Le cuir actif dans la décoration d’intérieur
Le cuir met son esthétique et sa résistance au service de meubles et d’objets singuliers. Cinq nouveautés ont fait l’actualité du salon Maison&Objet et ...
L’exposition « Design x Durable x Désirable » célèbre l’art de vivre responsable à Paris jusqu’au 13 juillet prochain. Les trente projets sélectionnés par Le French Design by VIA ouvrent la voie à des process et des matériaux enclins à préserver notre planète. Parmi eux, le cuir, dont la nature durable a séduit quatre designers et éditeurs attachés aux valeurs environnementales.
Le design, comme les autres filières, est en pleine mutation. C’est ce que démontre Le French Design by VIA, dédié à l’innovation dans l’ameublement et l’architecture d’intérieur. L’exposition, actuellement présentée à la Galerie, s’appuie en réalité sur un vaste programme initié avant la pandémie. L’étude « Disruption vers un design durable » a été menée dès 2019 : prospective, interviews d’acteurs du marché et d’experts en développement durable et, en 2023, édition de cinq Cahiers d’inspiration, illustrés par une centaine de projets français exemplaires. Pour l’exposition « Design x Durable x Désirable », les co-commissaires Caroline Tinoco et Nathalie Tinland ont choisi de mettre l’accent sur les concepts parmi les plus emblématiques. « De quoi seront faits les objets de demain ? interrogent-elles. Un nouveau design durable est en train de voir le jour. Il s’appuie sur des éco-matériaux, des rebuts à valoriser mais aussi sur des process peu énergivores, des circuits courts au service d’une nouvelle sobriété. » Zoom sur quatre concepts respectueux de la nature.
« La nouvelle génération est très impliquée face aux problématiques actuelles, affirme Jean-Paul Bath, à la tête du French Design by VIA. En se demandant comment sauvegarder les ressources naturelles, comment supprimer les déchets non biodégradables, comment lutter contre le réchauffement climatique, les designers rendent possible une réinitialisation des process naturels dans la production d’objets ». Baptiste Cotten fait partie de ces « têtes chercheuses ». Pour son projet de fin d’études à l’Ensci – Les Ateliers, il a fait appel à un tanneur contemporain, né dans le Lyonnais en 2019. Ictyos récupère les peaux de poissons de l’agroalimentaire et les transforme en une matière innovante qui donne le change. Spécialement le saumon, dont l’industrie produit chaque année 50 000 tonnes de résidus. Le jeune designer industriel – à la tête de BCM Studio – a réfléchi à une solution d’assemblage afin de fabriquer du mobilier de grande taille à partir de peaux de poissons de petite taille. C’est le fil conducteur du projet nommé, en toute logique, « Seconde peau ». Le banc court, présenté dans le cadre de l’exposition, se compose d’une tôle d’acier recouverte d’un matelassage en marqueterie de cuir de saumon. Un process innovant à fort potentiel décoratif. Baptiste Cotten propose aussi, sur le même principe, un paravent repliable particulièrement graphique.
Pour la quatorzième édition de son concours « Révélateur de talents », l’éditeur Cinna a invité de jeunes designers à concevoir un objet autour d’un thème fédérateur, « Rien ne se perd mais tout se crée ». Louise Puertolas, à la tête de son propre studio depuis 2020, fait partie des lauréats. Comme les autres candidats, elle a pu puiser dans les chutes de matières mises à disposition par le fabricant au sein de ses ateliers. Sa lampe à poser est un exemple réussi de valorisation de « rebuts ». La créatrice l’a baptisée Kufu, en référence à un concept japonais signifiant « l’art de faire avec les moyens du bord ». Sa construction reflète l’économie de moyens, indispensable si l’on veut réduire la pression sur les ressources naturelles. Elle ne manque pas non plus d’élégance puisque les trois pièces de synderme (cuir recyclé) sont découpées dans des lignes douces avant d’être assemblées entre elles par des rivets vissés. L’abat-jour inclinable permet d’orienter la lumière et de moduler son intensité. Objet totalement éco-conçu, Kufu s’inscrit dans un mouvement porteur : une esthétique novatrice de la métamorphose des déchets, portée par la simplicité, la légèreté, la poésie.
Les matériaux locaux, la fabrication sur le territoire en circuits courts revendiquent aussi la durabilité. C’est le credo d’artisans, de designers, d’éditeurs qui travaillent de concert pour réaliser pièces uniques et petites séries, à rebours du « made in ailleurs ». Solum Lignum appartient à cette catégorie. Anaïs Mroz et Simon Boullier vivent au plus près de la nature, en Sologne, où ils ont installé leur atelier de menuiserie. Le duo défend depuis 2019 la création d’un mobilier novateur qui fait la part belle aux « déchets » intégralement valorisés. À l’image de Fragments, tabouret sculptural, moins simple qu’il n’y paraît avec son assemblage à queue-d’aronde. Les chutes de chêne massif clair et de cuir naturel composent un ensemble ton sur ton du plus bel effet. Aucun élément en chêne ne se touche et l’intérieur ajouré peut faire office de rangement. L’assise en cuir assure le confort. Un mobilier d’appoint polyvalent, graphique, vertueux, qui ne manque pas d’allure !
La nature est une source d’inspiration infinie et les créations sont de plus en plus nombreuses à rendre hommage à sa beauté comme à son ingéniosité. Elle nourrit « une création actuelle, tenaillée par une quête de la forme essentielle, régie par un impératif de frugalité et source de sérénité », souligne l’exposition « Design x Durable x Désirable ». Caroline Venet, à l’origine de Studio Foam depuis 2017, a choisi le cuir pour explorer diverses mises en œuvre et jouer avec notre perception. Sa suspension Onde(s) est « un hommage au métier de maroquinier et un manifeste d’upcycling de chutes. De loin, nous pourrions y voir une tôle fine, un métal perforé. De près, la sensualité du cuir vibre avec la trame optique ». Avec l’artisan maroquinière Aurélie Chadaine, elle relève le pari de donner une seconde vie à des chutes et fins de séries de cuir à tannage végétal « nude ». Chaque pièce est découpée, perforée, posée sur un cylindre rigide, lui-même moulé de cuir. « Onde(s) valorise les potentiels du cuir. La matière est suspendue, sans ajout. Elle est allégée par les perforations qui filtrent la lumière », poursuit-elle. Avec douceur et dans une stricte logique de réemploi.
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Rédaction Nadine Guérin
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