La botte camarguaise, labellisée après la charentaise
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Convertir l’échoppe d’un artisan maroquinier en atelier au service des créateurs, tel est le parti pris d’Hélène Varennes. Depuis sa manufacture en tuffeau blanc longeant la Loire, à mi-chemin entre Angers et Saumur, l’entrepreneuse surfe sur la vague du made in France. Cocorico !
De l’extérieur c’est une boutique de maroquinerie implantée sur la rive droite de la Loire dans le petit village de Saint Clément des Levées. À l’intérieur, se cache un atelier de confection de sacs, composants et petits accessoires. Nous sommes en octobre et les couleurs d’automne subliment le fleuve sauvage, rompu de bancs de sable accueillant les derniers oiseaux n’ayant pas encore rejoint le flux migratoire. Originaire d’Angers, Hélène Varennes ne se lasse pas de ce paysage mouvant au fil de l’eau et des jours, qui ne se ressemblent pas. Il y a cinq ans, quand elle reprend l’entreprise fondée par Raphaël Mamet, cette professionnelle du secteur de la mode se laisse guider par son intuition : réveiller la belle endormie au patrimoine prometteur accréditée du label EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant). L’esprit du maître sellier flotte encore sur les lieux, quelques sacs tout en plis, proches de la sculpture, témoignent de son aura passée. Lucide, Hélène Varennes, rattrapée par la demande des créateurs, qui ne trouvaient pas de fabricants de confiance prêts à leur concéder la production de petites séries, a pris conscience du potentiel de la création d’une activité en sous-traitance.
2020, année charnière sert de matrice au changement. Et pour cause, l’atelier qui se concentre désormais sur la confection plutôt que la création d’accessoires, vient de rejoindre le groupe Partson, polarisant un amalgame de savoir-faire dans la région des Pays de la Loire. Deux manufactures historiques de couvre-chefs – Fernand Robert et Dandurand -, un atelier de confection de prêt-à-porter – Maison Marie Pirsch – et désormais un atelier de maroquinerie en mesure de fabriquer des visières, casquettes et pattes de serrage pour ses confrères. Entre deux confinements, Mamet présentait sa panoplie de réalisations à l’occasion du salon Made in France Première Vision. Des sacs d’une grande complexité technique à l’instar du modèle Twist de la marque Orega dont la base origami s’épanouit comme une fleur, de la petite maroquinerie, ceintures et étuis, bracelets et joncs… Si l’atelier a conservé son cachet d’origine, Hélène Varennes l’a équipé d’une nouvelle refendeuse et peut compter sur les structures du groupe Partson, situées dans un rayon d’une heure trente à la ronde, dotées de tables de coupe et de piqûre automatiques.
En charge de la coupe, Bérangère, trente-cinq ans de maison, jauge une à une les peaux afin de respecter scrupuleusement leur prêtant. Cette étape cruciale est effectuée à la main à l’aide d’emporte-pièces ou de presses. Les chutes seront stockées en mezzanine et valorisées en étiquettes ou autres breloques pour fermetures éclairs qui ne demandent pas d’exigence particulière. S’ensuivent le parage, la refente, le tamponnage… De l’autre côté une apprentie Compagnons du Devoir s’attelle à la teinture de tranche. À l’entrée, Katia qui a rejoint l’équipe il y a quinze ans, et Jade tout juste diplômée du Lycée de la Mode à Cholet, ont les yeux rivés sur leurs machines à coudre. Ensemble, elles produisent l’équivalent d’une dizaine de sacs par jour, mais l’atelier fait appel à son vivier de talents indépendants pour accélérer la cadence dès que les besoins se font ressentir. Si les coûts restent relativement élevés, les nouvelles marques font de plus en plus ce choix par conviction « éthique, écologique ou même patriotique », constate Hélène Varennes. En quelques années, le paysage de la distribution a complètement changé, les maroquiniers ont laissé place au Digital Natives Vertical Brands.
Hélas, le made in France échappe encore aux jeunes pour des raisons de pouvoir d’achat, mais sa clientèle s’est rajeunie de 60 à 40 ans, observe la professionnelle du marketing avant de conclure « pour l’heure le made in France ne repose pas sur des gros volumes mais a un bel avenir avec de plus en plus de consommateurs à la personnalité assumée qui sont sensibles à ces valeurs, investissent sur le savoir-faire français et souhaitent se distinguer en achetant un produit créateur personnalisé ». Une tendance déjà bien tangible avant la crise sanitaire qui n’a fait qu’accélérer le phénomène et va permettre à l’atelier de continuer sur sa bonne lancée.
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Rédaction & photos Juliette Sebille
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