Max Capdebarthes, 37 ans d’excellence artisanale, entre tradition et modernité
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L’innovation appartient à l’ADN de Dognin, maroquinier propulsé sur le devant de la scène avec son invention d’une machine industrielle, brevetée en octobre 2024. Retour avec Rafik Mahiout, son cofondateur, sur la prouesse aux multiples vertus et récompenses : la création de formes souples et structurées en cuir ou matériaux souples selon une nouvelle technique de maroquinerie. Le témoignage du dynamisme d’une TPE qui voit loin tout en chérissant son ancrage économique et social de maroquinier parisien du quartier de la Goutte d’Or.
L’année dernière, nous avons fêté les 227 ans de Dognin, à Lyon, où fut créée la maison. Les dirigeants ont toujours été novateurs et ce, dès 1805, avec l’invention du tulle mécanique de soie, de la dentelle de Lyon en 1860, du tulle élastique en 1930, de la nappe en dentelle lavable en machine en 1960. La maison a toujours travaillé à la croisée de l’industrie et de l’artisanat, pour démocratiser de façon qualitative un artisanat d’art français. Quinze ans après sa fermeture en 1985, nous avons cofondé avec Luc Dognin, arrière-arrière-petit-fils du fondateur, une maroquinerie avec cette même attention à l’artisanat, à l’innovation et à l’industrie.
Tandis qu’existent deux grandes familles de forme en maroquinerie, à savoir le cuir rigide et l’ultra souple, nous avons inventé une nouvelle forme : le souple et structuré. Notre machine industrielle, que nous avons développée en lien avec la junior entreprise de l’école Centrale Lille et une start-up hébergée au Laboratoire d’Optique d’Orsay, met en forme en trois dimensions, et non en 3D, à partir d’éléments souples, comme le cuir ou d’autres matériaux. C’est l’aboutissement d’une dizaine d’années de travail de recherche à partir des propriétés intrinsèques du cuir pour en tirer une technique qui n’est pas utilisée en maroquinerie traditionnelle. Par exemple, pour créer une forme, le temps de fabrication est d’ordinaire consacré à façonner des renforts, tandis qu’avec notre brevet, nul besoin de renforts. Nous voulions un design très stable, très fin, pourvu du moins de couture possible. En maroquinerie, plus l’objet a l’air simple, plus il est difficile à obtenir. Notre invention nous a ainsi valu plusieurs expositions et prix : Salon International du Patrimoine Culturel, BIG, le plus grand rassemblement business d’Europe organisé par Bpifrance, Label de l’Observeur du Design de l ’APCI pour le renouvellement des formes, Premier prix du Label « Fabriqué à Paris » dans la catégorie Mode et accessoire, deux acquisitions par le Palais Galliera… Et, en 2025, nous exposerons à l’Exposition universelle d’Osaka.
Nos recherches ont commencé dans notre atelier où l’on travaillait comme des ébénistes dédiés à la création de nos propres moules. À chaque design de sac correspondait un moule. Nous étions donc limités en termes de volume à fabriquer. Nous nous sommes alors interrogés : « Comment pourrait-on obtenir le même résultat extraordinaire de très fine et haute facture sans utiliser de moule ? » Ce fut tout le fruit de notre travail pour obtenir le brevet à partir de notre maîtrise des matériaux, d’une connaissance de la chimie, de la résistance mécanique des matériaux et des structures, et de notre grande appétence pour la question de l’écologie. Les recherches et l’obtention des brevets du concept et de la machine industrielle, déposés en Europe, au Japon et en Corée du Sud, ont abouti au bout de quinze ans. Quand vous vous lancez dans un processus d’innovation, vous savez quand vous commencez mais vous ne savez jamais quand vous aurez terminé. Sur le terrain, dès que vous pensez avoir résolu un problème, en surgit un autre, comme celui de la densité de la colle. Car nous ne pouvions pas utiliser les pistolets existants pour le collage. Nous avons dû développer un système d’encollage avec une start-up hébergée dans le laboratoire d’optique d’Orsay. Nous avons travaillé avec les trois meilleures écoles de France et parmi le top 5 d’Europe.
Nous avons associé le cuir à l’un des textiles techniques que nous avons mis au point et développé une colle écologique. Car notre démarche relève typiquement du design : économie de matière et rapidité d’exécution optimisées, sans recours aux renforts. Notre modèle Polochon est un sac souple et structuré avec une mémoire de forme, réalisé avec une économie de moyens pour un rendu beaucoup plus léger. Cette invention nous ouvre ainsi vers de nouveaux horizons de design en maroquinerie et dans d’autres secteurs : le design d’intérieur, l’automobile, le médical. Par ailleurs, nous sommes une entreprise qui se veut profondément sociale, car nous sommes très ancrés dans notre quartier de la Goutte d’Or. Depuis 2012, nous développons un Pôle Territorial de Coopération Économique (PTCE) soutenu par la Ville de Paris, la Région Île-de-France et l’État. Il comprend notamment une coopérative d’artisans pilotée par une association présidée par Luc Dognin. Nous souhaitons générer un écosystème propice à la création d’un quartier manufacturier soutenu par la volonté de ceux qui y travaillent. Car, l’action locale ne peut se décréter par le seul politique sans l’implication des personnes concernées.
C’est tout l’intérêt de maîtriser son savoir-faire, parce que nous travaillons en interne avec notre propre atelier. À l’origine, c’est une passion que nous avons pour la forme, particulièrement l’architecture, l’histoire, l’art. En architecture, il est toujours question d’une recherche de forme nouvelle. Notre démarche de conception est complètement à l’inverse de la maroquinerie traditionnelle dans le sens où l’on ne cherche pas à appliquer des techniques existantes pour créer de nouveaux modèles. Nous inventons un modèle sans prendre en considération l’existence ou non de la technique pour la réaliser. À partir du moment où nous voulons obtenir une forme, nous inventons la technique à l’aide de tous les éléments scientifiques à disposition : mécanique, chimie, résistance…
Luc Dognin crée et conçoit les modèles de la marque, après un parcours dans la finance, puis dans la mode chez LVMH, et un cursus en management à l’Institut Français de la Mode. Pour ma part, je pilote l’univers onirique de la marque et son développement. Je suis ingénieur de formation et héritier d’une double culture. À la fois cartésien et nourri par la civilisation orientale, je suis passionné d’architecture, de construction d’images, d’histoire et de voyages, constamment à la recherche de nouveaux horizons. J’ai toujours voulu créer mon entreprise.
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Rédaction Stéphanie Bui
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