La botte camarguaise, labellisée après la charentaise
L’industrie française de la chaussure compte deux indications géographiques (IG). En 2024, les bottes camarguaises s’ajoutent à la charentaise de ...
Julien Perry représente la quatrième génération qui se succède à la tête de l’entreprise familiale de collecte et négoce de peaux créée par son arrière-grand-père dans le Gard. Depuis sa fusion avec la société Alpes Cuir, spécialiste à Sisteron des peaux d’ovins, Alpes Cuir et Peaux du Midi (ACPM) a étendu son territoire d’opération couvrant désormais le triangle Montpellier-Nîmes-Alès.
Si avec 70 000 peaux de bovins et environ 45 000 peaux de veaux collectées par an, ACPM se place parmi les acteurs français les plus modestes, l’entreprise s’investit activement pour relever les enjeux environnementaux et sociétaux liés au secteur. Une démarche qui va de pair avec la défense du savoir-faire et de la qualité française.
ACPM travaille principalement avec de petits abattoirs locaux, qui n’ont pas la capacité financière d’investir dans un appareil de marquage laser ; une technique en revanche utilisée par les plus gros acteurs de la branche qui le fournissent, principalement sur le veau.
Si Julien Perry espère que le marquage va s’étendre, afin d’améliorer le suivi de l’amont de la filière et par conséquent la santé et le bien-être des animaux et in fine la qualité, il se fie beaucoup à sa longue pratique qui lui permet un traçage empirique. « Je suis capable dans l’atelier de prendre n’importe quelle palette et de vous dire exactement de quel abattoir proviennent les peaux », nous confie-t-il. Mais faire remonter ses observations qualitatives n’est pas toujours aisé.
Il entretient des liens de confiance avec de petits abattoirs, notamment avec celui de Pré-en-Pail, TEBA Pail, retenu pour mener à bien le projet de maroquinerie écoresponsable en circuit court d’Auriane de Saint Albin, Le Cuir est dans le Pré, auquel ACPM a participé activement. Une aventure représentative de ce que la filière locale peut produire de plus qualitatif et vertueux. Pour répondre au cahier des charges fixé par la créatrice, seules les peaux de bovins élevés dans la région et ayant vécu plus de 60 mois, dont au moins six mois par an dans les prés, ont été sélectionnées par Julien Perry. Toutes ont été marquées par l’abattoir, afin de pouvoir en garantir l’origine.
Cet œil aiguisé dans le tri et le classement des peaux, c’est le cœur du savoir-faire d’ACPM, qui lui assure de pouvoir satisfaire les demandes de cuir haut de gamme de veau et de gros bovins recherchés par ses clients français et italiens. C’est aussi la garantie de trouver des débouchés pour des cuirs d’entrée de gamme, qui représentent une forte demande, notamment à l’export. « Savoir choisir les peaux adaptées à la demande de nos clients, c’est tout ce qui fait notre expertise », insiste le chef d’entreprise.
Il souligne la nécessité de transmettre en interne des compétences qui lui ont été enseignées par ses aînés. « C’est un classeur qui m’a formé et c’est moi qui ai formé celui qui est en poste aujourd’hui. »Valoriser les savoir-faire s’avère un enjeu économique et social de taille dans un secteur où la pénibilité du travail est souvent un frein au recrutement. Julien Perry a tout particulièrement mis l’accent sur l’amélioration des conditions de travail de ses salariés. L’humidité ambiante, le poids des peaux rendent les opérations de salage et dessalage difficiles. Dès 2014, ACPM a été parmi les précurseurs en investissant dans l’achat d’une plieuse/dessaleuse mécanique. Une avancée qui a reçu le soutien de la CARSAT Languedoc-Roussillon (Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé Au Travail, organisme chargé de la prévention et de l’assurance des risques professionnels) via un financement à hauteur de 30%, et a permis à l’entreprise de se voir décerner le Trophée Challenge de la Prévention. Là où ce travail ardu nécessitait auparavant quatre personnes travaillant au sol, pour traiter 400 peaux par jour, il n’en faut plus aujourd’hui que trois pour un rendement de 600 peaux journalières. Un gain de productivité, mais aussi un moyen de mobiliser les compétences sur d’autres tâches à plus forte valeur ajoutée, qui justifient pour l’entrepreneur le projet d’investir prochainement dans une nouvelle machine.
Afin d’optimiser la gestion des ressources, ACPM restreint les quantités de sel utilisées et réemploi celui collecté pendant le processus de dessalage. Si la consommation d’eau de l’entreprise est minime, l’électricité est une ressource vitale pour garantir le fonctionnement des 1 500 m2 de chambres froides où sont stockées les peaux. ACPM a équipé ses entrepôts de Liouc de panneaux photovoltaïques grâce auxquels l’exploitation est devenue quasiment autonome énergétiquement. Une résolution appréciée des grands groupes clients de l’entreprise, soucieux de tracer l’empreinte carbone des peaux qu’ils achètent. Une stratégie fructueuse pour un acteur qui s’engage et innove à son échelle, alliant tradition, qualité et responsabilité tout en contribuant à la préservation et la valorisation des savoir-faire français.
Inscrivez-vous à la Newsleather pour recevoir, toutes les deux semaines, un condensé de l’actualité de la filière cuir.
Rédaction Hélène Borderie
Photos © ACPM
L’industrie française de la chaussure compte deux indications géographiques (IG). En 2024, les bottes camarguaises s’ajoutent à la charentaise de ...
Dans sa boutique-atelier installée dans les Cévennes, Jimmy Grandadam, professionnel de l’écologie reconverti, répare les chaussures et fabrique et ...
Depuis plus de soixante ans, Chaussures de Gatine chausse les professionnels du monde agricole. Mais pas que. Reprise en 2021, l’entreprise se modernise tout ...