La tannerie en pleine expansion
Au pied des Monts du Vivarais, la ville d’Annonay remplit toutes les conditions pour que la tannerie prenne tout son essor. Terre d’élevage, eau pure des rivières, la Cance et anciennement la Deûme, aujourd’hui couverte par l’Avenue de l’Europe… Un premier artisan de la peau est mentionné en 1246. À la veille des guerres de religion, les tanneurs travaillent les grandes peaux (vaches, bœufs) tandis que les mégissiers apprêtent les plus petites (agneaux, chevreaux). « En 1721, Annonay comptait 80 mégissiers – appelés à l’époque « blanchers » – et une cinquantaine de tanneurs. La ville est considérée comme le premier centre de tannerie du Vivarais. Alors que le premier vol des frères Joseph et Étienne Montgolfier, en 1782, met la ville en pleine lumière, l’industrie ardéchoise du cuir s’apprête à vivre son âge d’or. « Il n’y avait pas une seule famille qui n’était pas concernée par le travail de la peau, souligne Mathieu Gounon. La tannerie française du XIXe siècle est alors en plein essor. Elle innove, exporte, embauche. Les familles Seguin, Duret, Bechetoillefont d’Annonay une place de négoce et de commerce active. Sept millions de peaux de chevreau sont produites pour la ganterie ». Trois tanneries, en particulier, se développent. Il s’agit de Meyzonnier, Franc, Ribes/Combe. Une qualité spéciale de veau ciré, mise au point trois décennies plus tard pour la chaussure, connaît un vif succès. « La production de box calf à Annonay est l’une des plus importantes en France et en Europe, précise Mathieu Gounon. Elle prend le pas pendant l’entre-deux-guerres sur la mégisserie en déclin. » Les industries du cuir, qui n’ont pas fermé dans les années 50, finissent par se regrouper. Tel Meyzonnier, qui renaîtra en 1975 sous le nom de Tannerie d’Annonay après un long conflit social.