Le cuir actif dans la décoration d’intérieur
Le cuir met son esthétique et sa résistance au service de meubles et d’objets singuliers. Cinq nouveautés ont fait l’actualité du salon Maison&Objet et ...
Ou comment prouesses techniques et développements technologiques des tanneurs et autres designers, ennoblisseurs, chercheurs et scientifiques…servent les visions oniriques des créateurs de mode et d’accessoires. Matériau des possibles s’il en est, le cuir, avec ses symboliques et possibilités, est la « matière mode » par excellence, prétexte à toutes les expérimentations possibles et imaginables. Esprit prototype ou déjà vrais succès commerciaux, expression poétique ou réponses à des enjeux sociétaux, quand la science et la science-fiction ne font plus qu’un, quelques exemples « fashion » de ces dernières saisons qui ont bousculés les codes établis en même temps que revendiqué dans ce monde de la création cet esprit de prospective.
C’est depuis 2013 que Jonathan Anderson propose chez Loewe une vision éminemment audacieuse et pointue de la marque. L’acmé de cet esprit d’innovation trouve peut-être son expression la plus « scientifique » dans la collection de prêt-à-porter masculine du printemps-été 2023. Évidemment, le cuir, matériau incontournable de la maison espagnole, dont le fameux nappa signature, y est prétexte à de multiples hybridations. Dans cette collection dont le propos est d’illustrer la fusion de la nature et de la technologie, d’interroger notre rapport du fabriqué et du naturel via la matière, ce qui n’est pas passé inaperçu ce sont ces pièces, ces manteaux, hoodies, pantalons, mais aussi les emblématiques sneakers toile et cuir « Flow Runner »…sur lesquels des brins d’herbe ont poussés. Un procédé issu de la collaboration de la marque et de la bio-designer madrilène Paula Ulargui Escalona, des vêtements et accessoires qui, une vingtaine de jours avant le défilé, ont été arrosés afin de faire croître ces végétaux. Proposition mode des plus cérébrales, mais aussi pleine de poésie, nous interrogeant sur les notions d’éphémère, de fragilité, de la place de la nature dans l’industrie de la mode, de la pérennité des matériaux (des créations qui ne sont pas aussi sans évoquer le travail et l’œuvre du plasticien Michel Blazy)…mais également des produits hyper instagrammables !
S’il y a bien une chose qui ces derniers temps a passionné, et passionne encore, les âmes créatrices, ce sont les possibilités infinies des dernières techniques d’impressions 3D. Designers, créatifs et ennoblisseurs ne s’y sont pas trompés ! Et c’est tout naturellement que la société Les Teintures De France – qui développe et perfectionne depuis plus de trente ans pour le textile, le prêt-à-porter, la Haute couture, des solutions d’ennoblissements avec ce mix d’artisanat, de fait main, de gestes ancestraux mais aussi de la maîtrise des plus récentes innovations – s’est intéressée à ces fascinantes machines. Le cuir devient ici un nouveau territoire à explorer et à conquérir. Équipé des dernières machines aux technologies les plus avancées, c’est un ensemble de solutions de broderies mécaniques des plus perfectionnées, de patines et teintures réalisées à la main, d’impressions numériques que proposent – et maîtrisent – l’entreprise sur ce matériauPlus récemment, via l’acquisition de machines Stratasys, des solutions d’impressions 3D sur cuir sont proposés par Les Teintures de France. Pour cette dernière technologie, cela offre de captivantes perspectives, de nouveaux décors, animations, transformations…de la matière cuir, explique en substance le Directeur Artistique Serge Haouzi. Hypnotique avec ses couleurs changeantes sur cuirs marins, impeccable lorsque appliqué sur le côté chair des peausseries, « l’adhérence est parfaite et ouvre des possibilités de design vraiment très intéressantes » souligne-t-il. Ce dernier travaille actuellement avec ses équipes d’ingénieurs et de designers, à la mise au point et à la proposition d’une parfaite adhérence de ces décors 3D sur les peaux, chair et fleur, et ce, afin de répondre à des créateurs en constante demande d’innovations et de développements. Un défi « arty-technologique », qui repousse là encore le champ des possibles et anime un esprit d’innovations qui, dans cette entreprise, semble ne jamais se tarir !
Esprit caméléon… pour des cuirs qui jouent à imiter d’autres matières, à jouer à ce qu’ils ne sont pas. Transparents comme du latex, cabossés pareil à une feuille de métal froissé ou encore brillants semblables à de précieux lingots d’or comme avec ce cuir nappa doré aspect métal, ce sont là autant de propositions d’innovations cuir que la tannerie ECCO Leathera développé pour les différentes collections de prêt-à-porter de Louis Gabriel Nouchi, créateur qui aborde la matière cuir de la plus singulière des façons. En 2021, c’est le créateur franco-belge Matthieu Blazy qui prend la suite de Daniel Leechez Bottega Veneta. Dès sa première collection, et dès les premiers passages de son show automne-hiver 2022-23, la collection puise son inspiration dans les volumes et le travail du peintre et sculpteur futuriste Umberto Boccioni. En résonnance avec l’ADN de la maison, le designer fait du cuir, la matière incontournable de sa collection. Dans une approche tout en introspection mais non dénuée de coup d’éclat, il imagine une démonstration du savoir-faire de Bottega Veneta au service de sa vision d’une mode, d’un luxe façon « quiet luxury ». Jeux de trompe-l’œil et faux-semblant pour cette première silhouette avec (en apparence seulement) des intemporels, des basiques, chemise ou débardeur blancs, pantalon denim au tomber loose…mais, à y regarder de plus près, toutes ces pièces sont réalisées en cuir, imprimé denim pour le pantalon sur cuir nubuck, comme l’expression ultime d’un luxe de l’intime, d’un raffinement juste pour soi. Coup de projecteur mondial sur ce fameux jeans qui n’en est donc pas vraiment un, avec une Kim Kardashian tout en courbes…en couverture du magazine « Interview » en septembre 2022, qui arbore le fameux pantalon.
Pour le prêt-à-porter du printemps-été 2023, Matthieu Blazy récidive : c’est Kate Moss qui défile dans un total look trompe-l’œil en cuir, avec chemise à carreaux de bûcheron, débardeur, et une énième relecture du pantalon « denim/leather », une pièce de mode qui, tout comme l’historique cabas « Intrecciato », s’est donc imposée comme un geste, une technique, un incontournable de la marque italienne. Mais aussi en étant la démonstration implacable de la maîtrise de cette matière et de l’esprit d’innovation technique et esthétique qui anime la maison, parfaite illustration de ce lien et des correspondances entre le design et la matière, entre le fond et la forme, entre ceux qui imaginent et ceux qui rendent possibles, entre ceux qui font et ceux qui pensent, entre l’idée et la matière, entre hier et demain…
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Rédaction Florent Paudeleux
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