Sakina M’sa milite pour une mode porteuse de sens

La créatrice Sakina M’sa milite pour une mode éclairée et transparente.

À la tête de deux marques de mode durable – Sakina M’sa et Blue Line – et du concept-store Front de Mode à Paris, Sakina M’sa est une créatrice engagée. Rencontre.

Qui êtes-vous Sakina ?

 « Je suis originaire des Comores mais j’ai grandi à Marseille où j’ai fait une école de mode. À mon arrivée à Paris, j’ai ouvert les « ateliers du tissu social » en Seine-Saint-Denis avec pour ambition d’impliquer aussi bien les femmes, les personnes âgées que les jeunes des quartiers dans la fabrication d’une collection de mode. Puis j’ai créé ma marque éponyme en 2002 qui s’inscrit dans un projet global de société et pour cela j’ai choisi le statut d’entreprise d’insertion. En quelque sorte je rallie le mouvement du Social Business initié par le professeur Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix, basé sur le principe d’économie circulaire à travers le recyclage de matières textiles. Je conçois le vêtement comme un marqueur social et la mode comme un outil de valorisation et d’émancipation. Dans cette optique, j’ai organisé durant plusieurs années des défilés de mode au sein de la prison de Fleury-Mérogis. »

Quel est l’impact de votre approche sur vos créations ?

« J’élabore des collections à partir de tissus upcyclés provenant de maisons de haute couture. En 2010 j’ai été lauréate des Bourses Entrepreneurs Sociaux de la Fondation Kering. Véritable coup de projecteur, ce prix m’a permis de booster ma marque et d’accéder aux stocks de tissus des marques de luxe du groupe. En 2014 j’ai lancé Blue Line, une seconde ligne urbaine no gender, fabriquée initialement à partir de bleus de travail, hommage à mon père qui était ouvrier. C’est aussi un clin d’œil à ces gens de l’ombre qui font la lumière de la société. La marque s’est depuis diversifiée avec d’autres matières pour un vestiaire décontracté au style urban chic et worker. Mais plutôt que de parler de mode durable, je préfère le terme de mode éclairée. Comme au siècle des Lumières, j’entends dépasser l’obscurantisme de la fast fashion pour promouvoir la transparence et la traçabilité. »

Quels sont vos projets du moment ?

« Outre le concept-store Front de Mode à Paris au sein duquel nous organisons régulièrement des ateliers d’upcycling et des événements dédiés aux marques commercialisées, nous menons actuellement une campagne de financement participatif pour soutenir le lancement d’une micro-capsule de sweet-pulls made in France by Sakina M’Sa fabriqués dans un atelier familial de la Loire. Il s’agit de quatre modèles aux couleurs vitaminées qui traversent les saisons, que l’on se transmet de génération en génération et dont la composition (100% coton bio certifié GOTS et Oeko-Tex) est compatible avec le recyclage en fin de vie. Je milite pour une slow fashion et au-delà du développement durable, parlons de développement désirable. »

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Rédaction Laëtitia Blin

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