Incas lance « 40075 »,
une ligne de cuirs
« metal free »

Certification made in Italy Conceria Incas
Incas est la seule tannerie à avoir fait certifier ses cuirs « 100% made in Italy » par l’ICEC, attestant que des peaux brutes aux cuirs finis, tout est bien fait dans la même usine.

Conceria Incas compte parmi les plus grandes tanneries transalpines qui transforment le déchet que sont les peaux en cuirs incontournables du vestiaire (chaussure, maroquinerie et prêt-à-porter). Dans le monde, 7,7 millions de tonnes de peaux seraient ainsi recyclées par les industriels de la tannerie chaque année (source FAO). À parcourir les allées du salon milanais qui rassemble ces professionnels, truffées de messages adressant les enjeux environnementaux et autres logotypes de labels ou organes certifiants, le secteur esquisse un modèle économique plus raisonné, plus attentif aux leçons du passé.

Le projet « 40075 » au cœur d’un écosystème global

Comment réduire l’impact de son activité ? Comment produire des peausseries en limitant la consommation de ressources et la génération de déchets ? Qui peut collecter et upcycler les rebus de nature très variée à toutes les étapes de la chaîne ? Stefano Giannotti, s’est posé toutes ces questions. Depuis 1996, l’actuel consultant technique de la tannerie Incas vit au rythme de leur résolution. C’est lui avec le President M. Valter Ceccatelli qui est à l’origine, en 2006, d’un projet de production de cuir « metal free ». Trop embryonnaire (NDLR – la gamme de couleurs à la demande est alors insatisfaisante), ce dernier est avorté avant de naître en ce début d’année sous le nom de « 40075 ». Ce nombre, c’est la circonférence de la Terre en kilomètres. C’est aussi, « un message que l’entreprise veut faire passer » en matière d’éco-responsabilité au sens global du terme. En effet, si les bénéfices de la nouvelle ligne de cuir « metal free » présentée en avant-première quelques jours avant le salon Lineapelle, ne sont pas perceptibles à l’œil nu, la démarche est progressiste à tous les niveaux, à commencer par la concentration de métaux lourds, au plus bas – 320 ppm (0,032 %) -, soit trois fois moins que la norme UNI EN ISO 17072-2 limitée à 1000 ppm (0,1 %).

Cuirs grainés, cuirs nubucks, cuirs lisses dans une innombrable palette de couleurs du pastel au vif (fushia, orange, vert, terre, olive, rouge, crème, rose, ciel) jusqu’aux incontournables noir et blanc, « les finitions de la ligne 40075 ont un rendu très naturel, les peaux sont très rondes et ont le même caractère photosensible que le tannage végétal traditionnel ».

La production « metal free » selon Incas

Pour clarifier toute suspicion de greenwashing, le « zéro métaux lourds n’existe pas. Bien qu’un processus de tannage soit organique-végétal, l’étape du retannage (NDRL – deuxième tannage appliqué sur les peaux tannées au végétal qui leur confère leurs caractéristiques) peut être réalisée sans aucune trace de chrome. Or, nous avons également éliminé à son paroxysme la présence de métaux lourds à ce stade, finitions anilines et teintures comprises ». Conscient que beaucoup reste à accomplir, le porte-parole technique se targue de représenter « la première tannerie en Italie à avoir obtenu la Certification de Durabilité (Sustainability Certification) de l’ICEC (Institut de Certification Qualité pour l’Industrie du Cuir) », tout en admettant que pour le commun des mortels, cela puisse sembler bien obscur. « Quand j’ai travaillé sur le projet je me suis rendu compte que personne ne connaissait toutes ces certifications. Et pourtant toute la politique de notre tannerie repose sur le référentiel des certifications de l’ICEC. Par ailleurs, nous usons de tannins végétaux qui proviennent de la filière FSC (Forest Stewardship Council). Parce que nous ne pouvons pas d’un côté gagner le bénéfice de supprimer les métaux lourds mais de l’autre contribuer à la déforestation. »

