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Shark Lock Cowboy bottines Givenchy veau embossé
Bottines Shark Lock Cowboy en veau embossé, Givenchy.

Ils sont les nouvelles pièces mode cuir, nouveaux it-bags, it-shoes, peut-être les grands classiques de demain des maisons de luxe française, mais en tout cas déjà incontournables dans les dressings ces dernières saisons. Retour sur l’histoire et les inspirations d’une dizaine de créations récentes qui, prenons le pari, n’en n’ont pas fini de faire parler d’elles !

Bottes Shark Lock veau Givenchy
Bottes Shark Lock en veau, Givenchy.

Shark Lock, Givenchy : une allure mordante

Hyper identifiable, architecturée, graphique, nette, sculpturale, inattendue, un design acéré pour cette création mode qui ne souffre d’aucun compromis. 2012, l’emblématique directeur artistique de Givenchy de 2005 à 2017, Riccardo Tisci, tenant d’une ligne sombre, graphique, néo-gothique, propose sur le podium prêt-à-porter de la marque, à l’automne-hiver 2012-13, ce modèle, création hybride semblant emmêler guêtres et santiags, un pan de cuir dissimulant totalement le talon de la chaussure, et ne laissant apercevoir que le bout pointu, créant ainsi ce volume inédit, à la fois massif et effilé.
Objet design s’il en est, dessinant une silhouette d’avant-garde, une allure de conquérante, cette botte est aussi un condensé de l’esprit novateur et de radicalité à l’esthétique urbaine que souhaite insuffler à la marque Matthew M. Williams lors de son passage à la direction artistique de la marque de 2020 à fin 2023. C’est tout naturellement qu’il re-populse ce modèle à fort potentiel sur le devant de la scène. Discret lifting, la version des années 2020 gagne en rigidité, un design aux lignes « tracées au cordeau », encore plus anguleuses, mais surtout enrichi de ce détail, le fameux cadenas 4G, reprenant le logo historique de la maison de Haute Couture créée en 1952 par Hubert de Givenchy. Gimmick Givenchy, à l’esprit gentiment provoc’, un peu punk même, et que l’on retrouve, ponctuant l’ensemble des lignes accessoires, prêt-à-porter, parfums et cosmétiques de la maison. Caution de coolitude ultime, ces bottes sont adoptées et exhibées sur Instagram, Snapchat et autre TikTok, par nombre de pop stars, de la rappeuse Doja Cat à l’actrice Madelaine Petsch, mais aussi Venus Williams ou encore les ineffables it-girls Kylie Jenner ou Dua Lipa… Devenues depuis un élément aussi incontournable qu’identifiable de la silhouette Givenchy. Collections après collections, elles sont revues, recolorées, raccord avec les inspirations prêt-à-porter, déclinées dans des peausseries de veau glacé, de taurillon, veau suédé, chèvre, agneau, certains modèles avec des empiècements de python. Ou encore, écho à cet American Way of Life, au mythe intemporel du cowboy, mais aussi hommage aux origines du directeur artistique de la maison d’alors, imaginées en cuir embossé façon western, elles font leur apparition dans la collection pre-fall 2023 via la ligne Shark Lock Cowboy, proposées aussi dans des versions textiles, en denim brodé de perles ou strass, en satin… Dans des proportions repensées, version bottines ou avec leurs épaisses semelles de gomme chunky, à l’inspiration bottes de motard, pour la Shark Lock Biker, mais aussi version stiletto.

Sac Dior Caro veau souple
Sac Dior Caro en veau souple.

Dior Caro, Dior : girl- power !

Au côté du détonnant Dior Saddle imaginé en 2000 période John Galliano, du cabas Dior Booke Tote lancé au printemps-été 2018, ou bien évidemment de l’iconique Lady Dior créé lui en 1997 et popularisé par la princesse de Galles, une chose est sûre, la maison de l’avenue Montaigne est familière des lancements qui marquent l’histoire de la mode et du style. Aujourd’hui, sous la direction artistique de Maria Grazia Chiuri, c’est une page empreinte d’un retour aux lignes sobres qui s’écrit chez Dior. Et à n’en pas douter, avec son allure un peu vintage mais néanmoins intemporelle, le Dior Caro, qui fait son apparition au printemps-été 2021, a tout du grand classique. Il reprend plusieurs des codes emblématiques de la grammaire Dior, le matelassage façon cannage, soit 18.700 points de couture (le même motif que le Lady Dior) inspiré aux designers par les chaises Napoléon III du décor imaginé par Victor Grandpierre, ami et décorateur de Christian Dior, pour l’aménagementde l’emblématique boutique de l’hôtel particulier du 30 avenue Montaigne, en 1946. Son fermoir tourniquet, initiales en métal est lui aussi emprunté à une création historique Dior, puisque son design est emprunté à un flacon parfum de la maison. Disponible en plusieurs tailles, il est proposé au gré des collections et des inspirations en agneau, veau, veau grainé, veau brodé façon macramé, veau imprimé « Florilegio », peau lainée, mais aussi cuir imprimé « tie and Dior » développé pour la collection Croisière de 2021, et encore en tweed, denim, raphia, coton brodé… Mais ce qui est peut-être le plus émouvant, le plus touchant, dans cette création, c’est son nom : Caro, c’est ainsi qu’était affectueusement surnommée la sœur adorée du couturier, Catherine. C’est elle qui inspirera à son frère le nom de l’emblématique parfum, Miss Dior, d’un bon mot de Mizza Bricard (autre femme incontournable dans l’histoire de la maison Dior) qui, voyant un jour, arriver Catherine Dior dans les salons couture de la maison, s’écria : « Tiens, voilà Miss Dior ! ». Mais Catherine, ce fut aussi une grande figure de la résistance, à son retour de déportation à la fin de la guerre, elle deviendra exploitante d’une ferme de roses à parfums dans la région de Grasse, et c’est en toute discrétion qu’elle disparaît en 2008. Femme de l’ombre, elle est mise en lumière dans la jolie biographie « Miss Dior » que lui consacre Justine Picardie parue en 2021.
Aussi ce sac, aux lignes élégantes, à l’allure éminemment parisienne, nouveau classique Dior, s’inscrit dans la démarche des hommages de Maria Grazia Chiuri à ces femmes fortes, à ces femmes d’hier et d’aujourd’hui, et qui inspirent ses collections prêt-à-porter et Haute Couture, telles que l’auteure nigériane Chimamanda Ngozi Adichie dont on se souvient de l’empreint de la citation « We should all be feminists » sur le fameux tee-shirt du premier défilé de Maria Grazia Chiuri pour le prêt-à-porter Dior au printemps-été 2017 ; l’activiste féministe américaine Judy Chicago mais aussi Edith Piaf, les artistes Frida Khalo, Niki de Saint Phalle, Joana Vasconcelos… Ou quand l’élégance n’empêche pas la conscience et l’engagement !

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Rédaction Florent Paudeleux

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