« Graulhet, le Cuir dans la Peau » : une action de communication clé pour les entreprises du cuir locales

Avec son opération annuelle « Graulhet, le Cuir dans la Peau », organisée par l’Office du Tourisme La Toscane Occitane, la ville tarnaise mise sur ces journées portes ouvertes aux indéniables vertus fédératrices et pédagogiques. À l’aune des enjeux de la RSE, l’évènement offre une expérience de story-proving, de deux jours, qui séduit autant un public de curieux que des entreprises, réunis pour échanger sur la réalité de la matière et de la filière locale. Retour d’expérience sur l’édition 2023, avant la prochaine manifestation lors des vacances scolaires de la Toussaint, en octobre 2024.

Bandit Manchot maroquinerie cuir Graulhet
Bandit Manchot - Photo © Olivier Octobre.

Expliquer la matière cuir et le savoir-faire

Depuis qu’ont émergé les « faux cuirs » ou les dites alternatives au cuir, y compris dans l’espace médiatique, les professionnels se retrouvent à devoir expliquer aux visiteurs ce qu’est le – vrai – cuir, relève, préoccupée, Marie-Laure Biscond, Présidente de l’association d’entreprises Graulhet Le Cuir, regroupant une partie des acteurs du cuir locaux, et co-fondatrice de la maroquinerie Bandit Manchot. Force est de constater que l’aspect « pédagogique » de ces visites a pris des allures d’utilité publique pour les entreprises participantes, questionnées sur l’origine de la matière : un déchet recyclé depuis que l’Homme existe, aucun animal tué pour le cuir, hormis le cas de certaines peaux exotiques. Ainsi cette question récurrente des primo-visiteurs aux tanneurs : « Est-ce qu’on tue la bête pour la peau ? », témoigne François Roques, membre de la Chambre Syndicale des Patrons Mégissiers et dirigeant de la mégisserie de La Molière. Ce qui surprend toujours les tanneurs, à présent habitués à préciser d’emblée que le cuir est un déchet, avant d’enchaîner sur la question de la bientraitance animale. « Nous disons aux visiteurs que la bientraitance animale est complémentaire avec le travail de la peau : nous avons des campagnes de vaccination pour protéger les bêtes, nous avons des campagnes pour retirer les barbelés pour éviter que les bêtes ne se blessent. Nous leur expliquons que la peau sera d’autant plus belle que la bientraitance animale sera meilleure. Cela surprend les visiteurs », rapporte la présidente de l’association, car, « auparavant, ils ne s’étaient jamais réellement questionnés sur la provenance du cuir. Mais, rapidement, après explication, l’origine du cuir devient, pour eux, une évidence. » Et au dirigeant de la tannerie de conclure sur ces visites d’entreprises « bénéfiques », car les participants pourront, à présent, parler du cuir autrement, imprégnés d’« une idée de la véritable valeur du cuir. Les consommateurs n’achètent pas du cuir, renchérit-il, ils achètent un savoir-faire et un produit qui est noble. Nous sommes des ennoblisseurs qui travaillons à partir d’un déchet. Les visiteurs arrivent à imaginer tout le travail car nous leur expliquons les problématiques de pollution, de consommation d’eau, de relations avec les médias parfois, etc. Nos échanges sur les tannages, le bon traitement du produit ou encore les normes alimentent la discussion et suscitent beaucoup de curiosité chez tous les participants ».

Maroquinerie cuir Frandi Graulhet France
Maroquinerie cuir Frandi.

