Valorisation des déchets du cuir : jusqu’où peut-on aller ?

Selon une estimation de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), plus de 800 000 tonnes de déchets solides de cuir seraient produites par l’industrie chaque année. Un chiffre qui ne peut pas laisser indifférent et qui est à l’origine de la multiplication d’initiatives et de recherches pour valoriser les poussières, refentes et autres restes de cuir à priori inutilisables.
La nouvelle génération de créateurs s’engage dans un processus de développement durable. Là où le dessin était le point de départ d’une collection, son dessein ou les valeurs qu’elle porte viennent replacer le design dans une approche globale. On ne pense plus seulement ces produits sur des critères d’appartenance, d’esthétique, de fonctionnalités et d’usages, mais aussi à concevoir un produit issu du recyclage ou qu’il sera possible de surcycler.

Comment faire tourner l’économie circulaire plus rond ?

Une problématique à laquelle un groupe d’étudiants de l’École Nationale Supérieure de Création Industrielle (ENSCI), l’Institut Français de la Mode (IFM), et les Compagnons du Devoir essaie de répondre. L’équipe a présenté son projet collaboratif, devant un jury de professionnels, à l’occasion de la 8^ème édition du Defi Innover Ensemble, programme pédagogique, initié par les Compagnons du Devoir en 2011, avec le soutien de la Fondation J.M. Weston.

En 4 mois ils ont mis au point une nouvelle matière, issue de refentes de cuir inexploitées par un atelier de maroquinerie. Très friables en comparaison d’une croûte de cuir, partie chair d’un cuir refendu en deux, ils ont, sous l’action d’une pression à chaud, associé ces refentes comme on superpose des couches de latex et de synderme (poussière de cuir) pour concevoir une marque de maroquinerie du nom de Salta. La nouvelle matière, évoquant la ville argentine au paysage montagneux, stratifiée de couleurs minérales, est réalisée dans deux épaisseurs standard, et conforme aux normes Afnor de frottement, déchirement, abrasion, étanchéité, selon les tests effectués par les laboratoires du bureau Veritas. Pas étanche à 100%, elle est couverte d’un imperméabilisant naturel supplémentaire. Des prototypes de sac, une sacoche et un portefeuille unisexe aux lignes épurées et couleurs désaturées, polyvalents en usage urbain ou loisirs, sont nés de ce projet. Reste à savoir s’ils seront commercialisés.

Ont participé à ce projet :

Simon Angebaud (École Nationale Supérieure de Création Industrielle).
Maud Hornbeck (Institut Français de la Mode) management de la mode.
Alice Masseron (École Nationale Supérieur de Création Industrielle) design textile.
Agathe Bardet (Institut Français de la Mode).
Alice De Smet (Compagnons du Devoir et du Tour de France) tapissier.
Laurine Petit (Compagnons du Devoir et du Tour de France) maroquinerie.

Rédaction Juliette Sebille
Photos © Thierry Caron @ Divergence