Une créativité protéiforme
Si les rencontres équinoxes ciblent prioritairement les artistes émergents, elles ne s’interdisent pas pour autant des figures à la renommée internationale. À condition de questionner notre monde en toute liberté… Les collaborations, avec Fabrice Hyber et Orlan, en témoignent. Le maroquinier avait déjà réalisé pour le premier la gainerie d’une balançoire exclusive. En 2022, le plasticien prolonge son dialogue avec la maison, poussant plus avant son utilisation du cuir. Il a non seulement conçu une sculpture mutante qui interpelle mais aussi une collection capsule de sept accessoires en édition limitée. Leur point commun ? Une couleur acide, presque fluo, le vert Hyber, « un signe fort, vital, comme la première pousse au printemps », explique l’artiste, pour qui « une boutique doit être le lieu de surprises, de choix affirmés, d’expérimentations… ». Sa silhouette surréaliste, à taille humaine, en est la preuve. « J’ai imaginé une figure futuriste, dont le sac aurait été intégré au corps en ayant pris comme modèle le ventre de la femme enceinte, poursuit-il. Je le présente en carré, comme un cadeau poétique, mais aussi un peu terrifiant… Pour moi, le sac est dans la continuité de notre corps, je le vois comme une prothèse. » Orlan, invitée en 2023 par Camille Fournet, propose une définition voisine. « Le sac nous permet de transporter des éléments dont nous avons besoin. Il est transporté par la main, mais son nom pourrait nous faire croire qu’il contient des mains ! D’où mon idée d’intégrer, en les imprimant sur le cuir, des parties de mon corps, visage, œil, bouche, oreille… » Au total, 14 produits qu’Orlan a conçus dans une collection d’accessoires « arty », comprenant sacs, pochette, étui ou encore ceinture. « La maroquinerie nous ramène au savoir-faire, à « la belle main » et aussi aux sacs en cuir et peaux exotiques, poursuit-elle. Notre société s’interroge sur les matériaux que nous utilisons, naturels ou artificiels, et leur empreinte carbone. » Une réflexion qui a inspiré la composition grand format, intitulée avec esprit « L’éléphant de la forêt d’Afrique en voie de disparition et nouveaux robots en objets et matériaux recyclés ». À la veille de l’été, en juin, Camille Fournet dévoilera sa nouvelle rencontre équinoxes avec, cette fois, le collectif Home Affairs, en résidence lors de la dernière extension de la manufacture à Tergnier. Quant à l’exposition, elle est appelée à voyager après Art Paris, hors de France. Le mécénat artistique du maroquinier, présent en Europe, en Asie, aux États-Unis, s’inscrit en effet dans le cadre d’un développement global et d’ambitions à l’international. « Notre programme artistique nous a permis de faire connaître et de développer la marque à travers notre ADN, où l’art joue un rôle essentiel, confie Camille Fournet. Nous touchons une cible différente, dont des collectionneurs d’art, et nous « recrutons » de nouveaux clients. »
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