La Rue du Made in France, vitrine du savoir-faire français à Paris
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Faire briller les yeux de ses clientes, aiguiser leur gourmandise, c’est ce qui anime Catherine Garnier à la tête du concept-store de mode La Corrida à Colmar, adresse prisée des adeptes de sa sélection audacieuse et luxueuse. Rencontre avec une torera pétillante et déterminée !
Tout a commencé en 1989, à notre retour d’Afrique avec mon conjoint, ingénieur textile, où je fabriquais des bijoux pour accessoiriser les défilés de mode de créateurs africains. J’ai alors choisi d’ouvrir une boutique de vêtements sous l’enseigne italienne monomarque Stefanel qui m’avait tapée dans l’œil. J’ai toujours aimé ce rapport à la maille, confortable, que l’on peut accessoiriser aisément. Mais après sept années, les collections ne correspondaient plus vraiment à ma clientèle. J’ai repris mon bâton de pèlerin et me suis orientée vers le multimarque, découvrant ainsi un autre pan du métier. Jean-Paul Gaultier a été le premier couturier à me faire confiance. J’ai débuté avec sa maille et sa maroquinerie et la ligne Bazar de Christian Lacroix. Cette offre convenait parfaitement à ma clientèle intergénérationnelle. Déjà La Corrida mixait mode, accessoires et art de vivre avec des thés signés Mariage Frères au sein d’un corner dédié. À l’époque ce n’était pas conventionnel de mêler ces différents univers.
Ces deux créateurs, mes coups de cœur, sont de signe astrologique Taureau et cela m’a naturellement évoqué la corrida, tout un art. Un parti pris provocant qui dénotait en Alsace, mais un choix volontaire et assumé ! Ce nom évoque le rouge, le noir, la passion, à l’image d’un vestiaire flamboyant, loin du classicisme ambiant. Le concept-store est réputé pour la maille, base de mon vestiaire. Les clientes viennent y dénicher des pièces d’exception, particulières, de la couleur, du soleil, dans une ambiance chaleureuse entre personal shopper et confidences. »
« La Corrida c’est un peu comme un micro grand magasin qui cultive la différence sur une petite surface de 60 m² ! Je ne cours pas après les effets de mode mais des vêtements de belle facture, des matières de qualité, à la coupe impeccable, intemporels. Ma boutique est un concentré chamarré de mes coups de cœur. Ce mélange de styles s’attache à valoriser la création, la fluidité des étoffes, les gammes chromatiques… Tête chercheuse, je déniche des pépites pour mes clientes colmariennes, de la région grand Est, de Suisse, d’Allemagne, des « business women », des touristes étrangères… Charge à elles de créer leur propre style. Je les invite à mélanger les imprimés par exemple et revendique le chic parisien associé à une touche couture. Paris est d’ailleurs ma ville de cœur.
Divers éléments entrent en compte : ma connaissance du milieu de la mode – une véritable passion -, le réseau que j’ai pu constituer au cours de ces décennies, mes visites de show-rooms, les salons de mode et de décoration tels Premiere Classe et Maison&Objet, mon intérêt pour le design…
Aujourd’hui je commercialise une dizaine de griffes de prêt-à-porter de luxe et des secondes lignes de créateurs, plus accessibles : Fuzzi, MM6 by Margiela, Paul&Joe, Allude, High, J. Brand, La Prestic Ouiston, Paul Smith, Issey Miyake (Pleats Please), Twinset, RedValentino, Meteo Army, Meesha… J’essaie d’avoir une approche relativement démocratique au travers d’une sélection de modèles d’exception dans une large gamme de prix, allant d’une robe à 150 euros jusqu’à 1 000 euros, et de ne pas dépasser la barre des 2 000 euros pour les grosses pièces. En décembre dernier, j’ai ouvert un outlet dans l’arrière-cour de La Corrida qui permet à une clientèle plus jeune de découvrir et de porter des pièces de créateurs à prix plus accessibles. Côté accessoires, je suis fidèle aux étoles de Meesha et à la maroquinerie Pleats Please que je complète des bijoux design de Louise Dagorne et de la créatrice italienne Janete Zamboni.
La curation peut parfois paraître avant-gardiste mais je considère la mode comme une discipline créative favorisant l’ouverture. Chaque marque est mise en valeur à travers un corner dédié dans le respect de son identité et l’esprit des produits. Je mets en scène les articles par thématiques couleurs et module régulièrement la présentation, même si je ne travaille pas au rythme de 8 à 10 collections par an comme les chaînes de magasins. Par ailleurs je suis très attentive aux vitrines afin qu’elles dégagent de l’émotion à travers une connotation artistique, une ambiance couleur. C’est ce qui a d’ailleurs amené une étudiante en design et architecture à vouloir effectuer son stage au sein du magasin. Mon seul regret est de ne pas disposer de suffisamment d’espace pour accueillir des expositions d’art par exemple.
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Rédaction Laëtitia Blin
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