confortable, modulable, poétique, accueillant, lisse et poli, sculptural ou organique… Autant de notions et de qualificatifs qui caractérisent l’approche du designer, des meubles, des objets, comme des respirations sensibles et contemplatives pour ce monde qui va parfois bien trop vite.

D’humeur baladeuse : lampe Bell, Edward Barber et Jay Osgerby, Louis Vuitton, 2012

Des objets qui sont « l’âme du voyage » pour reprendre ce qui fût, pendant longtemps le slogan affiché sur les publicités du malletier le plus connu du monde. En 2011, comme pour perpétuer cet esprit aventureux, mais néanmoins toujours élégant, en toutes circonstances, Louis Vuitton invite plusieurs designers et créatifs de renoms à imaginer meubles et objets pour sa collection Les Objets Nomades. Toutes ces créations se caractérisent par cet esprit de mobilité, cette capacité d’adaptation à un intérieur (ou même extérieur) et sont, ainsi, en parfaite adéquation avec la philosophie de certains des bagages et malles de la marque devenues mythiques, telles que la malle secrétaire imaginé en 1929 par Georges Vuitton à la demande du chef d’orchestre Leopold Stokowski souhaitant disposer d’un bureau et transporter autour du monde ses livres et partitions. Mais aussi la malle Brazza, un bagage, qui, lorsqu’il est ouvert, devient un lit, un objet imaginé à la demande de l’explorateur Pierre Savorgnan de Brazza en 1868 (une création que l’actuel directeur artistique des collections homme Louis Vuitton, Pharrell Williams, a choisi de réinterpréter). Pour cette collection, qui ne cesse de s’enrichir au fil des saisons et des années, designers de tous horizons (ré)inventent un certain art de vivre, toujours en édition limitée et numérotée, comme ce canapé modulable Bomboca des frères Humberto et FernandoCampana, aux assises pliables imaginées par Patricia Urquiola. Minimaliste, avec comme une simple feuille de cuir de vache perforée que diffuse une lumière tamisée pour la lampe Surface dessinée par Oki Sato du studio Nendo, ou encore la chaise longue transformable de Marcel Wanders aux assises néo-industrielles de l’Atelier Oï
En passant par cette lampe Bell, pensée, elle, par les designers anglais Edward Barber et Jay Osgerby, fondateurs du studio Barber Osgerby en 1996 à Londres. Un objet, à l’apparente simplicité, aux lignes simples et évocatrices, qui se révèle être un concentré de savoir-faire et de détails luxueux. Une forme simple et évidente, comme une bouteille de lait, en verre dépoli, diffusant une lumière LED et variable, blanc lumière, comme un halo, capturée dans un harnais de sangles de cuir de vache surpiquées (appelé cuir Nomade, cela ne s’invente pas) et discrètement embossée du logo de la marque sur le dessous. Pouvant se poser ou se suspendre au gré des envies et des besoins, la lampe Bell est également, bien évidemment aussi proposée avec des sangles réalisées dans l’autre matière emblématique de la marque, la toile Monogram. Objet sans prétention, dont les prochaines années diront s’il rejoindra la longue liste des créations mythiques, des icônes de la maison, sacs, malles ou autres sneakers… Compagnon discret, un luminaire sans esbrouffe et plein de poésie, illustration d’un esprit no-design qui sait autant se faire oublier que désirer !

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Rédaction Florent Paudeleux

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