Jacques Solovière
en mouvement

Alexia Aubert a fait ses armes chez Christian Louboutin et Pierre Hardy avant de créer sa propre marque.

La marque de chaussures à la « désinvolture chic » se réinvente en douceur. Sa créatrice Alexia Aubert rebaptise sa griffe, revoit son image, soigne sa distribution tout en explorant le concept unisexe. Rencontre avec une passionnée hyperactive.

En 2014, Alexia Aubert se lançait sur le marché de la chaussure masculine en créant un modèle original, hybride, plissé et lacé, construit comme un gant. Solovière est née. La marque qui rend hommage à l’élégance de son grand-père séduit rapidement. Cinq ans plus tard, un nouveau souffle la gagne.

Relever des défis

Alexia Aubert assure qu’elle a su très jeune qu’elle dessinerait des chaussures. Diplômée en arts appliqués, elle a suivi aussi une formation de modéliste industriel au Lycée d’Alembert. « C’était vraiment concret mais la mode me manquait », se souvient-elle. En parallèle, elle assiste un maître bottier compagnon le week-end et réalise ses premiers prototypes. Christian Louboutin, chez qui elle souhaite faire un stage, l’embauche pour dessiner des sacs. Pour l’accompagner et suivre la production, elle apprend à l’italien… Chez Pierre Hardy, son « idole en terme de design », elle se consacre enfin à la chaussure, se familiarise avec le chaussant masculin, spécialement la sneaker qui la passionne et découvre la fabrication portugaise. L’étape suivante la mène à New York où deux années durant, elle dirige la création des chaussures Oscar de la Renta. C’est à son retour à Paris qu’elle ouvre son studio de consulting et conseille des marques de luxe, comme Mulberry, Balmain, Léonard… Mais la chaussure masculine lui manque. S’ébauche alors la création d’une marque atemporelle nourrie de quelques prototypes…

Era, slip-on en cuir nappa et large élastique à partir de 345€ prix boutique conseillé.

La simplicité confortable

Le nom Solovière fait référence à son grand-père russe Jacques Solowejczyk. « Il a francisé son nom ashkénaze pour s’intégrer après-guerre », précise-t-elle. « Ce nom représente mes racines, l’élégance… J‘aime les choses classiques ». La créatrice a l’idée d’un modèle souple comme une ballerine, dépourvu d’empeigne, de couture, décliné dans de belles matières sur une semelle en cuir. « J’avais besoin de créer des chaussures reposantes à regarder », ajoute-t-elle. La slipper hybride Matthieu fait mouche. Sa construction épurée à « l’arrondi neutre » se démarque des collections classiques. Aussitôt référencée au Bon Marché, elle séduit les Japonais par son minimalisme et sa qualité italienne. « Je fabrique ma collection dans un atelier familial de Toscane et les cuirs viennent de tanneries voisines, explique Alexia Aubert. Mes modèles sont faits d’une seule peau. Elle doit être irréprochable. Le marché japonais ne tolère aucune imperfection. »

Une identité affirmée

Cinq ans après les débuts, la styliste réajuste le cap pour mieux réaffirmer ses valeurs : classique, craft, français, masculin, Jacques Solovière est une marque « antimode ». « Je fais très attention à ne pas m’éloigner de ma clientèle mais le produit n’est pas figé. Je veux qu’elle soit une marque de niche qui dure. » Pour y parvenir, elle a ajouté le prénom de son grand-père qui « renforce le soulier signature et masculinise le produit ». Le calligraphe Nicolas Ouchenir a aussi retravaillé l’écriture. « Le logo manquait de poésie. La nouvelle écriture est plus lisible, elle apporte du mouvement. » Un pochon souple, compartimenté, très astucieux, complète désormais le packaging. Quant à la collection, de « petits ajustements ont été apportés afin d’améliorer l’allure ». Comme par exemple, « le coup de pied remonté, le pli écarté pour être plus masculin ou encore l’ajout d’une semelle ergonomique intérieure ». Si la Matthieu reste le produit phare, le label a intégré avec succès une basket à la ligne futuriste. Les nouveaux modèles Era et Rasmus twistent aussi la slip-on et la chaussure robuste de montagne.

Babylone Trooper Low en cuir nappa argent de la nouvelle ligne parallèle SoloSolo, à partir de 370€ prix boutique conseillé.

Trunk show et nouvelle naissance

La marque, présente dans une soixantaine de points de vente, s’est développée en Corée, aux États-Unis… Elle vise aussi le marché anglais. Un essor qui ne fait pas changer d’avis la fondatrice, partisante d’une production à la demande. « La marque a été rentable en deux ans. Produire en petite série m’a permis de contrôler les coûts et de créer du désir. Je veux éviter de stocker et je n’aime pas les soldes. » Cette saison, Jacques Solovière teste la précommande, lancée en juin pour une vente en novembre à prix avantageux. « La sélection de treize modèles est unique, explique-t-elle. Elle n’interfère pas avec celle des acheteurs. Les modèles partiront directement de l’usine. La vente personnalisée est un service optimum. Elle va me permettre de tester les couleurs. Elle me renseignera sur les goûts des clients. » Lors du dernier salon Pitti Uomo à Florence, les concept-stores ont pu découvrir la première collection d’une marque parallèle, toujours unisexe. SoloSolo, « des chaussures plates, d’esprit rangers, très affirmées avec plateforme intérieure invisible et logo apparent ». Une nouvelle offre transgénérationnelle…

Rédaction Nadine Guérin

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