Rose Saneuil repousse les limites de la marqueterie
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Huit ans après sa fondation, la marque de ceintures créatives haut de gamme change de propriétaires. Ambitieux, ceux-ci programment une renaissance de la griffe, entre tradition et modernité. Tour d’horizon.
Après un parcours professionnel dans différentes maisons de luxe, Elisabeth Schmitt ne pouvait que constater le conformisme – voire la pauvreté – de l’offre de ceintures, même dans les griffes les plus créatives. Aussi se lance-t-elle le défi, en 2011, de combler ce vide et crée-t-elle Maison Vaincourt. Assistée d’un styliste, elle propose des collections essentiellement féminines, de haute qualité, fabriquées en France par la manufacture Daguet et à des prix plus accessibles que ceux des grandes marques. En 2015, une boutique est même inaugurée au 16 rue de la Sourdière dans le premier arrondissement de Paris. Mais en 2019, la pérennité de l’entreprise est menacée et son développement freiné faute de moyens. « Nous cherchions une petite entreprise à acquérir, centrée sur des produits de qualité et basée sur un savoir-faire français » déclare Denis Vignon, membre d’un groupe d’investisseurs dont le nom reste confidentiel. Alors lorsque les financiers tombent sur cette pépite, ils saisissent l’occasion et acquièrent, dès la fin de l’année, la marque qu’ils rebaptisent simplement Vaincourt.
« Nous voulons présenter la ceinture comme un accessoire de plaisir, capable d’exprimer une esthétique, dont l’achat est un acte fort de consommation, et nous donner les moyens d’installer Vaincourt dans l’univers du luxe, avec les trois valeurs clés : allure, audace et sensualité » affirme le nouveau Président de la marque. Les actuels propriétaires ne tardent donc pas à recruter un Directeur Artistique. Et c’est le couturier Christophe Josse, styliste chez Torrente pendant quinze ans, aujourd’hui à la tête de sa propre maison de haute couture mais également familier du cuir et des accessoires, qui est choisi pour relever le challenge. « Nous comptons sur Christophe Josse pour apporter de l’innovation à l’offre, d’autant qu’il bénéficiera toujours de la compétence de Daguet pour l’épauler sur l’aspect technique » confie le dirigeant. L’offre restera majoritairement féminine, avec une base de classiques permanents et des nouveaux modèles, déclinaisons ou couleurs toutes les six semaines. « Nous l’animerons également avec des capsules et des collaborations sans lien évident avec la notion de saison » précise le responsable.
De nouvelles boucles seront dessinées, « mais dans quelque temps car il faut concevoir et financer des moules ». S’il n’envisage pas de diversification avec des produits complémentaires, Denis Vignon ne cache pas son intention de développer, à terme, la ligne masculine à hauteur de la moitié de l’offre globale. « L’homme c’est le gros du marché car, pour les hommes, la ceinture est un accessoire utilitaire indispensable » analyse le repreneur. Et avec l’appétit grandissant des jeunes générations pour la création, on peut s’attendre à des nouvelles attentes du public masculin. Coté matières, le cuir est bien sûr incontournable pour la marque et « le demeurera au moins pour 70 % des produits » assure le président. Veau box, veau Barenia, nubuck, peaux exotiques resteront les principales variétés utilisées, sélectionnées en France et en Espagne par l’œil et la main experts du façonnier limousin. Mais « les échanges de Christophe Josse et Thibault Favre d’Echallens de Daguet pourront amener certains changements » note notre interlocuteur.
« Nous allons faire évoluer le business model avec une partie de la distribution en wholesale et une partie digitale, indique Denis Vignon. Nous reprenons actuellement contact avec les grands comptes, en France, en Europe et aux États-Unis. Nous sommes en train de refaire le site Internet et la boutique en ligne pour coller aux modes de consommation des millennials. Pour l’instant, nous conservons notre boutique parisienne mais nous ne souhaitons pas développer la distribution en retail. Nous nous adapterons au fur et à mesure ». D’ici le mois de juin, le site Internet devrait être réouvert et les livraisons dans les magasins se faire dans le courant de l’été. Un arrivage qui sera certainement bien accueilli après des semaines à se serrer la ceinture !
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Rédaction François Gaillard
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