L’économie circulaire tout au long du cycle

Un autre aspect essentiel de 40075 réside dans la gestion et le traitement des déchets. Depuis toujours, Incas les donne à des sociétés et veille à leur destination. « Nos déchets à base d’agents tannants végétaux sont réemployés comme fertilisants. Par ailleurs, les conteneurs en plastique pour l’emballage ou la conservation des peaux en crust qui couvrent les palettes sont recyclés. Et depuis mars nous livrons nos articles dans des emballages en papier ou plastiques fabriqués à partir de ceux qui sont collectés par notre partenaire. » Tout ce qui est nécessaire à la production vient d’un périmètre local si ce n’est les peaux de petits veaux (vitellino) que l’on ne trouve pas en Europe, marché fort réglementé par les quotas sur la production de lait, mais en Nouvelle-Zélande et Australie, et certaines peaux de veaux en Allemagne, France et U.S.A. D’ailleurs, Incas est la seule tannerie à avoir fait certifier ses cuirs « 100% made in Italy » par l’ICEC, attestant que des peaux brutes aux cuirs finis, tout est bien fait dans la même usine. Et pour cause, en Italie le tissu sectoriel est fortement éclaté, avec une multitude de petits acteurs, et beaucoup d’entreprises ne font plus le travail de rivière, ou de finissage qu’elles sous-traitent à des confrères de la même région.

La tannerie, basée dans le fameux district du cuir de Santa Croce sull’Arno investit dans des infrastructures de finissage supplémentaires et va bientôt réceptionner le chantier de 5 000 m² de nouveaux bâtiments dédiés au stockage.

La réduction de la consommation de ressources 

Conceria Incas ne se contente pas d’optimiser son sourcing, et la gestion de ses déchets en lien avec des partenaires, mais fait évoluer ses processus de fabrication afin d’économiser les ressources. Ainsi, la tannerie réalise une économie de 53,7% d’eau et de 32,5% de sulfure de sodium grâce au recyclage de bains entre les étapes du trempage et pelannage. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, la moindre mesure de sulfure de sodium « nous permet d’avoir une peau plus pleine et donc de minimiser le volume de produits chimiques au stade du retannage », ajoute Stefano Giannotti.

Les caractéristiques produit

Cuirs grainés, cuirs nubucks, cuirs lisses dans une innombrable palette de couleurs du pastel au vif (fushia, orange, vert, terre, olive, rouge, crème, rose, ciel) jusqu’aux incontournables noir et blanc, « les finitions de la ligne 40075 ont un rendu très naturel, les peaux sont très rondes et ont le même caractère photosensible que le tannage végétal traditionnel », confiait Michela Gori, en charge du développement commercial de l’entreprise, à l’occasion de Lineapelle.
Côté prix, pas d’augmentation significative pour la nouvelle ligne. Il faut tabler sur 2 à 3 euros supplémentaires selon les 66 qualités différentes (épaisseur, taille, destination), entre 37 et 53 euros le m² la petite peau en moyenne, jusqu’à 72 euros pour les demi-peaux de veau (ou bande – peau coupée dans le sens de la longueur), et enfin 67 euros pour celles du fameux buffle italien à qui l’on doit la mozzarella.

Les perspectives commerciales

Pour l’heure, il n’est pas question de faire fi des différentes marques (Il Veliero, Italtan, Incas) et produits éprouvés en matière de performance et d’innocuité, qu’ils soient de traitement minéral ou végétal. « Nous avons toujours pratiqué les traditionnels tannages minéral et végétal mais initions en parallèle cette production en espérant qu’elle deviendra à terme la principale », explique le consultant. Pour y parvenir, la tannerie, basée dans le renommé district du cuir de Santa Croce sull’Arno investit dans des infrastructures de finissage supplémentaires et va bientôt réceptionner le chantier de 5 000 m² de nouveaux bâtiments dédiés au stockage. Déjà, Stefano Giannotti pense à performer encore et toujours plus. « À mon avis nous pourrons baisser davantage la teneur en métaux, jusqu’à la limite de 100 ppm, moins que cela peut-être pour certaines couleurs… »

INITIZIATIVE CONCIARIE ASSOCIATE EN DONNÉES CLÉS

Date de fondation : 1972.
Effectifs : 200 salariés.
Production annuelle : 1,5 million de m².
Différentes marques de l’entreprise : « Il Veliero » pour le tannage minéral de peaux de veaux et petits veaux, « Italtan » essentiellement pour le tannage minéral de peaux de veaux et petits veaux, finition façon poney incluse, « Incas » pour le tannage organique de peaux de petits veaux, veaux et buffles, dont la nouvelle ligne « metal free – 40075 ».
Capacité de production par produit : 6 000 peaux de petits veaux, 500 peaux de veaux, 2 000 peaux de buffles par jour.
Répartition de la production par produit : 70% de cuirs de petits veaux, 10% de peaux de veaux, 20% de peaux de buffles par jour.

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Rédaction Juliette Sebille
En partenariat avec Conceria Incas

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