La liberté et la passion, l’alchimie du Festival de Hyères selon Jean-Pierre Blanc
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Stéphane Parmentier s’est lancé dans l’architecture d’intérieur au début du millénaire après de riches collaborations dans la mode. Il a développé un luxe discret et une sensibilité particulière au savoir-faire de la matière. Depuis 2017, il affûte le style du spécialiste italien du cuir en décoration d’intérieur Giobagnara. Rencontre.
C’est une longue histoire que j’entretiens avec le cuir. Je l’ai découvert naturellement en travaillant dans la mode. Notamment lorsque j’étais directeur artistique de la maison Montana. Le cuir était très présent dans nos vestes, les différents accessoires…Je n’ai jamais cessé de l’utiliser.
Je l’aborde avec irrévérence et la même liberté. Pour moi, c’est une matière fascinante, technique et sensuelle. Le cuir ne ment pas ! Dans la mode, il joue un rôle indispensable. Il a plus d’âme que le textile. Il apporte une vibration supplémentaire. Dans la maison, je n’en fais pas forcément des canapés… En architecture d’intérieur, j’aime que le cuir surprenne là où il est placé, aux pieds d’une table basse, sur un plateau, à la verticale…Le cuir souligne parfaitement la ligne tendue. Je choisis aussi bien du cuir de veau, de vachette que de l’agneau rasé ou la croûte de cuir, pour une veine plus brutaliste. Le cuir, enfin, se patine, c’est très important. On mesure son parcours, sa trace. C’est sûrement l’une des raisons pour laquelle il a un capital « confiance » et « héritage » aux yeux du grand public.
C’est une marque familiale, discrète, profondément italienne, très respectueuse de la matière. Mais c’est une belle endormie avec une réelle envie d’aller de l’avant. Mon métier est d’être « poil à gratter » ! Ma mission à la direction artistique est d’insuffler de l’audace, du design, de valoriser le savoir-faire, d’ancrer Giobagnara dans une réalité contemporaine internationale.
A l’origine, je suis client de Giobagnara pour ses rangements de dressing que j’intègre sur mes chantiers. Les premières pièces que j’ai dessinées sont les plateaux Dazzle, une spécialité de Giobagnara avec les jeux customisables. Mais je pense qu’une marque doit avoir une grande diversité d’échelles, aller de l’objet au mobilier, pour gagner en crédibilité et diversifier sa distribution. Je me demande où sont les manques dans l’offre pour un acheteur, un décorateur. Je définis ensuite les typologies de produits, j’attribue les couleurs, les matières. Je présente mes dessins en 3D au siège à Gênes. Les prototypes sont très rapides, de 8h à 3 jours. La chaîne de fabrication contrôlée par Giorgio Giobagnara, le fondateur, est d’une efficacité redoutable. Plusieurs nouveautés vont être proposées deux fois par an.
L’alliance du cuir avec d’autres matériaux donne un caractère très contemporain. Le cuir n’est pas si évident à intégrer dans un intérieur. Le consommateur craint la tache, l’entretien. En le combinant, on suscite de la curiosité, on rend le cuir plus commun dans le bon sens du terme. Le cuir est un frère merveilleux pour le travertin. Il se mixe aussi parfaitement avec le bois de palissandre, le plexi, le bronze, le zamac dans la collection Champagne. Sans parler des mélanges de cuirs dans la marqueterie. Les couleurs, je les aborde comme dans la mode. Celles de Giobagnara m’évoquent une Italie fantasmée avec une empreinte du temps.
Les « best sellers » sont la ligne Scala qui a remporté le prix Wallpaper Design et la série Totem que j’ai dessiné très vite. J’avais envie de verticalité. Le cuir devient tableau à part entière. Mon préféré est le vide poche Palazzo en agneau et travertin. Sa forme est le double zéro. J’aime sa symbolique. De la fusion naît la construction.
Rédaction Nadine Guérin
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