Renforcer l’image de la filière cuir locale et la marque employeur

Discrète, voire souvent invisibilisée, l’expertise des salariés est mise en valeur auprès du grand public grâce à ces journées portes ouvertes. Porte-voix de l’association d’entreprises locales, Marie-Laure Biscond insiste sur les bienfaits de la valorisation des salariés. « Les visiteurs sont toujours très surpris du travail de fabrication d’un sac, des nombreuses opérations nécessaires pour fabriquer un portefeuille. Quelle que soit l’entreprise, la visite valorise son métier, son savoir-faire et son personnel. Excepté les métiers d’art qui sont mis en avant, on ne voit jamais personne travailler, alors que rendre visible une opération en cours de réalisation peut susciter aussi l’envie de travailler dans ces métiers. C’est la seule occasion d’entrer dans un atelier ou une usine pour découvrir un métier et, pour l’entreprise, d’exprimer ses besoins. » Ainsi la communication directe permet à chaque entreprise de délivrer ses messages spécifiques. Par exemple, la maroquinerie Bandit Manchot a pu dévoiler son partenariat avec l’établissement de Santé Mentale de la MGEN de Toulouse qui collecte une partie de ses chutes de cuir pour un atelier d’art-thérapie où les patients créent des tableaux de mosaïque à partir de la matière récupérée. De quoi évoquer des actions dites « à impact positif », d’autant plus que la problématique du devenir des chutes de cuir mobilise les professionnels comme l’intérêt des visiteurs.
Autre avantage de la visite d’entreprise, compte tenu des besoins en recrutement dans les tanneries et maroquineries, « cela peut susciter des vocations, car trouver des piqueurs, des coupeurs, des spécialistes du cuir, n’est pas facile », se désole Benjamin Gontier, dirigeant de la maroquinerie Frandi, qui, pour la première fois, participait à l’opération qui « donne une image dynamique de la filière à Graulhet ». Car, au-delà des visiteurs locaux, des jeunes en quête d’orientation professionnelle et des adultes en réflexion de reconversion professionnelle s’empressent de découvrir les métiers du cuir au plus près des professionnels.

Mégisserie La Molière cuir Graulhet
Mégisserie La Molière - Photo © La Molière.

Valoriser une fabrication française

Enfin, ces deux journées portes ouvertes donnent à voir des entreprises chérissant une fabrication locale. « Nous invitons le grand public à découvrir comment nous fabriquons un produit de A à Z pour démontrer aussi le prix d’une fabrication française », défend le maroquinier Frandi. « Les visiteurs prennent conscience du savoir-faire et du temps nécessaires à la fabrication d’un tel produit. Il est important de découvrir la réalité du prix et d’un beau métier. » Emballé par la dynamique de la filière et ces journées portes ouvertes, le chef d’entreprise songe désormais à la création d’un showroom avec une vitrine ouvrant sur l’atelier… Une quête de visibilité pour un savoir-faire local en plein renouveau.
De même, Sandrine Bonnet, du Service Développement des Entreprise de la CCI Tarn qui accompagne les entreprises de la filière cuir tarnaise, salue l’opération « Graulhet, le Cuir dans la Peau » qui permet de faire connaître ce nouveau visage de la filière à Graulhet et également à Mazamet dont le pôle cuir se développe. Au travers de la démonstration du savoir-faire, cette opération permet de faire connaître la valeur, le travail et le prix d’une fabrication locale pas toujours accessible au grand public. Les visiteurs reconnaissent alors que la fabrication française a un prix ». Et, chaque année, ils sont plus nombreux à être sensibilisés à ces messages. D’un évènement « très très local », se réjouit Marie-Laure Biscond, « Graulhet, le Cuir dans la Peau » a trouvé un écho régional. En témoignent les chiffres de la dernière édition : +35% de visiteurs, un taux de remplissage des visites de 96%, 1 900 visiteurs sur deux jours, 18 lieux ouverts au public, 23% de personnes venues d’autres départements… Un franc succès pour les entreprises du cuir tarnaises !

Inscrivez-vous à la Newsleather pour recevoir, toutes les deux semaines, un condensé de l’actualité de la filière cuir.

Rédaction Stéphanie Bui

j'AIME
TWEETER
PIN IT
LINKEDIN
Cuir Invest

Consultez
les derniers articles
de la rubrique

ipsum ut velit, vulputate, justo Lorem
Fermer